Girl Friends - Actualité manga
Dossier manga - Girl Friends
Lecteurs
19/20

Un manga d’amour



Le chemin de la première romance


Le premier amour nous parle forcément (ou presque) à tous. Nous sommes nombreux à l’avoir connu, lui ainsi que les joies et peines qu’il procure, et nous en avons une opinion personnelle. C’est aussi le cas de Milk Morinaga qui nous développe sa propre vision du premier véritable amour, et sans doute a-t-elle puisé dans son propre vécu pour nous livrer l’histoire de Marie et Akko, comme en témoigne les notes régulières de l’auteure.

D’une manière assez vague, le premier amour est caractérisé par son importance : il est celui qu’on n’oublie pas et qui saura marquer l’individu à sa manière. C’est dans cette optique que la mangaka nous conte l’histoire de Mariko et Akiko. En soi, cette affirmation pourrait représenter un spoil pour le lecteur qui s’attend à un suspense dans le développement de la liaison des deux personnages, mais ne soyons pas dupes : L’œuvre est simple à cernée, et on devine aisément que les héroïnes partageront un amour réciproque. L’intérêt est alors de voir de quelle manière leurs sentiments se développeront, et quelles difficultés les protagonistes rencontreront dans leur chemin amoureux.

Le premier véritable amour de Mariko est Akiko, et celui d’Akiko est Mariko. Cette première idylle est marquée par l’inexpérience des deux personnages dans le domaine, un intérêt indéniable pour le manga puisqu’il permet une remise en question incessante des héroïnes sur la définition même de l’amour et sur la manière de partager les sentiments avec l’élue de son cœur. En outre, si le manga n’avait dépeint qu’une banale relation entre les personnages, il aurait certainement eu moins d’impact sur les deux jeunes filles et sur l’œuvre qui s’en serait retrouvée différente.

Dans Girl Friends, le développement des sentiments n’est pas lié au hasard et Milk Morinaga ne fait pas interagir ses héroïnes parce qu’elle en a envie. Cela se ressent avec une lecture continue des cinq volumes, l’auteure semble avoir un plan précis depuis la rencontre entre Mariko et Akiko qui passe par la naissance de l’amitié, le développement des sentiments amoureux, la manière de les appréhender et la finalité de la relation. On peut alors distinguer trois cycles dans la construction du récit : l’amitié, l’émergence des sentiments, et la vie de couple. C’est en cela que la fiction de la mangaka n’est pas seulement mignonne, mais elle est diablement intelligente. De même, la phase centrale du développement, la plus longue et résidant dans toutes les complications qui peuvent survenir dans la démarche amoureuse, n’a pas l’allure d’une succession de déboires choisis au hasard et mis en scène de manière spontanée. Non, il y a une vraie réflexion chez Milk Morinaga qui n’introduit un chamboulement que lorsque cela est justifié. Ainsi, la réaction d’un personnage et ses choix dépendent d’une souffrance, d’un état d’âme, et va le mener à une nouvelle introspection qui le mènera vers un choix nouveau. Tout ceci forme alors un chemin cohérent vers la construction du couple entre Akiko et Mariko.

A ce stade de l’analyse, la série ne prend pas en compte le sexe des individus et finalement, ce cheminement aurait très bien pu cibler un couple hétérosexuel comme un couple d’hommes. Le choix de prendre pour vedettes deux jeunes filles donne alors de nouvelles allures à la conception de l’amour…





L’amour entre filles, c’est normal


L’un des arguments de lecture de Girl Friends est la relation amoureuse lesbienne entre Mariko et Akiko. Jusqu’à présent, il semblait important de traiter l’œuvre en ne tenant pas compte de ces spécificités afin de ne pas ancrer l’amour dans une catégorie, ce joli sentiment pouvant frapper les individus, peu importe leur appartenance. Pourtant, il y a un intérêt à dépeindre une romance entre deux filles, de même qu’il y en a à présenter l’amour entre deux hommes, tout ceci dans des optiques purement thématiques. Et ça, Milk Morinaga l’a bien compris. Le yuri est un type d’œuvre qui lui tient à cœur, preuve en est l’ensemble de ses séries qui se concentrent sur les relations entre femmes. Aussi, l’auteure ne pouvait passer à côté des sujets qui peuvent être liés à une relation de type lesbien dans un manga développé sur tout de même cinq volumes.

La principale idée n’est pas des moindres : l’amour entre filles est-il normal ? En partant sur cette idée presque homophobe, Milk Morinaga soulève un fait de société dans le pays nippon. Celui-ci part du principe qu’une relation amoureuse se construit autour d’un homme et d’une femme, si bien que lorsque Mariko commence à comprendre ses sentiments pour son amie, la notion d’ « anormalité » lui vient de suite à l’esprit. Cette idée est aussi parquée par le parallèle entre l’introspection de Mariko et son quotidien auprès de ses amies : alors qu’elle se rend compte de son amour pour sa meilleure amie, ses camarades lui proposent un rendez-vous de groupe avec des garçons, de quoi accentuer les doutes de l’héroïne qui va pourtant se rendre compte de la pureté de ses sentiments. Du côté d’Akiko, l’idée est moins présente et la demoiselle rencontrera moins de problèmes dans l’acceptation de ses propres sentiments. Cela caractérise bien le personnage qui a un esprit ouvert au monde et qui, par conséquent, ne semble pas avoir d’idées reçues sur ce qui peut façonner une idylle. Le message de Milk Morinaga est alors purement positif, un constat évident lorsque l’intrigue s’intéresse au point de vue d’une des amies du duo qui aura un regard objectif et sans frontière sur la relation entre ses deux amies.

Le yuri peut aussi cacher d’autres intentions. Et que les lecteurs les plus coquins se ravisent, il n’est pas question de sexe dans Girl Friends qui se centre avant tout sur les sentiments de protagonistes, avec une unique scène légèrement frivole en fin de série. Pour le reste, le fait de lier les deux jeunes filles que sont Mariko et Akiko a un autre enjeu, celui de nourrir une ambiance. Cela passe alors par tout le travail de composition esthétique de la mangaka.
  
  
  

© Miruku Morinaga 2006 / FUTABASHA PUBLISHERS LTD, Tokyo.

Commentaires

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Theranlove2

De Theranlove2 [4047 Pts], le 29 Juin 2015 à 08h05

19/20

Merci pour cet excellent dossier! Girl Friends reste aussi selon moi, le yuri qu'il faut absolument lire si on est amateur du genre. C'est une oeuvre, qui même après plusieurs lectures, continue de nous charmer et nous séduire par cette déferlante de sentiment. Vraiment un très bon manga, j'aimerais en voir plus comme ça en français.

Daigo

De Daigo [917 Pts], le 29 Juin 2015 à 07h50

19/20

Un très bon dossier pour cette série qui reste à mes yeux LE (meilleur) yuri édité par Taïfu.

J'ai gardé de bons souvenirs de Pas à pas et Sweet Little Devil, mais Girl Friends est clairement la série qui m'a fait la plus forte impression à sa lecture, il y a 4 ans déjà!

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