Zoo en hiver (un) - Actualité manga
Zoo en hiver (un) - Manga

Zoo en hiver (un) : Critiques

Fuyu no Dôbutsuen

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 25 Juillet 2014

Critique 1


"Le plaisir de dessiner, la joie de créer une histoire. C'est ce qu'elle m'avait appris... Je sentais mon coeur battre. Au fond, qu'est-ce que j'espérais ?"


On ne présente plus Jiro Taniguchi, un des auteurs piliers du manga, reconnu internationalement notamment en France où il a déjà reçu l'Alph'Art du meilleur scénario à Angoulême en 2003 pour Quartier Lointain. Nombreuses sont les oeuvres nées sous sa plume et il faudrait beaucoup de temps pour toutes les énoncer, mais à présent nous allons parler d'Un Zoo en Hiver, un one-shot semi-autobiographique où l'auteur nous raconte la vie d'un jeune homme qui aspire à être mangaka, avec tous les avantages et inconvénients que cela peut amener, tout cela étant inspiré de la propre expérience de Taniguchi à ses débuts dans le métier.


Kyôto, 1966. Le jeune Hamaguchi travaille chez un fabricant de textile. Mais lassé de ne pouvoir y assouvir sa passion pour le dessin, il démissionne et part pour Tokyo. Il y découvre, en même temps qu'un studio de mangas qui lui donne sa chance, la vie nocturne et les milieux artistiques de la capitale. Mais le travail d'assistant-mangaka est éreintant et Hamaguchi comprend vite qu'on y trouve difficilement le temps et l'énergie pour se consacrer à des oeuvres personnelles.


Qu'on soit clair sur un point au cas où certains ne connaissant pas l'auteur soient surpris : ce manga est complètement différent de Bakuman. Ici le métier de mangaka est plus illustré au niveau de son rapport à la société, de son apport sur le plan humain et des difficultés morales que cela peut entraîner. Le manga commence en nous présentant son héros, Hamaguchi, jeune homme de 18 ans qui a toujours été passionné par le dessin, mais qui n'a pas vraiment le temps pour mettre en oeuvre ses travaux, cela à cause de son métier chez un fabricant de textile. Rapidement, il va se rendre compte que cette vie ne lui convient pas et lorsqu'un ami connaissant un mangaka lui propose de devenir son assistant, il se voit obligé d'accepter.


À peine arrivé dans le studio, on lui donne déjà du travail, un peu pour le mettre à l'épreuve et autant dire qu'il a vite le trac : il travaille chez Mr Kondo, un mangaka très réputé actuellement qui se doit de tenir un rythme effréné pour continuer sa série. Dans l'atelier se trouvent plusieurs assistants : Moriwaki le vieux du groupe qui est un fidèle ami de longue date de Kondo, Fujita un garçon maladroit du même âge que Hamaguchi et parfois Mlle Higashino, leur responsable éditorial, toujours prêt pour les motiver. C'est donc au sein d'une petite équipe soudée que notre héros va comprendre comment marche le milieu. Le métier de mangaka s'avère vite pour lui aussi passionnant que difficile : ça y est, le voilà enfin à dessiner toute la journée et faire donc ce qu'il aime, mais en même temps il se rend compte que c'est un travail au rythme grandiose, chaque journée de boulot se finissant minimum à minuit sans compter les périodes de bouclage où les nuits blanches s'enchaînent, le tout avec la fatigue et la pression. Un des autres problèmes est aussi que depuis, Hamaguchi possède beaucoup moins de temps pour lui et s'il veut devenir lui-même mangaka, il doit dessiner en plus de son travail après sa journée en restant à l'atelier.


Un des points forts de ce récit est avant tout de nous situer au Japon des années 60, là où le manga n'était pas encore bien reconnu ni très bien vu, à tel point que nombreux étaient les parents à déconseiller leurs enfants de faire ce métier qui n'avait pas encore un avenir assuré. Un autre point majeur de cette histoire, c'est de prendre pour héros un jeune homme de 18 ans, un âge de décision où encore tout peut nous arriver. A-t-il fait le bon choix ? Est-il prêt à vivre cette vie stressante, bien que pleine d'autres avantages ? Tant de questions se posent à lui et le voici qu'il fait un pas autant dans le monde du travail que dans le monde des adultes. En effet, il va être aussi l'occasion pour lui des premières sorties en ville entre collègues, les premiers contrats, les premiers échecs, mais aussi l'amour, un facteur qui pourra lui être motivant pour sa carrière.


Par delà son récit, l'auteur nous fait suivre un personnage auquel on s'attache très vite et dont on veut voir réussir, c'est ça qui fait la force du manga, tout comme les autres personnages. Car il ne faut pas croire que seul Hamaguchi soit le personnage traité dans cette histoire, ses collègues ont eux aussi leur part de réflexion, chacun a ses objectifs et ensemble ils se confieront et seront prêts à se motiver mutuellement pour faire de leur vie ce qu'ils souhaitent réellement. On pense notamment au chapitre où Fujita avoue faire des planches de son côté, ce qui intéresse leur responsable éditorial, et de voir Hamaguchi aussi heureux pour lui que jaloux, presque énervé de voir quelqu'un de son âge parvenir à son but avant lui.


Bref, Un Zoo en Hiver nous présente donc une histoire maîtrisée de bout en bout et qui fait réfléchir. C'est avec un grand plaisir qu'on découvre le monde des mangakas dans un contexte peut-être plus réaliste, mais surtout on voit ce que cela apporte moralement et vis-à-vis de son entourage, surtout à une époque où peu de personnes croyaient en l'avenir du manga. Un récit riche sur tous les points, avec un dessin toujours aussi beau et fourni en détail, et une belle édition dans la collection "écritures" de Casterman, toujours pour attirer un public plus vaste notamment les habitués au franco-belge.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Kiraa7
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs