Cartoonist 2013 - Actualité manga
Dossier manga - Cartoonist 2013
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20/20

La résurgence d'une légende

  
Ah, le Cartoonist ! Tandis qu'aujourd'hui, certains ne jurent que par Japan Expo, par ses dérivés, ou par quelques conventions annexes qui ont réussi à se faire un nom, les vieux briscards se souviennent encore de ce nom qui a vu se forger le modèle de nos salons d'aujourd'hui. Mais nous parlons là d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Vingt ans, c'est justement l'âge de ce festival lancé à Toulon en 1993, tandis que l'on biberonnait encore au Club Dorothée et que le mot "japanimation" pouvait encore être perçu comme une grossièreté par des parents inquiets. C'est là que naquirent les premiers regroupements de fans, dont le nombre n'a fait que croître au fil des années. En neuf ans, le festival a grandi, s'est offert des affiches de plus en plus prestigieuses et s'est même exporté le temps de quelques sessions Brestoises et Parisiennes, pour atteindre une affluence maximum de 50 000 visiteurs... jusqu'à sa disparition en 2003 pour d'obscures raisons, laissant sur le carreau visiteurs et exposants préparés pour une quinzième édition qui ne vit jamais le jour...
      
    
   
Après cette suppression un peu mouvementée, le festival tomba dans la mémoire collective des premiers cosplayers et autres visiteurs non-grimés jusqu'à refaire surface de manière totalement inattendue en mai 2011, avec l'annonce d'un retour en avril 2013 ! Une session anniversaire pensée comme un one-shot très ambitieux : en effet, pour célébrer les vingt ans de la première représentation du festival, le Cartoonist avait pour projet de regrouper un maximum de personnalités venues lors des précédentes éditions. Et au fil des mois, les noms ont commencé à être dévoilés, les uns après les autres... Quelques figures françaises bien connues, comme Jean Chalopin et Bernard Deryès, mais aussi une multitude d'invités japonais, allant des mangakas (Shiori Teshirogi, Chihiro Tamaki,...) aux animateurs/chara designer (Akihiro Kanayama, Kazuko Tadano,...), en passant par des seiyuus (Toru Furuya) et des chanteurs (Hironobu Kageyama),... bref, une vingtaine de sommités, là où les autres salons ont parfois du mal à en recevoir n'en serait-ce que deux ou trois ! Aussi, plus l'affiche grandissait, et plus cette édition anniversaire pouvait susciter de la curiosité comme de l'inquiétude. Et pourtant, le festival a bien fini par ouvrir ses portes au Palais Acropolis de Nice, les 20 et 21 avril 2013, comme convenu ! Mais une fois lancée, à quoi ressemblait vraiment cette convention pas comme les autres ? 
   
   

Les yeux plus gros que le ventre ?

   
Malgré une semaine plutôt ensoleillée, le ciel niçois se couvrit en ce week-end d'avril, arborant une grisaille et même quelques averses passagères pendant la convention. Hélas, il n'y avait pas que le temps qui fut maussade : en effet, dès 9h, la file d'attente semblait bien peu fournie, hormis les lève-tôt munis de préventes dans les starting-block pour filer jusqu'aux dédicaces. Et au fil des heures, l'affluence du festival n'a pas véritablement décollé... Selon certains échos, le festival n'aurait atteint que 9000 visiteurs. Un chiffre honorable pour bien des conventions de province, mais bien décevant au vu du nombre d'invités, et d'un espace qui était pensé pour en accueillir plus du double....
     
    
  
Après une communication sur le festival depuis près de deux ans, et des efforts promotionnels locaux (tram niçois aux couleurs du salon,...), essayons de recenser les raisons qui ont conduit à cette timidité du public. 
  
Tout d'abord, le festival survient en bout de file après plusieurs grands rendez-vous ayant secoué le sud auparavant : l'indéboulonnable Japan Expo Sud, l'arrivée du MAGS dont nous vous avions fait l'écho, sans oublier le Mang'Azur une semaine plus tôt à Toulon. Et nous ne parlons même pas des autres évènements à l'échelle nationale qui se sont enchaînés depuis le début de l'année ! 
   
L'autre souci tient paradoxalement en son principal atout : la liste d'invités. Réunir une telle file de grands noms déjà venus en France est une idée louable, mais ce cortège reste principalement inscrit dans la nostalgie et le passé. A l'exception de quelques nouveaux venus comme Shiori Teshirogi, l'affiche avait surtout de quoi attirer les trentenaires, là où l'âge moyen du visiteur de convention est en baisse. Ceux de la "grande époque" sont venus, certes, mais dans une masse relativement modérée par rapport à l'âge d'or du festival. D'autres sont sans doute passé à autre chose. De plus, hormis la présence d'un Marcus ou de l'équipe de Noob, le Cartoonist n'a pas sollicité les stars du net habituelles pour s'assurer une meilleure affluence. Un choix assumé et honorable, vu le positionnement du festival, mais l'on comprendra aisément pourquoi les plus jeunes n'ont pas daigné franchir le pas. 
   
