Girl Friends - Actualité manga
Dossier manga - Girl Friends
Lecteurs
19/20

Le récit de jeunes filles



Un conte d’adolescentes


On aurait tort de voir Girl Friends comme une simple romance ou pire encore, vulgariser l’œuvre en le prenant pour un simple guide de l’amour. Non, l’œuvre de Milk Morinaga va bien au-delà de ça, même s’il y existe dans la série une évidente dimension amoureuse qui lui donne des qualités et sur laquelle nous reviendrons ultérieurement.

Girl Friends, c’est avant l’histoire d’adolescentes qui vivent l’adolescence, chacune à sa manière et selon leurs caractères propres. La série se focalise ainsi sur Mariko et Akiko, surnommées tendrement Marie et Akko, qui proposent à elles seules différentes visions du passage à l’âge adulte, et ce sans forcément parler d’amour. Nous retenons avant tout la notion d’épanouissement, ce qui se caractérise chez le personnage de Mariko par sa manière de s’ouvrir au monde et de développer des aspects nouveaux de sa personnalité. On observe ainsi une évolution du personnage : Mariko passe de la fille qui ne se souciait pas outre mesure des vêtements qu’elle allait porter le lendemain à une demoiselle prenant plaisir prendre soin d’elle sans pour autant renier les aspects élémentaires de sa personnalité : celle d’une fille dont le petit cercle d’amis lui suffit et qui ne fera pas non plus une affaire d’état d’un ensemble un poil inadapté. Cette évolution, elle la doit à Akiko qui, à l’inverse, caractérise l’adolescente dans le schéma le plus présent dans l’imaginaire collectif, celui d’une fille passant son temps à se faire les ongles et aimant passer son temps libre dans du shopping. Caricature certainement voulue par la mangaka qui a tenu à opposer deux facettes différentes dans son récit, il n’en reste pas moins que la complémentarité entre les deux héroïnes forme un portrait pétillant de l’adolescence et des changements que cela implique. Les débuts du récit mettent volontiers l’accent sur la manière pour Akiko de déteindre sur sa meilleure amie, en exposant un cheminement de la solitude scolaire, incarnée par Mariko qui ne fréquente finalement son établissement que pour suivre ses cours, vers l’épanouissement en tant que femme. A ce titre, certains trouveront le propos très classique, voire grossier, et c’est finalement par la brochette de personnages qui suscite notre attachement, mais aussi le ton léger et sincère de la série, que l’on appréhende les situations avec un minimum de second degré. En effet, si la recette fonctionne c’est aussi grâce à la dérision permise par les personnages secondaires, l’entourage des deux héroïnes qui présentent l’adolescence sous ses facettes les plus amusantes, allant du garçon manqué qui n’arrive pas à séduire à celle usant de ses charmes au point d’avoir cinq petits amis à la fois, en passant bien entendu par la lycéenne vivant son premier bel amour au point de ramener le sujet sur le tapis en toutes circonstances.  Ces amies forment donc un tout pour équilibrer les thématiques centrales, l’une d’entre elles étant aussi bien simple, mais vaste à traiter : l’amitié.





Les joies de l’amitié


Le sujet a volontairement été évincé jusqu’à présent : Girl Friends raconte l’histoire d’amies, et d’amitié. A la lecture de la saga, on comprend clairement comment Milk Morinaga nous définit les relations amicales entre adolescentes. C’est le partage de passions communes, le plaisir de se retrouver, de voyager, de partager des tourments… Autrement dit, la facilité que l’on a avec certaines personnes de s’épanouir et de ressentir le bonheur au quotidien à un moment où l’on transite de l’enfance à l’âge adulte. Cette définition est marquée par la présentation des liens entre Mariko et Akiko et toutes leurs amies. En ciblant entièrement le petit groupe d’individus, on prend un certain plaisir à apprécier la simplicité des rapports légers entre cette bande de petites demoiselles. L’amitié y est alors dépeinte sous ses aspects uniquement positifs : pas (ou peu) de chamailleries ni de jalousie, le propos porte avant tout sur la franche camaraderie féminine et l’entente mutuelle entre les personnages. Là où le concept d’adolescence se place, c’est dans la nature des rapports entre ces jeunes filles, ce qui renvoie au thème évoqué précédemment. Leurs discussions et échanges tournent essentiellement autour de ce qui constitue l’adolescence et la manière dont ces jeunes filles se découvrent femmes. Les liens amicaux prennent alors plus d’importance qu’ils contribuent au développement des héroïnes.

Tamamin, Satoko, Chiharu et Ulala sont présentes en tant qu’amies et accompagnatrices des deux personnages centraux dans le récit, mais celles qui ont les rôles vedettes sont bien sûr Mariko et Akiko qui, à elles seules, développent une autre facette de l’amitié, très importante à un certain âge : Celle des meilleures amies, celles qui partagent tout et en toutes circonstances. Mettons de côté l’amourette qui va se tisser entre les deux personnages pour nous centrer uniquement sur l’enjeu des rapports amicaux qui marquent les demoiselles au début du manga. Mariko et Akiko passent la majeure partie de leur temps ensemble et échangent sur tout, ou presque tout. A les voir, on croirait apercevoir deux jeunes sœurs et c’est là que Milk Morinaga essaie dans un premier temps de rapprocher ces deux personnages aussi complémentaires qu’indissociables. Elle n’oublie pas pour autant de nuancer les rapports entre les deux héroïnes sur le plan amical. Car si les amies de Mariko et Akiko ont un traitement plus secondaire, les deux figures centrales vont développer quelques querelles, une manière de dire qu’entre une très forte amitié et l’amour, la frontière peut être mince et que le rapport de confiance s’en trouve très vite affecté, plus qu’avec n’importe quelle autre amie. Ce traitement ne construit toutefois pas le cœur du récit, car rapidement, les sentiments des héroïnes se transforment et l’intrigue franchit un cap : l’amitié a laissé place à un tout autre sentiment, celui de l’amour, les sentiments entre deux amies qui constituent sans aucun doute le motif de lecture de l’œuvre.
  
  
  

© Miruku Morinaga 2006 / FUTABASHA PUBLISHERS LTD, Tokyo.

Commentaires

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Theranlove2

De Theranlove2 [4047 Pts], le 29 Juin 2015 à 08h05

19/20

Merci pour cet excellent dossier! Girl Friends reste aussi selon moi, le yuri qu'il faut absolument lire si on est amateur du genre. C'est une oeuvre, qui même après plusieurs lectures, continue de nous charmer et nous séduire par cette déferlante de sentiment. Vraiment un très bon manga, j'aimerais en voir plus comme ça en français.

Daigo

De Daigo [917 Pts], le 29 Juin 2015 à 07h50

19/20

Un très bon dossier pour cette série qui reste à mes yeux LE (meilleur) yuri édité par Taïfu.

J'ai gardé de bons souvenirs de Pas à pas et Sweet Little Devil, mais Girl Friends est clairement la série qui m'a fait la plus forte impression à sa lecture, il y a 4 ans déjà!

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