5cm Per Second - Actualité manga
Dossier manga - 5cm Per Second
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20/20
« J’ai l’impression d’avoir été sauvé par la beauté des paysages. Quand j’étais au lycée, chaque jour, je prenais le train et je regardais les paysages par la fenêtre. C’est ce qui m’a aidé dans les moments difficiles, alors j’ai toujours eu envie de faire ressentir ces sensations aux spectateurs qui regardent mes films. » Makoto Shinkai


Takaki est maintenant au lycée. Une école sur une île du Japon où ses parents ont été transférés. Loin de son aimée. Là-bas, une jeune fille, Kanae, s’éprend de lui et nourrit un amour brûlant à son égard. C’est de son point de vue que nous est racontée cette histoire.
 
 
  
 
 

Cosmonaute – Our Innocence



Future

 
Les pétales de cerisiers prennent de la vitesse, et accompagne les changements de chemin d’une vie. Le transfert de narrateur permet aussi d’avoir une autre vision sur le devenir de Takaki. Rivé à son téléphone portable, écrivant des messages puis les effaçant tout de suite, faute de destinataire à qui les envoyer, il a les yeux fixés sur un lieu totalement inaccessible, car n’existant que dans ses rêves. Une vision peu réjouissante et complètement morne, malgré la beauté du lieu.
Quant à Kanae, elle s’empêtre aussi dans son amour, qu’elle sait à sens unique avant même de s’être déclarée. Et elle est d’autant plus inquiète qu’elle ne sait pas exactement ce qu’elle souhaite faire dans l’avenir. De nouveau, le thème de la distance qui s’installe, et celle-ci est purement émotionnel dans Cosmonaute. D’un côté Kanae qui voudrait désespérément se rapprocher de celui qu’elle aime mais qui est bloquée par ses propres angoisses et incertitudes par rapport à ses sentiments, et de l’autre Takaki, détaché de tout et ne voyant même plus ce qui l’entoure réellement, fixant son univers d’un regard à la fois nostalgique et réaliste, l’empêchant d’avancer et de s’épanouir. Le souvenir d’Akari reste vivace dans sa mémoire, à tel point qu’il s’empare de sa vie entière ou presque, le laissant comme un pantin sans réelle émotion ou envie.

Plus encore que dans la première partie, les émotions dans cette histoire s’envolent dans toutes les directions, s’emparant du spectateur et le prenant à la gorge, tant ce que ressentent les personnages peut facilement être compris. On y parle d’inaccessible, de douleur et de peine qu’on ne peut étouffer, et qu’il est difficile de faire disparaître.
Le personnage de Kanae nous rappelle Takaki à une époque, celle où il pouvait encore exprimer des émotions, où il avait encore une flamme dans son regard, même si l’incertitude était grande. Faire interagir ces deux êtres qui présentent de nombreux points communs est une façon efficace de voir où se situe le garçon dans son amour de jeunesse. Et ce qu’il avait pressenti dans Extraits de Fleurs de Cerisiers est finalement devenu réalité. Son histoire potentielle avec Akari n’existe plus que dans sa mémoire. S’il veut s’en libérer, il doit l’accepter et passer à autre chose. Ce qu’il est incapable de faire. Car s’il est parfaitement conscient que c’est la fin, il ne peut se résoudre à abandonner cette vision et ce futur qui jamais ne sera, car il s’agirait alors d’une fin définitive.
Quant à Kanae, tout le monde pourra se reconnaître dans la peur de faire le premier pas et de se déclarer, l’incertitude par rapport au futur, l’impression d’échec permanent par rapport aux autres, et la peur qui en découle…
Cette deuxième partie s’intéresse davantage à explorer les prémisses d’un futur encore incertain, face auquel on ne sait pas trop quel chemin choisir, faute d’avoir le choix parfois ou de ne pas avoir la force nécessaire pour emprunter celui que l’on souhaiterait. Quelque part, on a l’impression que tout est déjà fini pour eux, alors qu’ils sont encore si jeunes.

Sans aucun doute, cette deuxième histoire présente un aspect assez dépressif dans les sentiments exprimés et dans l’avenir qui risque d’attendre les deux jeunes, et n’apparaît pas joyeuse pour un sou exprimé de cette façon.

Cependant…
 
 
  
 
 

Beauty


Il y a les paysages. La marque de fabrique de Makoto Shinkai, immédiatement reconnaissable entre milles. Toujours à couper le souffle, d’une beauté envoutante, ils sont des acteurs à part entière des réalisations de l’auteur.
La citation de M. Shinkai en début de page constitue sans doute la meilleure expression de l’importance de cet élément dans ses films. Et elle prend réellement tout son sens dans ce deuxième métrage.
Si les moments que traversent les personnages sont particulièrement angoissants, car intangibles et difficiles à communiquer avec des mots, un simple regard sur le monde qui les entoure les a sans doute soulagés de leur peine en de nombreuses occasions durant le moment où nous les avons accompagnés.

