Bullet armors - Actualité manga
Dossier manga - Bullet armors

Jongler avec les classiques, mais apporter de la nouveauté


Avant d’entamer Bullet Armors, il est essentiel de ne pas s’attendre à une lecture qui bouleversera notre perception du shônen d’action, qui chamboulera ses codes ou qui développera une vision plus mature que ne le fait ce type de récit à l’accoutumée. En effet, Moritya s’amuse à jongler avec les acquis des œuvres qui ont transcendé les générations, il reprend quelques portraits d’histoires qui l’ont émerveillée quelques années auparavant et respecte des schémas qui lui ont servi d’inspiration dans sa percée en tant que mangaka. Est-ce pour autant qu’il faille bouder la série ? Non, car recycler bêtement des codes et savoir les utiliser astucieusement pour créer une bonne histoire (et un bon défouloir) sont deux choses différentes. Bullet Armors fait, en effet, partie de cette seconde catégorie.
  
  
  
  
  
Le garçon fougueux et un poil naïf, la demoiselle au fort caractère et un téméraire intrépide au contexte familial rude. Ce schéma doit forcément vous parler, au moins dans quelques-uns de ses éléments, puisqu’il concerne nombre de séries que les amateurs de manga d’aventure ont pris plaisir à lire, citons par exemple un certain ninja en tenue orange… Moritya n’a pas pris de grands risques en créant ses différents personnages tant leurs caractères s’avèrent conformes à ce qui se fait généralement dans ce type d’histoires. Mais ce n’est pas pour autant que ces individus s’avèrent déplaisants, bien au contraire. Ne pas sortir des sentiers battus est une chose, et réutiliser des éléments pour en faire quelque chose d’agréable en est une autre. Ion, Serena et Eiblock parviennent ainsi à nous captiver, à devenir sympathiques à nos yeux grâce à leurs caractères certes basiques, mais que l’auteur cherche généralement à nuancer. Par exemple, Serena a un caractère de cochon sans nier que voyager avec ses compagnons est chose qu’elle apprécie, et Eiblock va justifier sa psychologie d’aventurier à travers un contexte familial qui se développera sur les deux derniers tomes de la série, faisant de lui le traditionnel enfant incompris en quête d’aventure et de palpitations. Ion, le héros du titre, n’est pas non plus en reste, ne serait-ce dans ses objectifs qui sont de retrouver un mystérieux père qu’il n’a jamais connu. On pense évidemment à Gon, le héros de Hunter X Hunter, mais les deux personnages sont suffisamment différents et le contexte du géniteur assez énigmatique pour que la comparaison s’arrête là.

Les autres personnages respectent aussi ce cheminement, à savoir qu’ils ne sont guère originaux mais s’avèrent suffisamment bien construits pour capter notre attention et nous empêcher d’associer leur silhouette au calque d’un personnage d’une tierce série. Et comme beaucoup d’œuvres, Bullet Armors possède son psychopathe complètement frappadingue, qui est ici très réussi. Kurt, bien qu’ayant un temps d’apparition finalement limité étant donné l’impact qu’il génère ne manquera d’attirer la curiosité du lecteur, sans oublier que sa condition de fou furieux génère les meilleurs moments du troisième volume.
  
  
  
  
  
L’un des thèmes souvent exploités dans le shônen d’aventure, c’est l’amitié, le respect, ou encore la Justice, trois idées que nous retrouvons régulièrement dans Bullet Armors. La notion de Justice est simple à percevoir et définie le schéma classique et sensé de ce genre de titre, à savoir le combat d’un « bon » contre le « méchant ». Grâce à ces héros jeunes et déterminés, il est aisé de deviner que leur combat contre un individu qui souhaite semer mort et chaos sur le monde est légitime, et rares sont les titres destinés à un jeune public à l’avoir fait. Puis vient l’Amitié, un sujet que les récits d’actions aiment mettre en avant et que nous aimons lire, car idéaliser la relation amicale engendre une dimension touchante, noble et déroutante quand nous faisons le parallèle avec votre propre vécu. Et elle l’est d’autant plus quand la rencontre entre plusieurs individus démarre par une dispute, voir un combat, avant que ces jeunes gens finissent par livrer bataille cote à côté. C’est évidemment ce qui arrive à Ion, Serena et Eiblock, trio en tête d’affiche qui, malgré leurs caractères, tisseront progressivement des liens. Notons toutefois que rien n’est trop niais et si les introspections de Serena en fin de série rendent évidents ses sentiments d’amitié pour ses compagnons, tout est fait avec une certaine maturité, avec des breeders pour lesquels il est normal de secourir ses amis, des intentions qu’ils n’ont pas besoin de crier sur tous les toits pour qu’elles soient perceptibles. Mais ce n’est pas parce que tous sont amis qu’ils sont logés à la même enseigne scénaristiquement. Point classique de ce genre d’œuvre, le héros brille évidemment plus que d’autres, Ion récupérant souvent le beau rôle bien que cela n’empêche pas ses compagnons d’être développés en bonne et due forme. Mais pour contrebalancer, le héros est bien le seul à ne pas jouir de grandes révélations et d’être –par le plus grand des hasards- lié aux grandes factions de la série.

Gageons que si l’Amitié vous rebute, peut-être trouverez-vous chaussure à votre pied avec la thématique du voyage avec un grand V, périple clamé haut et fort par Ion et ses camarades qui souhaitent voguer dans le « monde des adultes » comme le dit Rez en tout début de série. Bien que six tomes limite grandement le nombre de paysages, le fait que l’univers soit vaste, tout droit sorti de l’imagination de l’auteur et que le héros n’ait connu que son village reclus avant de partir à l’aventure donne cette sensation de voyage, qui n’est certes pas celui d’un One Piece, mais qui est suffisant pour apprécier la construction de l’univers et apprécier la manière dont Ion ressort grandi de chacune des épreuves auxquelles il se confronte.
  
  
  

©2010 MORITYA/SHOGAKUKAN

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