"Est-ce que je suis un être humain normal à tes yeux ?"
Dans Beyond the Boundary, cette phrase, loin d'être anodine, sera prononcée pour la première fois par Kuriyama Mirai. La jeune Ikaishi (= chasseuse d'esprit, je le rappelle) fait, en effet partie du clan au Sang Maudit. En quoi cela consiste ? Elle peut transformer son propre sang en arme pour combattre les Yômus, mais ce n'est pas tout. Son sang est un véritable poison capable de détruire toute vie dans un certain périmètre. De ce fait, Mirai est rejetée par la communauté des Ikaishis, considérée comme une sorte de monstre par ses pairs. Et sa réputation s'est très largement aggravée après un événement qui l'a coupé du peu de personnes auquel elle tenait et qui l'a traumatisé au point qu'elle répugne maintenant à ôter tout vie, même celle des Yômu. Et c'est à ce moment-là de sa vie, que Mirai croisera le chemin de Kanbara Akihito.
En apparence, Akihito est un lycéen tout ce qu'il y a plus de normal. Il a développé une sorte de fétichisme extrême vis à vis des lunettes, certes, mais ce n'est rien comparé à ce qu'on découvre par la suite : Akihito est immortel ! En effet, étant un être mi-humain, mi-Yômu, un Hanyô, Akihito a développé une capacité de régénération hors du commun qui l'empêche de mourir, mais qui est totalement inefficace contre la douleur. Alors quand une Ikaishi se met à vous poursuivre partout où vous allez, pour vous transpercer qui plus est, même si elle porte des lunettes absolument charmantes, cela a de quoi vous agacez !
Et oui, Mirai, dès lors de leur première rencontre, n'a pas hésité à littéralement embrocher Akihito avec son épée de sang. Elle avait senti sa partie Yômu et avait donc voulu accomplir son devoir en tant qu'Ikaishi. Manque de pot, voilà que ce dernier est immortel. Qu'à cela ne tienne, Mirai profite de ce « senpai » (personne plus âgée à qui l'on témoigne du respect) pour s'entraîner et espérer pouvoir faire face à son récent traumatisme pour enfin pouvoir défaire des Yômus et pouvoir ainsi, payer son loyer et de quoi manger...
À partir de ce moment-là, une relation étrange va se nouer entre eux. Akihito est assez intéressée par Mirai (les lunettes y jouent un sacré rôle au départ, je vous l'accorde) et il tente plusieurs fois de lui venir en aide et de se rapprocher d'elle. Il lui propose d'intégrer son club de littérature, où il compile des textes avec son « amie », Nase Mitsuki, qui ne cesse de lui renvoyer ses quatre vérités en pleine figure. Un des membres fantômes du club, le frère de Mitsuki, Nase Hiroomi, se montre de tant en tant au club, venant réchauffer ses mains sous les aisselles de celui qu'il surnomme « Akkey », ou bien quémander l'affection de sa sœur bien aimée, un seul « onii-chan » de sa part et il s'évanouirait presque de bonheur ce petit Hiroomi.
Mirai a du mal à comprendre l'intérêt de son senpai, et en est particulièrement agacée. Elle ne veut plus se lier à qui que ce soit, n'a-t-il pas encore saisi ? Lui qui est tant entouré, que peut-il comprendre à sa souffrance, au fait d'être continuellement rejeté ? Ne voit-il pas que son pouvoir issu du sang maudit fait d'elle un être qui est tout sauf humain ?
« C'est toi qui ne comprend rien, Kuriyama-san ! »
Akihito n'aura de cesse de lui répéter ces paroles, sans que Mirai ne comprennent vraiment ce qu'elles veulent dire. Alors que Mirai est parti affronté le Yômu qui est la cause son traumatisme et d'une bonne partie de sa souffrance, Akihito accourt pour la sauver et il risquera gravement sa vie. Il est immortel, oui, mais Mirai va rapidement se rendre compte que son immortalité a un prix...
Car Mirai avait oublié un point important. Akihito est un humain et en a pleinement l’apparence, mais il n'en est pas moins aussi un Yômu. Un Yômu au pouvoir terrifiant...
Les frères et sœurs Nase, ses amis ? Bien sûr que non ! Le clan Nase a pris sous son aile le jeune Hanyô pour pouvoir le surveiller et l'avoir sous contrôle, car ils sont totalement incapable de le supprimer eux-mêmes, Hiroomi ayant déjà durement expérimenté la puissance implacable de la partie Yômu de Akihito.
Un constat terrible s'impose à la jeune Mirai. Pourquoi Akihito venait-il à son secours à chaque fois ? Pourquoi lui proposait-il, sans relâche, sa compagnie ? Tout simplement parce qu'il comprenait la jeune fille et sa condition d' « être à part ». Alors il lui a tendu la main, voulant simplement lui dire « tu n'es pas seule, je te comprends et je t'accepte telle que tu es, toi et tes lunettes» (n'oublions pas qu'Akihito est, avant tout, un fanatique de lunettes).
Et cette prise de conscience est magnifiquement mise en scène. On voit Akihito de dos, dans sa forme de Yômu auquel se superpose l'image de Mirai, et on entend alors les paroles de la jeune fille, cette question fatidique qu'elle avait adressé au jeune homme quelques instants plus tôt. Cette question qui comptait tant pour elle et pour lui aussi, bien qu'elle s'en aperçoive trop tard : « Est-ce que je suis un être humain normal à tes yeux ? »
La réponse qu'ils donneront chacun à l'autre est d'ailleurs magnifique de simplicité. Elle démontre totalement que Mirai et Akihito ont chacun décidé de considérer l'autre bien au-dessus des simples étiquettes « monstres » ou « malédiction ». Ce ne sont pas seulement un Hanyô et une Ikaishi au sang maudit, ce sont avant tout des personnes à part entières, avec leurs forces et leurs faiblesses.
Maintenant que les deux sont partis sur de nouvelles bases, ils vont alors commencer à nouer une relation forte, chacun voulant toujours protéger et préserver l'autre à tout prix, quitte à faire d'innombrables sacrifices. Et si la série de 12 épisodes nous laisse une fin ouverte, elle frustrera un bon nombre de personnes, laissant en suspens de nombreuses questions, notamment celle de la relation entre Akihito et Mirai. En ça, le film est nécessaire pour avoir une conclusion satisfaisante sur leur relation, mais pour le moment, nous devrons nous contenter de la version anglaise.
© Nagomu Torii · Kyoto Animation / Kyokai no Kanata Committee
De Dracnard, le 21 Août 2017 à 11h07
Belle animation pour l'époque accompagnée d'un scénario soporifique (toujours pané chez Kyoto Animation, s'en est devenu une habitude à force) expressément servis pour le fanservice animé.
:D