Enfin, l'un des plus gros défauts du festival résidait dans son déséquilibre général. Comme nous allons le voir bientôt, la scène du festival aura proposé en continu des évènements particulièrement fédérateurs. Aussi, l'amphithéâtre fut souvent rempli de manière très honorable. Mais sorti de ce carrefour incontournable et des files de dédicace bondées, il n'y avait malheureusement pas grand chose à faire. Les organisateurs ont mis l'accent sur un nombre impressionnant d'expositions, consacrées en partie sur leurs invités. Mais s'il y avait beaucoup à voir, difficile pour le visiteur moyen de s'y sentir impliqué et d'y rester durablement. Seules deux associations, perdues dans un coin du salon, auront proposé des animations en continu, et l'on mentionnera les cours de dessin prodigués par Harumo Sanazaki,... mais cela semble bien maigre par rapport à ce que les conventions ont maintenant l'habitude de nous proposer en terme de jeux vidéo où d'ouverture vers les traditions nippones. Là encore, les ambitions du festival n'étaient clairement pas là, et on ne leur en voudra pas de ne pas vouloir se couler dans le moule. Mais force est de constater qu'il était possible de faire le tour du festival en deux heures. Ainsi, la faible affluence, couplée à une scène et des dédicaces phagocytant la majeure partie des visiteurs, faisait régner une ambiance inattendue au milieu des stands, proche du vide. Une situation bien évidemment déplorée par les exposants qui ne seront surement pas repartis gagnants de cette convention; en particulier pour ceux qui auront été mis à l'écart dans l'espace de transition entre hall et amphithéâtre....
       
       
     
Il est assez étonnant de constater les réactions des visiteurs en sortie de festival, tant elles sont divisées. Nous avons ceux qui auront été baignés par la magie nostalgique, ravis de ressentir les émois de leurs tous premiers salons... et les autres, qui n'auront pas partagé le même enthousiasme, et qui, outre les points précédemment évoqués, se seront confrontés sur place à une organisation qui se voulait également à l'ancienne. Prenons le système de dédicaces, par exemple : pour les visiteurs du matin munis de préventes, il fallait faire la queue trois fois avant d'obtenir une précieuse signature : une fois à l'entrée, une seconde fois à l'intérieur au point "Informations" pour échanger un bon contre des tickets, et une dernière fois dans la vraie file d'attente des dédicaces. Une seule file pour traiter jusqu'à huit invités en simultané, selon les créneaux, et s'étalant le long d'un couloir exigu pour atterrir au milieu de l'espace VIP ! Il n'existe certes pas de système idéal concernant ce problème, et le modèle présenté n'était pas si mal au fond (il semble ne pas y avoir eu beaucoup de malheureux), mais l'on voit ici que la gestion d'une telle brochette d'invités en simultané n'est pas une mince affaire, pouvant conduire à des contraintes ubuesques. D'ailleurs, en tant que presse, outre le fait de n'avoir eu aucune indication sur le lieu des interviews jusqu'à le trouver en tâtonnant, j'aurais éprouvé ces mêmes contraintes, avec un planning de rencontre assez instable et une perpétuelle pénurie d'interprètes ! Enfin, l'on notera également quelques retards typiques sur le planning de la scène principale, et une communication interne pas toujours très claire sur les différents changements. 
      
    
   
Tous ces soucis faisaient-ils pour autant du Cartoonist un salon exécrable ? On ne peut pas aller jusque là ! Le festival s'est maintenu sans incidents majeurs ni scandales, et a réussi à aller au bout de ses idées en proposant un contenu mémorable et magique aux fans de la première heure, prompts à arrondir les angles et à lui pardonner ses défauts. Car même si l'affiche n'était pas forcément destinée au grand public, elle a néanmoins su faire mouche parmi les visiteurs aguerris, en offrant un spectacle que nous ne verrons sur aucune autre convention...
  
 

© Manga-News / 2013

Commentaires

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ash evil dead

De ash evil dead, le 18 Mai 2013 à 17h58

j etait exposant sur cartoonist nice ...les chiffres annonces sont faux.....9000 participants ......de source sur (le directeur artistique) la barre des 3000 n a meme pas etait depassé   .....je ne parlerai méme pas de l organisation qui etait tres tres amateur bref c est pas top

Dim12

De Dim12 [4930 Pts], le 04 Mai 2013 à 20h45

20/20

Mercii pour le dossier, toujours aussi bien à lire ;)

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