Densha otoko - L'homme du train - Actualité manga
Dossier manga - Densha otoko - L'homme du train

Une histoire d’amour emplie d’humanité


Le récit de Densha Otoko vu par Hidenori Hara est une romance très particulière, qui se détache des autres aussi bien dans son fond que dans sa forme. D’une manière plus large, on peut qualifier cette série en trois tomes d’œuvre humaine puisqu’elle joue sur deux tableaux distincts, deux manières de représenter les relations entre individus.

C’est d’abord l’histoire de Densha et Hermès qui est à l’honneur dans cette série, une histoire d’amour qui a de quoi intéresser tout lecteur de manga de prime abord puisqu’il est question d’un otaku tombant amoureux d’une demoiselle ordinaire des plus ravissantes, ce dernier étant prêt à changer pour la séduire après l’avoir secouru d’un ivrogne dans le train. Mais le manga va au-delà d’une bête histoire d’amour idéalisée puisqu’elle développe tout le long un certain réalisme. Et pour cela, Hidenori Hara joue ni plus ni moins la carte de la simplicité : Densha a des réactions crédibles tout le long, l’individu passant d’otaku fermé dans son univers à un humain épanouit socialement, tandis qu’Hermès a une personnalité pétillante sans trop en faire et démontre une personnalité qui va de pair avec ses sentiments qui évoluent. L’ingrédient phare de cette recette est un bon dosage des éléments tant l’intrigue n’en fait jamais trop, sans compter qu’elle développe cette idylle à bon rythme, affirmant les sentiments des deux futurs amoureux, et ne cherchant pas à tourner en rond inutilement pour faire traîner l’intrigue. Car lorsque des hésitations ont lieu chez Densha, c’est pour mieux appuyer les thématiques de la série sur lesquelles nous reviendrons.





Le second point qui hisse la série au rang d’œuvre humaine, c’est l’importance de la communauté d’internautes qui soutiennent Densha. Car si la relation entre notre héros et Hermès évolue naturellement au fil des chapitres, un lien très particulier se tisse aussi entre Densha et cette communauté. Ces derniers montrent d’abord une simple curiosité envers notre otaku pour finalement s’attacher à lui et son aventure, s’adonner à des nuits blanches quand ils doivent attendre le compte-rendu de leur ami virtuel, et célébrer une victoire amoureuse comme s’ils fêtaient leur propre mariage lors du dénouement de l’œuvre. Pourtant, difficile d’accorder une telle place à des personnages anonymes dont seule la personnalité transparaît lors des séquences où chacun est montré devant son écran, et rarement dans la vie de tous les jours. En appuyant chaque caractère et en donnant un fort dynamisme à ces échanges virtuels, Hidenori Hara dépeint une aventure réellement humaine qui accorde ainsi une vraie place à ceux qui ont conseillé Densha lors de l’acte final, contribuant grandement à l’émotion des derniers chapitres. Et finalement, ces individus sont si variés et attachants que chacun se surprendra à s’amuser des réactions de son favori à la lecture des récits de Densha.

Ce n’est donc pas seulement l’histoire de Densha et Hermès que nous propose l’adaptation de Hidenori Hara, mais un manga touchant et humain qui fait un portrait de l’Homme sous sa plus belle facette. Mais si la recette est réussie, c’est aussi parce que le mangaka construit son titre habilement, donnant une ampleur particulière à chaque ingrédient.


Des choix de mise en scène originaux


La dynamique de cette version de l’homme du train repose sur une alternance entre les moments où Densha converse avec ses « amis » virtuels, et les moments où il retrouve Hermès. Chacun arbore alors sa propre tonalité car si entre le héros et sa promise l’ambiance est intime, légère et romantique, les moments où Densha se trouve derrière son ordinateur font plus souvent la belle part au rire et à l’excentricité.

Les séquences autours d’Hermès sont alors représentées de manière classique, comme une histoire continue entrecoupées des moments où Densha se retrouve seul avec sa communauté. Pour Hidenori Hara, il fallait alors opter pour les bons choix afin de faire ressortir de ces moments un lien profond entre l’homme du train et ceux qui le conseillent. Chacun des internautes est ainsi présenté, le plus souvent, par un simple encart présentant une de leur réaction, derrière leur ordinateur. Le tout est finalement très bref de manière individuel, mais efficace pour faire jaillir cette notion de communauté, voire de famille puisqu’entre les internautes eux-mêmes certains liens sont voués à s’approfondir. La dynamique de l’auteur est donc particulièrement efficace puisqu’en finalement peu de page, une place est donnée à chacun de ces acteurs, virtuels certes, des décisions de Densha.





L’ultime symbole des notions humaines érigées par le mangaka figure dans les derniers chapitres qui choisissent de prendre à contrepied le schéma narratif de la série. Alors que le récit des aventures du héros, au cours de la journée, étaient contées de manière lisse jusqu’au jour fatidique de la déclaration amoureuse, cette dernière est narrée de manière différente sur le dernier opus, entretenant même un certain suspense et plaçant les réactions des internautes au cœur de l’intrigue, comme pour faire miroir aux émotions du lecteur. Cela donne alors sens à la proximité entre l’homme du train et ses compagnons virtuels, ne formant finalement qu’un unique tout puisque ces individus ont fortement contribué au développement de Densha. Au final, la mise en scène de Hidenori Hara donne du sens tant à l’ambiance du titre qu’à ses valeurs humaines, le mangaka ne pouvait donc pas faire meilleur choix pour dépeindre une atmosphère donnant une identité certaine à la série.
  
  
  


© 2005 by Hidenori Hara, Hitori Nakano

Commentaires

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zetagundam

De zetagundam [430 Pts], le 28 Mai 2016 à 21h47

   Etant fan de cette magnifique histoire dont je veux croire à la véracité, je sais je suis un romantique refoulé (^-^), il m'est difficile de dire quelle version manga est la meilleure (je n'ai pas lu la version shojo celle-ci n'ayant jamais été éditée chez nous). Je dirai simplement que si sous en avez la possibilité, lisez les 3 versions car bien que racontant la même histoire, celles-ci se complètent tout en apportant en apportant un point de vue différent.

    Concernant le film, dont le traitement se veut réaliste, celui-ci est à rangé du côté de la comédie dramatique car le réalisateur nous montre la souffrance de Densha Otoko à vouloir changer afin de pouvoir se faire accepter par Hermès (par contre ne cherchez pas d'humour dans cette version).

   Quand à la version drama, qui est de trèèès loin ma version préférée, n'y cherchez aucun réalisme car celle-ci est le parfait contre-pied de la version cinéma en proposant un traitement comique poussé à son paroxisme (attention aux fous rires).  

   Pour ceux qui verront le film puis ensuite le drama, je vous conseille d'attendre la fin du générique du film.

    Je terminerai en indiquant que le livre, à l'origine de toutes ces oeuvres, est disponible en anglais.

 

 

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