Judge - Actualité manga
Dossier manga - Judge

L’importance des sept pêchés


D’origine biblique, les sept péchés capitaux représentent une thématique si exploitée qu’il est presque impossible de ne pas l’avoir côtoyé à travers une œuvre, tous supports confondus. On peut par exemple penser à Seven de David Fincher (qui est au passage l’une des références de l’auteur pour sa série)  ou, en se situant davantage dans la culture populaire nippone, à FullMetal Alchemist ou encore au récent Seven Deadly Sins. C’est donc sur ces sept pêchés que repose aussi Judge et son intrigue, un thème qui trouve son efficacité dans un thriller psychologique puisque ce concept même renvoi à des caractéristiques négatives d’individus et, par conséquent, à des méfaits qui ont de quoi entraîner… un jugement. A travers la seconde œuvre de la trilogie de Tonogai, neuf individus associés à ces pêchés vont devoir assumer leurs fautes et subir un tribunal qui entraînera tromperie, angoisse et mort.

Chacun de ces pêchés est ainsi représenté par au moins un personnage, mais il n’est pas toujours évident de deviner quelle faute entoure tel individu si on ne cherche pas à relier la symbolique de leur masque à leur personnalité. C’est ainsi que si le pêché du héros est immédiatement mis en avant à travers l’introduction du récit, il n’en sera pas de même pour les autres « condamnés » qui apparaissent d’abord comme des individus banales, très jeunes et qui, malgré leurs tempéraments désagréables et les fautes qu’ils peuvent commettre, ont encore toute la vie devant eux pour expier ces méfaits et se racheter une conduite. Ainsi, le récit reviendra régulièrement autour de ces individus par le biais de flashbacks, élément classique pour justifier le passif d’un personnage mais qui, dans le cas présent, s’avère nécessaire pour comprendre quel pêché frappe le jugé. A la psychologie de chacun, on devine parfois aisément quel mal peut frapper la personne, mais ce ne sera pas toujours le cas lorsque l’on a affaire à des personnages plus justes comme Rina et Miku dont on douterait de la corruption de l’esprit. Ainsi, si le scénario peut tarder à mettre en avant certains pêcheurs, chacun aura droit à sa petite mise en avant et même s’ils ne subiront pas le courroux du tribunal, Judge fait office de jugement pour décortiquer l’esprit de chacun.





De cette manière, les sept péchés capitaux semblent bien former le cœur du récit… Et si les intentions de Yoshiki Tonogai étaient toutes autres ? Attention toutefois, les lignes qui vont suivre pourraient aiguiller votre esprit qui comprendra certains éléments de tournure de l’intrigue passée la première moitié de la série, aussi les plus craintifs quant à un éventuel spoil auraient raison de passer à la partie suivante du dossier.

Yoshiki Tonogai est un auteur qui a à cœur des thrillers psychologiques assez convenus dans la forme mais qui ont leur efficacité. De cette même manière, il s’amuse à jouer avec les nerfs du lecteur dans le but de faire monter la pression et parfois mieux le surprendre. C’est dans cette optique que le mangaka n’hésite pas à lancer de fausses pistes, chose qu’il a déjà fait avec Doubt, et qu’il réitère ici avec une plus grande ampleur. Et si les sept pêchés n’étaient finalement que la face cachée de l’iceberg camouflant une vérité différente, pensée depuis le début mais à laquelle le lecteur aurait difficilement songé ? Oui, le sept pêchés agissent comme un élément permettant de condamner les faits passés des individus présentés, de douter d’eux et parfois même de les haïr, mais ils ne forgent peut-être pas le corps de l’ensemble du manga. Finalement, les sept péchés capitaux forment un thème pour la première grande partie de l’œuvre, un moyen de faire monter la tension à travers les torts des personnages principaux et ainsi d’orienter vers le lecteur vers de fausses pistes pour mieux le surprendre par la suite. Yoshiki Tonogai a ainsi osé un pari à double tranchant. D’un côté, les orientations de son scénario sont réussies, et la dernière partie de la série est aussi la phase la plus réussie de Judge, mais de l’autre côté certains reprocheront au mangaka de ne pas avoir assumé entièrement le sujet phare de son manga qui aurait permis une véritable incursion au cœur de l’Humain et de sa malice. L’auteur en a décidé autrement, et il ne fait nuls doutes que tous les lecteurs ne seront pas convaincus, laissant chacun être le « juge » de sa lecture.
  
  
  

© Yoshiki Tonogai / SQUARE ENIX CO., LTD.

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