Azumanga Daioh

Le yonkoma, genre trop rare en France

Azumanga Daioh est une comédie au format yonkoma, format peu répandu dans le paysage manga en France... En voici une petite présentation.

« Yon » signifiant « quatre » et « koma » voulant dire « case », le nom de yonkoma parle de lui-même : il s'agit de ces strips en quatre cases qui se lisent à la verticale.

Format typiquement japonais, le yonkoma est pleinement inscrit dans le quotidien des lecteurs nippons, puisqu'on n'en trouve pas uniquement dans les mangas, mais aussi dans les magazines, les journaux du quotidien... C'est d'ailleurs dans la presse quotidienne qu'il trouve son origine.
Leur vocation étant essentiellement comique ou parodique, la majorité des yonkoma s'inscrivent dans le registre de l'humour.
Côté manga, ils peuvent également servir aux auteurs dans les tomes reliés, sous forme de bonus de pour combler des pages blanches qui étaient occupées par la publicité lors de la prépublication en magazine. Vous en avez donc forcément déjà croisés !

Format très répandu dans le manga au Japon, le yonkoma reste rare dans le paysage manga français (hors pages bonus de fins de tomes), et les rares titres qui nous sont parvenus restent dans l'humour et la tranche de vie. Parmi eux, ont compte K-On!, Mes voisins les Yamada, Inu & Neko... et Azumanga Daioh, bien sûr. Pour rester chez Kurokawa, on peut également citer le livret « Gags en 4 cases » qui était inclus dans l'édition collector du tome 12 de Fullmetal Alchemist.

Généralement, un yonkoma classique voit ses cases suivre une structure précise, dite Kishôtenketsu, chaque syllabe de ce mot désignant le rôle d'une case :
- Ki: La 1ère case, qui doit présenter la base de l'histoire et son cadre..
- Shô: La 2ème case, suite logique de la 1ère qui doit développer l'histoire.
- Ten: La 3ème case, celle qui doit présenter l'événement majeur de l'histoire qui a été préparé auparavant par le développement de la 2ème case. Généralement, il s'agit d'un événement inattendu ou imprévu, ou d'une information d'envergure.
- Ketsu: La 4ème et dernière case doit offrir la conclusion, sur les bases du bouleversement de la 3ème case.

Enfin, le yonkoma peut être comparé aux comic strips américains (dont il s'inspire sûrement, les premiers comic strips étant apparus en 1896), parmi lesquels on trouve des œuvres très connues comme Snoopy, Calvin & Hobbes ou Popeye.
  
  
  
  
  

Les stéréotypes des caractères scolaires... poussés à l'extrême

Ce n'est pas nouveau, l'animation japonaise aime utiliser le cadre scolaire pour développer une ribambelle de personnages (surtout féminins) aux caractères bien marqués, voire très stéréotypés. Azumanga Daioh s'inscrit pleinement dans ce registre.

Ainsi, côté élèves Chiyo est le prototype même de la petite fille ultra mignonne qui fait craquer tout le monde. Surdouée, très intelligente, elle garde pourtant une fragilité, une candeur et une naïveté tout enfantines qui contrastent avec sa maturité.
Sakaki, elle, est l'image de la beauté froide, distante, solitaire, qui suscite l'admiration de loin, mais qui cache pourtant une infinie bonté qu'elle exprime peu, et qui aime les choses mignonnes.
Tomo est l'incarnation de la lycéenne barge et excentrique, tandis que Yomi, avec ses lunettes rondes typiques, est celle de la fille sérieuse et studieuse qui souffre pourtant d'un gros complexe (son poids).
Kagura, elle, est le stéréotype de la grande sportive ayant l'esprit de compétition développé et s'entraînant souvent.
Quant à Kaorin, elle renvoie une belle image de jeune fille timide et fragile, mais intérieurement passionnés (par Sakaki, ça va de soi).
Enfin, il y a Osaka, incarnation parfaite de l'élève complètement distraite, tête en l'air et dormant en cours sans le faire exprès.

Du côté des professeurs, Yukari représente ces professeurs complètement irresponsables, en partie incompétents, et pourtant sympathiques dans le fond.
Nyamo est son exact contraire, c'est l'enseignante rêvée car l'enseignement est sa vocation : gentille, attentive, elle est adorée de ses élèves.
Enfin, ce cher Kimura est une superbe représentation de ces professeurs un peu pervers et se réjouissant d'être entourés de lycéennes...

Si les mangas et les séries animées japonaises s'accaparant ces stéréotypes scolaires existent depuis longtemps, Azumanga Daioh fut sûrement une étape importante dans le renouvellement de cet aspect (et cela a sûrement contribué à sa popularité), pour une raison précise : elle fut l'une des premières séries à autant pousser ces stéréotypes à l'extrême !