Code : Breaker

"Bienvenue dans l’Eden"

 
 
Code : Breaker est pourvu d’une mythologie qui lui est propre, et ne se contente pas d’introduire une poignée de soldats de l’ombre sans développer le concept. En réalité, la totalité des sous-intrigues de la série viennent rejoindre un noyau bien précis, cité dès les premiers chapitres : l’Eden. Organisation employant les Code : Breaker, celle-ci est entourée d’un épais brouillard. Ses origines nous sont inconnues, ni-même sa légitimité au sein des gouvernements mondiaux, ni ses réelles ambitions. L’Eden intrigue, il en va de soi. Mais une fois n’est pas coutume, le lecteur n’a qu’à s’armer de patience car il semblerait que tout repose sur cette organisation et afin d’étoffer son histoire, l’auteure ne fait que distiller quelques indices ci et là, sans apporter de véritables clefs aux mystères implantés dans le scénario. Le brouillard est épais, et c’est bien plus d’une dizaine de volumes à attendre avant que celui-ci ne commence à se dissiper progressivement, réservant au lecteur de bien surprenantes vérités.
 
Derrière cet « Eden », nous pouvons nous rendre compte qu’Akimine Kamijyô a développé tout un univers plus complexe qu’il n’y paraît. Là aussi, patience est mère de vertu car les différents concepts paraissent bien confus sur les premiers volumes, et c’est au fil des opus que tous ces éléments trouveront une organisation. « Code : Breaker », « Re : Code », « Code : Names »… Tant de castes de personnages qui perdront sans difficulté le lecteur durant les premiers arcs de la série.
Qu’à cela ne tienne, la mangaka n’a pas introduit ces éléments dans son histoire à la légère, et chacune de ces catégories de personnages trouve une origine qui lui est propre et s’associe avec brio au passé de chacun des personnages concernés.

L’Eden est ainsi centre des sous-intrigues de la série. Afin d’en étoffer le mystère, la mangaka associe à son organisation le passé et motivations de ses personnages. L’exemple marquant des débuts de la série est bien sûr Hitomi, ancien Code : Breaker qui a renié son titre en rejetant la politique de l’Eden consistant à faire tomber ses soldats dans l’anonymat le plus total. Ce n’est ici qu’un exemple mais le plus souvent, aucune information n’est réellement livrée sur l’organisation. De nombreux éléments de l’intrigue constituent les mystères de celle-ci, notamment le passé de Sakura qui ne s’est pas retrouvée mêlée aux « Code » par hasard. Petit à petit, les éléments semblent se rejoindre pour ne former qu’une seule et même grande histoire, peut-être élaborée par l’auteure avant la parution du premier chapitre, mais permettant d’apporter une cohérence à l’ensemble de l’œuvre. Ce paragraphe est lui aussi très vague et n’a pas pour but de livrer la quelconque information mais bien soutenir la démarche de la mangaka : étoffer le mystère, susciter chez le lecteur l’envie de suivre les aventures de Rei qui, chapitre après chapitre, creuseront les mystères vers une vérité qui rend impatients les adeptes de l’œuvre.
Dans tous les cas, les mystères régnant autour de Code : Breaker confirment que derrière ce shônen Nekketsu aux allures on ne peut plus classique se cache un scénario doté de certaines ambitions qui, si tout son potentiel est exploité de manière convenable, ne manquera pas de surprendre et confirmer le statut de divertissement de qualité qu’est ce bon shônen.
   
 
   
    
   

Graphismes et adaptation

 
 
Le dessin d’Akimine Kamijyô est reconnaissable entre mille. Ceux qui ont lu Samurai Deeper Kyo le savent, mais la dessinatrice possède un coup de crayon bien spécifique. Son trait est fin et précis, les silhouettes des personnages très détaillées. Les personnages suivent généralement une logique selon leur sexe : séduisants et souvent androgynes pour les hommes, et sexy, jolies et pulpeuses pour les femmes. De là à parler de fan-service, il n’y a qu’un pas, mais les amateurs de jolies silhouettes trouveront ici leur compte.

Néanmoins, le dessin se veut tout aussi détaillé lors des scènes d’action. L’aspect spectaculaire est superbement rendu, un point positif qui devrait plaire à tout adepte de shônen coup-de-poing.

Pour faire honneur aux talents graphiques de cette mangaka, Pika nous propose une très bonne qualité d’impression mais sur un papier qui laisse à désirer. Celui-ci est fin et ne rend pas l’encre baveuse mais a tendance à jaunir au fil des mois. Quant aux tranches des jaquettes, elles ne sont pas décalées et permettent une bonne ergonomie sur les étagères… De ce point de vue, l’éditeur est presque aux petits soins avec sa série. En revanche, l’adaptation a de quoi irriter le lecteur. Il est courant d’avoir affaire à des phrases tournées de manière lourde, mais le plus embêtant est l’omniprésence de particules typiquement japonaises comme « -san » ou « -kun »… Les non-initiés ne comprendront sans doute pas.