La Cité Saturne

L'architecture

 
Cette ambiance douce-amère se ressent également dans le style graphique d'Hisae Iwaoka, déjà apprécié dans Yumenosoko et Hana-Boro, et reconnaissable entre mille. Il se distingue avant tout par ses personnages rondouillards en super-deformed (grosse tête, petits corps), plus souvent usité dans certains jeux de rôles japonais ou dans quelques mangas comiques, et permettant d'offrir un aspect enfantin. La caution "kawaii" s'arrête là, car en lieu et place des gros yeux qui vont généralement de pair, la mangaka arbore un trait autrement plus minimaliste : quelques traits à peines viennent transfigurer yeux, nez et bouche, rendant des expressions en retenue, bien que toujours compréhensibles. Les décors sont quant à eux fort bien rendus, avec un souci de la pertinence plus que de la rigueur réaliste. Ils sont parfois garnis de tramage ou de traits, à l'envie de l'auteure, et peuvent s'écarter des perspectives habituelles selon les ambiances. On oscille ainsi entre vides et pleins dans un profond équilibre, qu'il est bien difficile de maitriser avec un style aussi épuré. Malheureusement, ce trait très insolite ne conviendra pas à tous les lecteurs, malgré des illustrations de couvertures chaudes et attrayantes. Sur ces dernières, Iwaoka joue des angles de vue et de la gravité, en offrant de belles promesses à ses lecteurs fidèles...
      
Du côté de l'édition, Kana nous délivre le travail habituel appliqué au label Big. Le papier et l'encrage sont de bonne qualité, et aucun problème de moirage ou de reliure n'est à déplorer. A la manière de Pluto, une texture légèrement gaufrée a été appliquée aux jaquettes. On aurait voulu profiter des pages couleurs de la prépublication, mais l'éditeur s'est logiquement cantonné à l'édition reliée originale, sans fioritures. Bref, rien à reprocher sur ce point. On sera en revanche plus critique au niveau de l'adaptation, la traductrice optant pour une traduction profondément littérale : les dialogues manquent ainsi de naturel, et la lecture tourne parfois à la pénitence, même si cela s'améliore au fil des volumes. Notons également qu'aucun bonus n'a été apporté en fin de tome (contrairement à Hana-Boro qui disposait au moins d'une biographie de Hisae Iwaoka). On a connu l'éditeur plus inspiré, mais l'on s'en contentera, en espérant qu'il continue de suivre de près la carrière de cette atypique mangaka...
  
 
  
  
 

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Dossier réalisé par Tianjun