Kamakura Diary - Actualité manga
Dossier manga - Kamakura Diary

Toutes pour une, une pour toutes

    
En tant que josei, Kamakura Diary s'adresse par définition aux jeunes femmes adultes et leur offre des protagonistes en lesquelles elles pourront s'identifier. Ainsi, les trois sœurs Kôda représentent chacune une facette de cette période charnière qu'est la vingtaine : Chika sort à peine de l'adolescence et prend encore les choses de la vie à la légère ; Yoshino a quant à elle pris conscience de sa féminité et profite à fond des plaisirs de la vie, avant qu'il ne soit trop tard ; enfin, Sachi est l'adulte accomplie qui a trouvé sa place, ce qui ne l'empêche pas de se remettre en question par moments, et qui fait front aux difficultés de la vie. Remarquons d'ailleurs que la plume d'Akimi Yoshida s'arrête la plupart du temps sur les problèmes et réflexions de Sachi, tandis que Chika reste la sœur la plus effacée, servant essentiellement de comic-relief. Yot-chan se situe quant à elle entre les deux : si ses soirées alcoolisées l'amènent vers un registre comique, la mangaka prend le temps de dépeindre quelques-uns de ses déboires sentimentaux ou professionnels. Et avec sa panoplie d'office-lady, Yoshino a tout de l'héroïne archétypale de josei. La série s'ouvre d'ailleurs sur elle, nous laissant croire un moment qu'il s'agira du personnage principal, avant qu'elle soit mise en retrait par son aînée, Sachi, et la nouvelle venue, Suzu.
    
Car où se place Suzu dans une telle histoire ? Généralement, les filles de 13 ans font d'excellentes héroïnes de shojo rose bonbon. Dans Kamakura Diary, nous avons un personnage autrement plus mature. Attention, pas une maturité « shojoesque » où les préadolescents imitent les comportements adultes, mais une vraie maturité forgée par les évènements, qui n'est pas incompatible avec des réactions purement juvéniles. Lorsque Yoshino et Chika observent Suzu à l'enterrement de leur père, elles rapprochent rapidement la jeune fille de Sachi. Toutes deux ont en effet eu à affronter la même situation au même âge : subir la « disparition » de leur père et devoir s'improviser chef de famille en gérant une (belle-)mère éplorée et des frères ou sœurs n'ayant pas encore l'âge d'appréhender ce qui se passe. Grâce au soutien de ses trois demi-soeurs aînées, Suzu parviendra cependant à lâcher du lest et à retrouver un peu de sa candeur, chose dont on ne sait si Sachi a profité (à part peut-être grâce au soutien de sa grand-mère), aussi les deux héroïnes arpentent tout de même des routes sensiblement différentes. C'est d'ailleurs Sachi qui lance l'invitation à Suzu pour venir les rejoindre à Kamakura, lui offrant cette chance de salut dont elle n'a  pu profiter elle-même. 
     
Même si elle retrouve son sourire d'enfant à Kamakura, Suzu reste tout de même une fille très réfléchie, avec les pieds sur terre. Ses remises en question sont nombreuses, car elle a conscience d'être issue de la relation qui a brisé le foyer des Kôda. Elle parle ainsi très rarement de sa mère, décédée assez subitement dans sa jeunesse, pour ne pas réveiller de blessures chez ses sœurs aînées.  D'ailleurs, lorsque sa famille maternelle refera surface, Suzu se figera et refusera dans un premier d'écouter ce qu'elle a à lui dire. De même, le retour à Kajikazawa un an après les funérailles de son père lui font retrouver les liens amicaux et filiaux qu'elle a pu y laisser. 
     
    
     
    
De leur côté, les sœurs Kôda ont continué d'avancer et de s'affirmer en tant qu'adultes autonomes, ayant chacune une situation professionnelle stable. Mais les blessures du passé semblent s'être refermées, aussi l'annonce de la mort de leur père ne leur fait ni chaud ni froid. Se rendant à l'enterrement par convenance, elles découvrent cependant que leur père était un homme extrêmement bon et généreux, apprécié par ses pairs ; bien loin, donc, de l'image d'un homme égoïste qui les a abandonnés du jour au lendemain. Par le biais de Suzu, nos trois jeunes femmes feront un pas vers le pardon, en découvrant que leur père n'a jamais cessé de les aimer.
Leurs relations sont en revanche beaucoup plus froides avec leur mère, qui quant à elle est toujours en vie. Si elle ne donne plus de nouvelles depuis plusieurs années, les retrouvailles dans le chapitre 7 (fin du tome 2) feront quelques étincelles, en particulier avec Sachi. Cependant, six ans après leur dernier contact, l’aînée des sœurs Kôda a mûri et a dû faire face à son tour à des choix difficiles, aussi sera-t-elle plus encline à comprendre ce qui a poussé sa mère à les abandonner à son tour. Mais pour le pardon, il y a encore du chemin à faire ! 
    
En marge des histoires des sœurs Kôda, Akimi Yoshida accentue l'importance des liens familiaux par le biais des autres personnages. Kamakura reste une petite ville, où tout le monde connaît tout le monde. Nous avons évoqué dans la partie précédente les familles Ozaki et Sakashita, respectivement spécialisées dans le commerce d'alcool et de poissons. Mais des liens inattendus se forment par ce biais : ainsi Yasuyuki est à la fois lié à Suzu en tant qu'entraîneur des Shônan Octopus et à Sachi qui travaille au même endroit que lui ; le docteur Shiina, avec qui Sachi entretient une liaison, est le médecin traitant de Yûya ; le supérieur hiérarchique de Yot-chan n'est autre que le grand-frère de Miporin ; et ainsi de suite... Dans un tel contexte, il est évident que les ragots vont bon train, que les rencontres fortuites sont nombreuses et que les secrets ne tiennent pas très longtemps ! 
  
   

UMIMACHI DIARY © 2007 Akimi YOSHIDA / Shogakukan Inc.

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