Voleur d'estampes (le) Vol.1 - Actualité manga

Voleur d'estampes (le) Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 17 Juin 2016

Licencié par Glénat, le Voleur d'estampes est un récit en deux tomes né sous la plume de Camille Moulin-Dupré, un artiste touche-à-tout qui a notamment été graphiste internet et directeur artistique dans le milieu du jeu vidéo. Il a également réalisé un court métrage d'animation en 2009, intitulé "Allons-y Alonzo", et dans lequel il rend hommage à l'acteur Jean Paul Belmondo.

Dans le voleur d'estampes, notre auteur nous plonge dans le Japon de la fin du 19ème siècle. En pleine modernisation, le Japon de cette époque s'enrichissait au rythme de son industrialisation, et sa population ne cessait d'augmenter, bénéficiant notamment d'une élévation de l'espérance de vie. Cependant, cette période n'était pas idyllique pour autant : de fortes disparités existaient toujours entre les différentes classes sociales, et certains devaient travailler très dur pour survivre.

C'est dans ce contexte que nous découvrons les deux personnages principaux de ce premier tome. Ces derniers (tout comme l'ensemble des autres intervenants) ne seront jamais nommés, mais plutôt désignés par un qualificatif rappelant leur condition sociale.
D'un côté il y a "l'héritière", fille d'un riche gouverneur et qui vient juste de s'établir avec son père dans leur palais d'été. Elle ne semble pas aimer sa condition et rêve à plus de liberté. Elle est consommatrice d'opium, la drogue l'aidant à s'évader un peu durant ses ennuyeuses journées. Face à elle il y a "le jeune homme au foulard", fils de restaurateur, qui aide son père à tenir son commerce. À l'instar de "l'héritière", il n'apprécie pas sa condition, tant et si bien que la nuit il devient "le voleur" et commet des cambriolages dans les riches demeures de la ville. Il faut souligner qu'il ne vole pas pour s'enrichir, mais plutôt parce qu'il aime cette activité dangereuse, le risque permanent qu'elle induit faisant sentir notre bonhomme plus vivant que jamais !
"L'héritière" et le "le jeune homme au foulard / le voleur" vont se rencontrer alors que notre héros vient de commettre un cambriolage. Soufflant un peu sur le rebord d'un toit, il va se faire surprendre par la jolie demoiselle qui après un certain temps va finir par deviner sa véritable identité... Cela signe-t-il la fin du voleur, que la police recherche ?
On devinera vite, au fil des évènements, que ces deux personnages sont en quelque sorte les deux facettes d'une même pièce, et semblent irrémédiablement s'attirer et se diriger vers une destinée commune, même s'il est sûr que de nombreux obstacles se dresseront sur leur route. Cette relation est sans doute le gros point fort du récit, car même s'ils ne sont pas nommés "l'héritière" et "le voleur" partagent à de nombreuses reprises leurs états d'âme, ainsi on apprend à les connaître petit à petit et on finit par s'attacher à eux.

L'autre qualité de ce premier opus, c'est bien évidemment sa forme... Les auteurs français passionnés par le manga, il y en a de plus en plus, tant et si bien que plusieurs séries global-manga (plus ou moins inspirées par les hits du shonen jump) sortent chaque année dans nos contrées. Mais avec Le voleur d'estampes, la démarche de Camille Moulin-Dupré est différente de ce qu'on a l'habitude de voir et brille par son originalité. En fait, le récit se dévoile non pas à la façon d'un manga, mais par un enchaînement d'estampes, avec un contour noir ou blanc en fonction du moment du récit (jour ou nuit). La plupart du temps, une estampe occupera une page ou une double-page, mais parfois, une même page pourra contenir plusieurs estampes de petite taille. Cette suite d'estampes donne bien évidemment une narration particulière à l'histoire. Si on peut reprocher un côté figé parfois déplaisant à certaines estampes, ces dernières ont le mérite de régaler nos yeux. Si certaines sont trop épurées, la plupart des estampes de l'auteur dégagent cependant en permanence une aura poétique du plus bel effet sur le lecteur, pour peu que ce dernier prenne le temps de s'attarder sur chaque illustration et soit un tant soit peu sensible à ce style. Il faut avouer que certaines pages sont tout simplement magnifiques... surtout celles consacrées à "l'héritière" si vous voulez mon avis !!


Au niveau de l'édition, on a droit à un bel ouvrage, sans coquilles et doté d'un format un peu plus grand que celui des mangas standards, ce qui justifie le prix un peu élevé du livre. A noter que les dialogues sont insérés dans l'histoire non pas dans une bulle mais directement sur les estampes. Cela a le mérite de ne pas dégrader l'intérêt esthétique des illustrations.


En définitive, cet ouvrage de Camille Moulin-Dupré est une bonne petite surprise. S'éloignant beaucoup de la production global-manga, ce premier tome du Voleur d'estampes met en place un récit plaisant, reposant sur la romance naissante entre deux êtres qui rejettent leur condition. Mais la grande originalité du livre repose sur son style graphique, qui s'inspire des estampes japonaises. A découvrir !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur

15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs