Chiisakobé - Actualité manga
Dossier manga - Chiisakobé

Un personnage incompris dans une situation dramatique


C’est dans un contexte tragique que s’ouvre Chiisakobé. En effet, dès la première page, le personnage principal découvre qu’un incendie a coûté la vie à ses deux parents ainsi qu’à l’entreprise familiale. C’est en conséquence un véritable drame qui s’abat sur Shigeji. Nous le découvrons, avec son physique peu conventionnel pour un manga : barbu aux cheveux longs dissimulant son visage, ce qui implique pour le lecteur et les autres personnages de l’œuvre, une difficulté à percevoir ses sentiments et émotions. Il brise les codes du langage corporel : ceux qui l’entourent sont dans l’incapacité de le comprendre ce qui en fait un homme en marge de la société. Ainsi, dès le commencement du récit, il nous est présenté au regard du jugement sévère des personnes travaillant avec lui. Effectivement, même un apprenti de son entreprise se permet de le condamner : « Shigeji a beau être diplômé en architecture d’une grande université, c’est pas un rassembleur. On dirait plutôt un fanatique d’architecture qui passe son temps à lire ». Nous constatons alors le manque de confiance que lui confèrent ses employés alors qu’il n’a pas encore eu le temps de faire ses preuves. Shigeji est représenté en position fœtale ce qui en dit long sur la douleur qu’il ressent. Il semble à la fois désarçonné et dépité voir sous le choc. Et pourtant, il est vite rappelé à l’ordre : « Vous devez tenir le coup ». Cette phrase sonne avec tant de cruauté lorsque l’on pense à ce qui vient de frapper Shigeji : il est désormais orphelin et a tout perdu. C’est un grand chantier qui l’attend. Tout le monde compte sur lui et s’il souhaite survivre, il n’a pas d’autre choix que d’agir vite. Il est victime de l’implacabilité de l’existence.





Une œuvre sur fond de deuil


Si Shigeji est devenu orphelin, il n’est pas le seul dans ce cas. En effet, Ritsu vient elle aussi de perdre sa seule famille à savoir sa maman depuis un mois seulement au moment de son apparition dans l’histoire. Les enfants que va recueillir le personnage principal sont eux aussi dans ce cas. C’est cela d’ailleurs qui pousse Ritsu à les prendre sous son aile. Elle affirme elle-même comme pour parler de sa propre situation : « Ils n’ont nulle part où rentrer, ils n’ont ni parents, ni frères et sœurs, ni famille… Ces enfants n’ont rien ! ». En ce qui concerne Shigeji et Ritsu, chacun vit son deuil différemment. Le premier ne souhaite ni organiser de funérailles, ni de cérémonie les jours de commémoration et ne brûle pas d’encens pour ses parents. Cette volonté en opposition avec les rites funéraires japonais ne fait que renforcer l’incompréhension à son égard de ceux qui l’entourent. Même Ritsu, qui semble être la seule à croire en lui (Yûko exceptée) n’est pas sans éprouver une certaine rancœur à son égard face à ses agissements qu’elle ne peut approuver. Shigeji va finalement lui expliquer qu’il n’est pas encore prêt à faire de ses parents des défunts. Il souhaite transformer sa peine en une force qui l’aidera à réaliser son dessein : redresser Daitomé. Comme il le dit lui-même : « Je veux qu’ils continuent à vivre et veillent sur moi ». Quant-à Ritsu, elle n’évoque à aucun moment le décès de sa mère. Elle se contente de faire son travail avec sérieux et ce sera seulement lorsqu’elle voudra quitter le quartier d’Ichi-No-Machi que nous la verrons se rendre sur la tombe de sa génitrice.





« Quelle que soit l’époque dans laquelle on vit, ce qui est important, c’est l’humanité et la volonté »


Ce sont ces valeurs, prononcées par son père, que Shigeji tente de garder à l’esprit tout au long du manga. La première, qui consiste, pour un être humain à faire preuve de bienveillance envers ses semblables, Shigeji la met en application d’une part, en accueillant sous son joug les cinq enfants orphelins et en prenant leur défense notamment lorsque l’un d’eux, Matakichi vole des friandises ou encore lorsqu’il prend soin de Ritsu et énonce : « C’est sa  maison ici » et, d’autre part, lorsqu’il refuse l’aide de Yokohama et prend la décision d’emprunter de l’argent directement à la banque de façon à ce que personne ne se sente redevable de quelque manière que ce soit. Il en est de même lorsqu’il ferme les yeux face aux agissements de ses employés qui le mettent dans l’embarras. La seconde vertu, c’est en ne relâchant ses efforts à aucun moment et en travaillant dur avec ses « propres » bras et ses « propres forces » qu’il ne la néglige pas. Sa volonté est d’autant plus forte que la plupart de ceux qui l’entourent ne lui font pas confiance et le pensent idéaliste, immature et non dénué d’une fierté mal placée. En effet, Yokohama, n’hésite pas à dire qu’ « Il se comporte comme un gamin entêté qui croit qu’on peut tout surmonter par l’obstination et les sentiments ». Malgré tout, Shigeji conservera la ligne de conduite dictée par son père jusqu’à la fin.



  
  
  


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