Urashima Taro au royaumes des saisons perdues - Actualité manga

Urashima Taro au royaumes des saisons perdues : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 24 Novembre 2014

Quelque part dans un Japon non daté, Tarô Urashima, jeune pêcheur vivant avec ses parents, poursuit son travail jour après jour, jusqu'à l'instant où, pour sauver une tortue martyrisée par une bande de gamins, il cède sa pêche du jour aux garnements.


Peu de temps après, la tortue revient le remercier en l'emmenant en visite tout au fond de l'océan, dans le Royaume du Dieu des Mers, le dragon Ryûjin. C'est la fille de ce dernier, Otohime, qui, touchée par le geste du pêcheur envers son amie la tortue, a fait cette demande au Roi.


Dans cette contrée sous-marine, Tarô découvre un royaume faste, un palais aux couleurs enchanteresses où l'attend une cérémonie festive de toute beauté, en compagnie des animaux peuplant la mer. Mais c'est encore une autre beauté qui finit de conquérir le jeune garçon : celle de la princesse Otohime. Ravissante, la jeune fille l'emmène en voyage dans les jardins du palais, rythmés par les saisons. Le printemps, l'été, l'automne, l'hiver... chacun des jardins visités renforce un peu plus le lien entre les deux jeunes gens, si bien qu'ils tombent éperdument amoureux l'un de l'autre, et qu'Otohime propose à Tarô de rester vivre avec elle. Tarô accepte, les deux amoureux vivent ensemble sept jours sans jamais se quitter, mais au septième jour, le jeune pêcheur, après un rêve, se rappelle ceux qui l'attendent sur terre : ses parents, morts de chagrin depuis sa disparition. Il souhaite les revoir, ne serait-ce qu'un peu, pour les rassurer avant de retourner vivre avec Otohime. La princesse accepte et, avant de le voir repartir, offre à son bien-aimé une mystérieuse boîte tout en lui faisant promettre de ne jamais l’ouvrir.


Le jeune homme pourra-t-il tenir son engagement ? Rien n'est moins sûr, au vu de ce qu'il découvre en retournant sur terre, où le temps ne s'écoulait pas au même rythme...


Après Kaguya, le Moineau à la langue coupée, ou encore la Reconnaissance de la Grue, les éditions nobi nobi! revisitent une nouvelle fois un conte traditionnel japonais, celui de Tarô Urashima. Ayant inspiré nombre d'auteurs à différentes échelles (par exemple, on peut citer le manga Love Hina, où les noms de Keitarô Urashima et Mutsumi Otohime sont des références à ce conte), il s'agit de l'un des plus célèbres contes du Japon... mais également de l'un des plus cruels, le jeune héros n'étant au final pas réellement récompensé par son acte de générosité. Le final est triste et amer, et encore aujourd'hui il est sujet à de nombreuses interprétations, que les éditions nobi nobi! exposent de façon concise en fin d'album. Par ailleurs, on saluera ici un récit qui reste fidèle à ce final cruel, mais qui sait le nuancer, la dernière page restant somme toute assez libre d'interprétation.


Cet album marque l'arrivée dans le catalogue de nobi nobi! de deux nouvelles artistes, offrant comme toujours dans cette collection une collaboration franco-asiatique.


Au scénario, on trouve La Luciole masquée, auteure exerçant dans la littérature jeunesse depuis 2009 et offrant ici des textes classiques, mais limpides permettant bien de cerner toute l'ambiance du conte original.


Aux illustrations, on découvre Fuzichoco, jeune artiste japonaise de 24 ans dont on réentendra sans doute parler, non seulement parce qu'elle vient de débuter une carrière de mangaka (on lui doit le one-shot R.O.D Rehabilitation), mais aussi, et surtout parce que son travail d'illustratrice s'avère en tous points impressionnant. Véritable prodige dans la gestion des couleurs, elle offre dans cet album une superbe palette de teintes très variées. Les premières et dernières pages nous immergent facilement dans un Japon plutôt traditionnel et ancien (hors du temps), tandis que la plongée dans le royaume sous-marin enchante dans son aspect très coloré et assez féérique. Les décors autant que les costumes et les créatures sous-marines sont sublimes et sont surtout parfaitement servis par un brillant travail de perspective. Les angles choisis, surtout ceux qui sont un peu aériens, offrent aux illustrations une profondeur qui nous immerge totalement, au plus près des protagonistes. Une impression renforcée par les textes, écrits sur des rouleaux semi-transparents qui ne brisent pas l'harmonie des illustrations. Notons aussi le petit aparté constitué du voyage à travers les 4 saisons, qui change un peu de style pour bien nous marquer : texte écrit dans des coquillages, angles de vue plus posés (de face), personnages au centre et encadrés par les décors saisonniers... cela permet joliment de focaliser notre attention sur Tarô et Otohime, d'abord un peu distants, puis se prenant la main, puis s'enlaçant.


Au bout du compte, c'est une nouvelle réussite pour l'éditeur, qui n'a décidément pas son pareil pour dénicher de jeunes artistes prometteurs et aptes à servir au mieux les contes qu'ils reprennent. En fin d'album, en plus des présentations des deux auteures et du petit focus sur le conte original (origines, interprétations, symbolique de certains éléments comme la boîte que l'on retrouve dans de nombreuses légendes...), on retrouve toujours l'utile lexique, ainsi qu'une petite galerie de croquis et d'esquisses. Soulignons, enfin, l'imposant format du livre, qui permet de profiter au mieux du travail visuel de Fuzichoco.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs