Hoshin - Actualité manga
Dossier manga - Hoshin
Lecteurs
20/20

Présentation

   
    

Une histoire de fiction peut-elle changer une vie ? 

   
Une fois n'est pas coutume, j'entamerai ce dossier, si cher à mon cœur, à la première personne.
   
En 2003, au détour d'un rayon de ma librairie locale, je découvris un manga atypique : Hoshin, L'Investiture des Dieux. D'abord hésitant à cause de ses graphismes, j'osai finalement franchir le pas, bien décidé à entamer une nouvelle collection. A l'époque, mes lectures mangas devaient se compter sur les doigts de mes deux mains. Rapidement conquis par l'humour du titre, je fus peu à peu immergé dans son univers, l'ancrant dans mon esprit au fil de mes (très) nombreuses relectures. Oui, à l'époque, j'avais le temps pour ça !
   
Au début de l'année suivante, je découvris le personnage de Wang Tianjun et, deux volumes plus tard, fus complètement fasciné par le personnage. C'est ainsi que je me décidai à emprunter son identité afin de m'immiscer dans une communauté virtuelle de fans, réunie par le site Projet Hoshin (RIP). Ce fut l'époque de mes premiers grands débats enflammés sur la toile, en faisant la connaissance de personnes partageant mon amour du titre.
   
Dix ans plus tard, l'esprit de Wang Tianjun me poursuit encore, et c'est sous cette même identité que je poussai la porte de Manga-News, il y a cinq années de cela. L'intégration dans cette communauté m'a apporté bien plus que ce j'aurais pu imaginer, changeant mes statuts sociaux et professionnels, et me permettant de rencontrer les plus grands (mais pas encore Ryu Fujisaki, hélas !).
     
Cinq ans, c'est aussi ce qu'il m'aura fallu pour me décider à enfin rendre hommage à cette série magistrale, qui au-delà de ses qualités intrinsèques, a bouleversé ma destinée. Cinq ans où j'ai toujours eu peur d'affronter le mythe, de ne pas être à sa hauteur, ou de ne pas savoir maîtriser l'adolescent fanboyiste qui sommeille encore en moi. 
   
En cette (triple) date anniversaire, je décide enfin de vous présenter Hoshin, L'investiture des Dieux, un titre aux défauts plus apparents aujourd'hui, mais dont la force émotionnelle est toujours aussi efficace.
En espérant qu'à votre tour, vous puissiez voir votre destinée se révéler grâce à une oeuvre, quelle qu'elle soit. 
  

         
      
      
       

Gravures

  
Hoshin Engi (封神演義) est l'adaptation en manga de "L'Investiture des Dieux" (Fengshen Yanyi), un roman fantastique chinois de la dynastie Ming. Réalisé par Ryu Fujisaki, ce shônen fut prépublié dans la seconde moitié des années 90 dans le célèbre Weekly Shônen Jump de l'éditeur Shûeisha. Il compte vingt-trois volumes reliés, parus entre novembre 1996 et décembre 2000, à un rythme moyen proche du bimestriel. 
   
Le succès de la série au Japon lui permit de connaître une adaptation animée en 1999, plusieurs jeux vidéo, dramas CD et autres produits dérivés, sur lesquels nous reviendrons ultérieurement.
   
Début 2001, un chapitre spécial intitulé Issetsu Hoshin Engi (Hoshin Engi Another Story)  fut publié dans le Shônen Jump, et publié plus tard dans le recueil Dramatic Irony. Il s'agit d'une version parodique du manga, où le héros a été remplacé par une jeune fille un peu naïve. 
   
Presque dix années après sa conclusion la série est rééditée en version Deluxe (Kanzenban), comptant cette fois-ci dix-huit volumes, dont les couvertures mises bout à bout forment une frise continue. Cette version fut publiée de juillet 2005 à avril 2006, à raison de deux tomes par mois. Elle comporte les pages couleur de la prépublication, des illustrations inédites en ouverture et diverses pages bonus en fin d'ouvrage. 
    
   
       
       
Traduite dans de nombreux pays, la série arrive en France sous le titre Hoshin - L'Investiture des Dieux grâce aux éditions Glénat. Le premier volume en édition française paraît en novembre 2001, pour s'achever quatre ans plus tard, en novembre 2005. Notons que les premiers volumes furent d'abord édités avec une simple couverture cartonnée, avant que Glénat ne procède à l'uniformisation de sa collection en rajoutant des jaquettes. La série trouva son public assez rapidement et se hissa régulièrement dans les meilleures ventes manga de l'éditeur. Elle resta cependant à distance des autres grands succès du Jump importés par l'éditeur, comme One Piece ou Bleach. Ne jouissant pas non plus de la longévité de ces derniers, la série possède aujourd'hui un succès d'estime, mais reste plutôt confidentielle. 
   
Aussi, il semble assez improbable de voir l'édition Deluxe adaptée en version française... mais l'espoir fait vivre, en souhaitant que le présent dossier apporte sa pierre à l'édifice !
       
    
   
    

Le maître de la destinée

  
Masquant son véritable nom derrière un pseudonyme, et son vrai visage derrière une caricature de clown, Ryu Fujisaki (藤崎 竜) est né le 10 mars 1971 à Mutsu, dans la préfecture d'Aomori, tout au nord du Honshu. Durant son adolescence, il fut marqué par Ring ni KakeroBastard ainsi que par les œuvres de Masakazu Katsura (Wingman, Video Girl Ai), dont il reste un très grand fan.
       
      
     
S'orientant vers une carrière dans l'informatique, le jeune homme tenta sa chance plusieurs fois dans le manga en se présentant à un premier concours à l'âge de seize ans, puis une deuxième fois en 1990 avec Hamelin no fue fuki, adaptation du conte allemand "Le joueur de flûte de Hamelin" dans un monde de dark fantasy. Grâce à cette histoire, il décrocha la mention honorable du 39ème Prix Tezuka, ainsi qu'un contrat avec la maison d'édition Shûeisha. Il fut alors mis sous la tutelle du responsable éditorial Tomoyuki Shima (qui a épaulé des auteurs comme Takehiko Inoue, Yoshihiro Togashi ou Hirohiko Araki) et réalisa un nouvel essai, Worlds, traitant de mondes parallèles. Publiée dans le Winter Special du Shônen Jump au début de l'année 1991, cette histoire lui permit de remporter le 40ème Prix Tezuka, confirmant les espoirs de l'année précédente.
   
Par la suite, le jeune auteur enchaîna quelques nouvelles supplémentaires : Tight Rope au printemps 1991, Shadow Disease à l'automne et Soul of Knight au printemps 1992. Ces cinq premières histoires indépendantes furent compilées dans le premier recueil de l'auteur, Worlds, paru en juillet 1992. Cette même année, il s'installa à Tokyo après en avoir terminé avec ses études, pour se consacrer pleinement au métier de mangaka.
    
De décembre 1992 à mars 1993, Ryu Fujisaki travailla sur sa première série, Psycho+, mêlant monde virtuel et pouvoirs surnaturels. Elle fut publiée en deux volumes en 1993, contenant également deux essais parus la même année : Densen gen (Source of Infection) à l'été et Digitalian à l'automne. 
    
    
    
      
Après une huitième histoire courte au printemps 1995 intitulée Dramatic Irony, il se lança dans la réalisation de Hoshin Engi, sur une proposition de son éditeur. L'auteur n'ayant principalement narré que des histoires de science-fiction, il fut d'abord paniqué par une telle offre. Mais Ryu Fujisaki était un féru de littérature : à l'époque, il souhaitait réaliser une histoire dans l'antiquité romaine. Suivant les conseils de son éditeur, il relut les grands classiques de la littérature chinoise, au point de s'y passionner grandement. C'est ainsi que la série débuta dans le Shônen Jump en juillet 1996, pour une aventure qui durera plus de quatre ans et plus de deux cents chapitres !
    
Durant la parution de sa première œuvre au long cours (et qui reste sa plus longue encore aujourd'hui), Ryu Fujisaki prit le temps de publier deux histoires courtes supplémentaires : Yugamizumu en juin 1997, et Milk Junkie en janvier 2000. Ces deux nouvelles furent éditées dans le recueil Dramatic Irony en avril 2001, comprenant l'histoire éponyme de 1995 ainsi que le chapitre spin-off de sa série phare : Issetsu Hoshin Engi
     
Après le succès de Hoshin qui lui ouvrit les portes d'une reconnaissance internationale, Ryu Fujisaki se lança au début de l'année 2002 dans une nouvelle série : Sakura Tetsu Taiwahen (Les chroniques de Tetsu Sakura). Cette histoire nous présente la famille Sakura, vivant dans une vieille maison jurant au milieu des buildings de la ville. Mais c'est alors que la parcelle de terrain suscite la convoitise... d'être venus du futur dans un arbre géant, de pirates de l'espace, d'habitants souterrains, et même des Enfers ! Mais malgré l'accumulation de ces menaces, Tetsu, le fils de la famille, défendra sa maison corps et âme !
Cette aventure complètement délirante était sans doute trop perchée pour le Jump. Aussi la série s'arrêta au bout de dix-huit chapitres, avec une conclusion qui pointe directement du doigt ses lecteurs. Elle fut par la suite publiée en deux volumes reliés, sortis en juillet et septembre 2002. Pour l'anecdote, Ryu Fujisaki s'est amusé à donner aux personnages des noms de philosophes célèbres, "Sakura Tetsu" se référant à "Socrate" !
    
     
       
    
Après cet échec, il s'ensuivit alors une période de deux ans d'absence de l'auteur. Il revint en septembre 2004 avec Wāqwāq, qui nous décrit un monde désertique éponyme où des humains au sang noir vivent dans des villages isolés, à la merci des machines. Mais une poignée d'hommes, appelés les gardiens, ont réussi à cohabiter avec une espèce de machines, les Gojin-zou, et tirent parti de leurs capacités en fusionnant avec elles. Un jour, une jeune fille venant du passé est transportée dans ce monde, considérée comme le Dieu au sang rouge, faiseur de miracles, dont ce monde espère l'arrivée depuis des siècles... 
Cette série s'acheva en juin 2005, pour un total de trente-trois chapitres et quatre volumes. Elle connut également une publication américaine chez Viz Media, entre 2009 et 2010.
     
      
    
    
Suite à ces deux modestes succès, Ryu Fujisaki proposa deux autres nouvelles : Tenkyûgi (A Celestial Globe) en 2005 et Kyôsei Majin Guririn Puncher en novembre 2006, chapitre servant à la promotion d'une série de jouets de Bandai, dont il assura également le design. Ces deux années furent également marquées par la réédition de Hoshin en version Deluxe
   
En juin 2006, soit quelques mois après la fin de l'édition deluxe, la Shûeisha édita Putitakityu, le premier artbook de l'auteur (et unique à ce jour) compilant les travaux issus de ses seize premières années de carrière. 
   
La deluxe de Hoshin et l'artbook contribuèrent à un élan nostalgique, qui poussa la Shûeisha à republier les précédentes œuvres de l'auteur en 2008 dans une collection spéciale : Fujisaki Ryu shakuhin-shu. On retrouve ainsi les intégrales de Psycho+ et de Sakura Tetsu Taiwahen, ainsi qu'un troisième recueil inédit, Tenkyûgi, regroupant la plupart des histoires courtes de l'auteur, dont les plus récentes. Puis ce fut au tour de Wāqwāq d'être réédité en version bunkô à la fin de l'année. 
     
      
    
    
2008 marqua ainsi la fin de la première partie de la carrière de l'auteur.... et son retour en grâce dans le tout jeune magazine Jump Square. Ce nouveau manga, intitulé Shi Ki est l'adaptation d'une histoire de la célèbre romancière Fuyumi Ono (Les 12 Royaumes). Nous y découvrons Sotoba, un petit village isolé qui est la proie d'une série de décès très étrange.
Publiée de décembre 2007 à juin 2011, la série compte onze volumes reliés et une adaptation animée. Nous pouvons d'ailleurs retrouver le manga comme l'anime en France aux éditions Kazé. Pour en savoir plus sur cette saga, nous vous invitons à consulter le dossier qui lui fuit consacré. 
     
      
    
     
En 2012, il joua le rôle de scénariste pour trois nouvelles, confiant le dessin à de jeunes mangakas en herbe : Flowers from Algernon avec Minoru Kasai, Ghost Soccer avec Matsunaga Kesakatsu et Kanōsei sekai o kakeru shōjo avec Jun Ogino
  
A la fin de l'année 2012, il publia dans le Miracle Jump la nouvelle Ame to Sarutahiko, qui servit de prototype à sa dernière série en date : Kakuriyo Monogatari, publié à partir de juillet dans le Young Jump, est le premier seinen de sa carrière. 
Cette histoire se passe au Kamitsuyomido, une terre sacrée du Tôhôku invisible aux yeux des hommes, où vivent les esprits. Protégée par son garde du corps Sarutahiko, la princesse Ame veille à la coexistence des humains et des esprits, en partant en traque des esprits nuisibles... 
Ryu Fujisaki s'intéresse ici au shintoïsme (les deux protagonistes apparaissant très souvent dans le "Kojiki", recueil des mythes fondateurs du Japon) dans cette nouvelle histoire qui compte déjà quatre volumes reliés.  
     
      
  
  
En marge de son activité de mangaka, Ryu Fujisaki a également assuré les illustrations pour six romans entre 1995 et 2012. Il collabora également au chara-design du jeu Phantasy Star Portable 2 sorti sur PSP en 2009, en créant l'une des tenues du jeu. 
       
  
    
    
    
Si l'on devait résumer ses vingt-quatre années de carrière en quelques mots, Ryu Fujisaki se définit comme un éternel détracteur du monde. En mettant Shi Ki de côté, car trop fidèle au support original, ses univers ont en commun d'être tous, à un moment où à un autre, remis en question par des révélations d'un passé oublié, de nouvelles perspectives qui font voir les évènements sous un nouveau jour. Ses personnages sont en quête d'une vérité qui a souvent plusieurs visages, et ses histoires offrent des retournements de situations plus délectables les uns que les autres, du grandiloquent à l'extravagant ! 
   
Mais pour en savoir plus, il convient d'étudier sa première œuvre majeure, témoignage de toutes les qualités (et défauts) qu'il continuera de montrer dans le reste de son parcours...
     
     
       
      

HOSHIN ENGI © 1996 by Ryu Fujisaki, Tsutomu Ano / SHUEISHA Inc.

Commentaires

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Bertrand 76

De Bertrand 76, le 01 Juillet 2020 à 00h07

L'anime de 1999 est pour moi un chef d'œuvre qui reprend tout ce qu'il y a de bon dans le manga tout en laissant de côté une brutalité excessive et une absence de justice. 

Chiria

De Chiria, le 18 Août 2014 à 16h33

20/20

Très très bon manga avec des personnages attachants et charismatiques...

Tianjun

De Tianjun [5044 Pts], le 12 Août 2014 à 13h12

Merci pour vos commentaires ! ça fait plaisir de ne pas être le seul à se remémorer de tous ces moments mythiques ! ^^

Peg

De Peg, le 07 Août 2014 à 14h45

20/20

Quel plaisir de voir que d'autre fan existent de ce mange qui a mon gout n'a pas eu le succès mérité alors que l'intrigue et les personnes étaient vraiment, avec plusieurs groupe ayant chacun leur objectif et raisons d'agir, du très bon :)

Voir Wen Zhong qui prend le controle des 

dix célestes, voir enfin Gongbao montrer de quoi est capable son Baobei quand il éclait facilement l'entrée du dernier domain céleste, et plein d'autre moment du genre, une série que j'aime relire régulièrement :)

onishiro

De onishiro [377 Pts], le 03 Août 2014 à 20h16

Bravo pour ce dossier, je me suis reconnu dans la présentation ayant découvert cette série un peu par hasard a l'époqueb aussi.

J'ai adoré avec, sous les dessins typé shonen, des thématiques beaucoup plus sombre en ce sens dès la fin du tome 1 reste un des trucs le plus marquant que j'ai pu voir dans un shonen ! 

 

Vraiment un très bon manga malheuresement un peu tomber dans l'oubli avec la masse.

 

Par contre l'anime est as éviter en mon sens

Tianjun

De Tianjun [5044 Pts], le 02 Août 2014 à 19h34

Rêvons, rêvons. Et merci pour ton commentaire, disciple :)

Raimaru

De Raimaru [1218 Pts], le 02 Août 2014 à 19h25

Excellent dossier d'un passioné pour une série qui m'a également beaucoup marqué !

Ce que je retiendrais de Hôshin, c'est que c'est une série de fantasy et qui met beaucoup l'accent sur le charisme de ses personnages. Taigong Wang, Zhao Gongming, Shen Gongbao, Wang Tianjun, je me souviens encore les premières fois où je les ai lus, j'avais beaucoup apprécié leur caractère qui se distingue pas mal des autres productions de l'époque. Zhao Gongming quoi, jusqu'à la dernière seconde, il aura été toujours plus loin de le n'importe quoi. Et le dessin m'a toujours plu.

Je m'amuse aussi à noter que 10 ans avant Urasawa et son spin-off de 20th Century Boys, Fujisaki se moquait des tendances du marché du manga et sa propension à donner naissance à des comédies romantiques aseptisées dans un chapitre hilarant de l'arc Chute de Zhao Gongming. Et en toute honnêté, j'ai trouvé Fujisaki plus drôle et plus pertinent (et pourtant, Urasawa est de très loin mon auteur de manga préféré). Si c'est pas un gage de qualité !

Bref, la réédition en deluxe fait partie de mes grandes envies de sortie manga. Mes tomes vieillissent et tu m'as rappelé les horribles onomatopées francisées qui envahissent les cases jusqu'au tome 12. Dans la lignée d'un Dragon Ball deluxe, ça serait le pied. On peut rêver...

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