Ainsi, malgré la gravité et la lourdeur des émotions ressenties, du sujet abordé, d’autant plus difficile qu’il ne s’agit pas de quelque chose de tragique et desquels nous pouvons facilement nous détacher, mais bien d’émotions qui nous accompagnent tout au long de notre vie, la dépression et le désespoir ne nous atteignent jamais totalement. La fusée qui s’envole vers une destination lointaine a sans doute fait beaucoup de bien aux deux jeunes lorsqu’ils l’ont vu s’élever dans le ciel, alors que chacun était écrasé par ses sentiments à ce moment-là.
L’agencement des couleurs, la luminosité de l’ensemble, la variété du spectacle qui s’offre à nous, le soin du détail et le perfectionnement apporté… Comme les personnages, le spectateur est lui aussi « sauvé » en de nombreuses occasions par le paysage qui s’offre à lui dans 5cm Per Second, l’empêchant de sombrer et de se faire emporter par l’incertitude qui entraîne les personnages de l’œuvre. À ce stade, on ne parle même plus de « décors », tant l’arrière-plan tient une place prépondérante dans notre ressenti du film, et fait partie d’un tout qui ne peut être simplement détaché. Et surtout nous apparaît comme « vivant » et complètement réel.

Ainsi, le but du réalisateur est atteint, l’émotion qu’il voulait transmettre nous as été communiquée, sans qu’aucun mot n’ait eu besoin d’être prononcé. Simplement de se perdre dans la beauté de l’immensité et du spectacle qui s’offre à nous tous les jours si on sait où regarder suffit parfois à alléger la peine ressentie face à la vie. L’espoir est donc bien présent et ne disparaîtra pas, et tout peut encore arriver et changer. Merci M. Shinkai pour avoir  fait passer dans vos films quelque chose qui vous tenaient vraiment à cœur et d’avoir su nous le transmettre de façon aussi magistrale.

(Texte rythmé par la chanson « Winter » de Caroline)
 
 

©Makoto Shinai / CoMix Wave Films

Commentaires

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shinob

De shinob [127 Pts], le 16 Septembre 2012 à 16h35

J'ai beaucoup aimé ce film, très contemplatif. On notera néanmoins quelques petites longueurs dans la seconde partie, et une fin un peu trop triste...

kotoha

De kotoha [1171 Pts], le 04 Juillet 2012 à 20h17

Un dossier parfait pour ce film et lui rendant hommage.

akirachan

De akirachan [1573 Pts], le 04 Juin 2012 à 08h24

... Ben voilà, c'était la même vidéo (Momentum) XD. Comme quoi, même sur la toile le monde est petit.

 

Merci pour les liens =).

Sorrow

De Sorrow [833 Pts], le 03 Juin 2012 à 23h52

Akirachan > J'ai bien ri à la fin, car c'est grâce au groupe Maé et à cette chanson en particulier (Awakening) que j'ai découvert 5cm per second (merci youtube).


Amusant, moi aussi :-)

Et puisqu'on est sur le sujet, une petite précision sur les chansons entre paranthèse à la fin de chaque page. 


La musique a un effet incroyable sur la mémoire, nous évoquant souvent des images de notre passé, que ce soit un film, une histoire, un voyage, une soirée, une rencontre, ou beaucoup d'autres choses.

Avec ses décors et sa mise en scène, 5cm per Second est d'une richesse inouie pour l'association d'image/musique. Et donc pour les Amv.


J'avais découvert 5cm per Second grâce à un Amv ("Momentum" avec la chason de Maé cité par Akirachan), il y a de cela deux ans, et j'ai accroché d'emblée tant à l'aspect visuel qu'à l'aspect émotionnel qui se dégageait de cette vidéo, ce qui m'a donné envie de m'intéresser à ce film d'animation. Ce qui n'était pas gagné à l'époque, ne m'intéressant pas vraiment à l'animation japonaise. J'ai évidemment su revoir mon jugement depuis, notamment grâce à des réalisateurs comme Makoto Shinkai, Mamoru Oshii ou Keiichi Hara (Ghibli ne compte pas, j'étais déjà fan avant). 

On peut dire qu'il s'agit d'une forme d'hommage au média qui m'a permis de découvrir un film incroyable et d'élargir doucement mes horizons.


Au fil du temps passé sur internet, j'en ai rassemblé quelques autres, qui à mon sens ont parfaitement su retranscrire l'émotion qu'a voulu faire passer le réalisateur. Incidemment, j'en ai trouvé trois, chacun consacré plus particulièrement à un métrage. J'ai donc inclus en fin de page les chansons utilisées pour le montage, toujours en guise d'hommage, ne souhaitant pas y consacrer un paragraphe pour me consacrer au film même, mais je souhaitais les y inclure, car la musique a su m'aider à faire passer certaines choses pas évidentes à l'écrit, et chacun correspondait assez bien à ce que je voulais mettre en mots. Et parce que je trouve que ceux qui les ont réalisé ont parfaitement compris ce que Makoto Shinkai voulait faire passer dans son film. 


Si le coeur vous en dit (et si les liens fonctionnent), voici ceux auxquels je pensais durant l'écriture : 


- "Your Hand in Mine" (une de mes chansons préférées de tous les temps) a été écrite par le groupe Explosions in the Sky avec l'idée en tête qu'un jeune garçon partait en pleine nuit pour revoir une dernière fois la fille qu'il aime, avant qu'elle ne déménage. Bref aucune autre chanson ne peut mieux illustrer à mon sens ce premier métrage, et la réalisation est excellente du point de vue de l'Amv.

http://www.youtube.com/watch?v=yjpwIW5VENI


- "Our Innocence", j'ai particulièrement apprécié l'ambiance à la fois mélancolique et légère, la voix particulière de la chanteuse, qui amplifiait l'ambiance des images. Bref une très bonne illustration à partir de la moitié de ce que travers les personnages dans la deuxième partie. 

http://www.youtube.com/watch?v=zAmGg3trrJ8


- "Broken Memories" est à l'image de la troisième partie, une musique à la limite du dépressif au début, puis qui explose d'un coup et rallume l'espoir. Bref, de nouveau l'ambiance créé dans le film est retranscripte et comprise.

http://www.youtube.com/watch?v=16p0wws0dOQ


- "Momentum" est celui par lequel j'ai découvert le film, donc il était normal qu'il soit en conclusion, d'autant plus qu'il reprend le film dans son entièreté dans le choix de son focus et de ses images. De plus, les paroles de fin "I will be fine" résonnait parfaitement en accord avec les dernières images de l'oeuvre de Makoto Shinkai.

http://www.youtube.com/watch?v=fhJk0rVa6qo


Voilà, vous pouvez les regardez si le coeur vous en dit, je souhaitais juste les partager dans ce contexte précis, parce que ce dossier s'y prête particulièrement bien. 


Pour terminer, merci pour vos commentaires. 5cm per Second est une oeuvre qu'il me fût à la fois très facile et très difficile de traiter dans un dossier. Si je suis habitué à parler d'oeuvre qui jouent leur intérêt sur un impact émotionnel et personnel, l'émotion qui passe dans le film est encore d'un niveau différent, sur laquelle j'aurais pu énormément m'étendre, mais préférais en même temps laisser les gens se forger leur propre avis.

Même si je ne suis pas vraiment satisfait du résultat final d'un point de vue écriture et style, j'ai fait passer plus ou moins ce que je voulais, et j'espère que cela donnera envie aux gens de regarder le film, je n'en demande pas plus. 

akirachan

De akirachan [1573 Pts], le 03 Juin 2012 à 15h53

J'ai bien ri à la fin, car c'est grâce au groupe Maé et à cette chanson en particulier (Awakening) que j'ai découvert 5cm per second (merci youtube).

On pourrait s'étaler pendant des heures sur les qualités de cette oeuvre tant il y aurait de choses à dire, mais rien ne vaudra un visionnage. Parce que 5cm per second n'est pas quelque chose qui s'analyse, mais qui se ressent. Et c'est en cela que ton dossier est particulièrement approprié, il a été fait avec le coeur et ça se voit. Bel hommage.

tsubasadow

De tsubasadow [4300 Pts], le 03 Juin 2012 à 02h13

20/20

Un excellent dossier à la hauteur du film.

Bravo à toi Sorrow je n'aurai pas pu trouver de meilleurs mots pour en parler tu as tout dit et les citations de Takaki et Makoto sont très bien placé.

MaiHime

De MaiHime [2051 Pts], le 02 Juin 2012 à 06h24

20/20

5 cm par secondes est magnifique ! Et ce dossier est parfait ! En plus avec les commentaires Makoto Shinkai de et les citations de Takaki il est vraiment très bien fait ! Un parfait dossier pour un magnifique film d'animation <3

JohnDoe

De JohnDoe [598 Pts], le 01 Juin 2012 à 21h41

20/20

Superbe dossier, vraiment, écrit avec beaucoup de sensibilité, à la hauteur du film dont il est le sujet !

oguie

De oguie [365 Pts], le 01 Juin 2012 à 20h54

20/20

Ce film est l'un des rares qui faillit me faire pleurer, à la fin de la deuxième partie j'avais les larmes aux bords des yeux, surtout que quand je l'ai vu pour la première fois, j'étais dans la même situation que Kanae. La poesie des images, la musique, tout nous prend et nous emmene.

Difficile de trouver les mots pour parler de cette oeuvre, tellement c'est un concentré de sentiment tout en poesie. Pour cette raison, je dis bravo au rédacteur de ce dossier, qui a réussi a décrire cette oeuvre du mieux possible.

melliw

De melliw [826 Pts], le 01 Juin 2012 à 18h57

film superbe. je vais de ce pas lire le dossier :)

AnotherUtopia

De AnotherUtopia [453 Pts], le 01 Juin 2012 à 18h02

20/20

Merci infiniment pour ce dossier. Ce films est.... juste splendide, et je serai incapable de trouver les mots justes pour le décrire. Un 20/20 largement mérité.

YusukeUchiwa

De YusukeUchiwa [1401 Pts], le 01 Juin 2012 à 13h53

20/20

Ce film est juste une poésie à lui tout seul.
Merci pour ce dossier *-*

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