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Tamayura : Critiques

Tamayura

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 20 Octobre 2016

Critique 2


Tout commence par un souvenir douloureux, celui qu'Asakura voit en rêve (ou, plutôt, en cauchemar) concernant Tachibana, ami d'enfance dont il s'est éloigné depuis, mais sans jamais parvenir à vraiment l'oublier.
Quatre ans après les faits, en avril 1922, le jeune garçon débarque à l'internat du lycée Sakuragakunimi afin d'y poursuivre ses études littéraires. Il ne se doute alors aucunement qu'il va retomber, en tant que camarade de classe, sur Tachibana, réveillant ès lors des sentiments douloureux... à moins qu'il ne s'agisse d'un renouveau ?

En mars 2016, nous découvrions pour la première fois en France la jeune mangaka Ringo Yuki via le titre Konshoku Melancholic chez Taifu Comics, une oeuvre qui révélait déjà tout le talent de l'artiste. Mais c'est bien avec Tamayura, sorti aux éditions Boy's Love deux mois plus tard, que les belles promesses de cette jeune artiste sautent totalement aux yeux.

L'histoire d'amour de Tamayura est pourtant on ne peut plus classique, en dépeignant le retour chez deux amis d'enfance de sentiments autrefois inassouvi, et qui vont à présent devoir non seulement bien comprendre ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre, mais aussi faire face aux réalités sociales de leur époque. Mais l'oeuvre, qui s'est classée 2ème meilleur manga triste aux Chil-Chil BL Awards de 2015, peut compter sur toute la finesse et l'application de son autrice.

"Tamayura : Vibration émanant de deux billes lorsqu'elles entrent en contact l'une avec l'autre. Sens dérivé : imperceptible."

Cela se ressent en premier lieu dans le duo de personnages centraux, que l'on prend plaisir à découvrir petit à petit, que ce soit dans leurs émotions ou dans le passé qui a conditionné leur caractère.
Ainsi découvre-t-on en Asakura un jeune garçon très strict envers lui-même. Fils du dirigeant d'une importante société d'import-export dont il est voué à être l'héritier, métisse se souvenant à peine de sa mère, ayant vécu en Europe et ayant dû subir la glaciale épouse légitime de son paternel, il subit une certaine pression autant par son passé familial que par les attentes qui pèsent sur lui, ce qui en a fait un adolescent assez renfermé et droit. Mais nous découvrirons également un garçon qui, pour différentes raisons évoquées au fil des pages, a développé une aversion pour les femmes et un dégoût pour le sexe.
Tachibana, évidemment, est son exact opposé en termes de caractère. Ce garçon rêvant de devenir écrivain est très sociable, plus décomplexé, et plaît aux femmes. Il considère que le comportement humain est régi par les désirs, les sentiments et les connaissances... mais peut-être bien que son caractère à lui aussi a été influencé par certaines facettes du passé.

C'est tout en nous invitant à suivre leur parcours que Ringo Yuki dresse un univers suffisamment crédible de l'époque où elle nous emporte : les dernières années de la très brève ère Taishô, durant laquelle le Japon, partagé entre ses conventions du passé et son ouverture sur l'Occident, reste encore en pleine évolution. Cela se ressent pendant la lecture à travers bon nombre d'éléments : le typique quartier des plaisirs, les vieilles conventions sociales encore en état et mettant à mal la relation des deux héros, les titres de noblesse que la mangaka n'hésite d'ailleurs pas à critiquer en évoquant la façon dont ils servent à ses détenteurs pour se laisser aller à la dépravation, le percée de valeurs capitalistes via l'investissement de capitaux de la famille Tachibana (élément que Ringo Yuki remet aussi en cause en montrant l'issue catastrophique que ces investissements peuvent avoir), ou même l'étude d'auteurs occidentaux antiques comme Platon... sans oublier le rôle, majeur dans l'intrigue, que tient l'important drame historique que fut le grand séisme du Kantô du 1er septembre 1923.

Enfin, il y a le style impeccable de la mangaka. Ses planches, assez riches et denses quand il le faut, s'avèrent très finement encrées et tramées sans surplus, et soulignent bien certains décors, certains costumes ainsi que les émotions des personnages. Emotions qui, par moments, sont vraiment sublimées par des expressions faciales prises sur l'instant. La narration, fluide et posée, accompagne parfaitement les évolutions des personnages et ce qu'ils révèlent d'eux, tandis que la gestion des ellipses est parfaite en ceci qu'elle ne choque jamais et sert le parcours des deux jeunes hommes.

Sur un scénario plutôt classique, Ringo Yuki livre un superbe récit qui confirme tout le bien que l'on peut penser de cette mangaka encore en début de carrière.

Boy's Love livre une édition satisfaisante, notamment bien servie par la traduction soignée de Julie Minchin qui a su trouver le style adéquat, entre éléments d'époque et émotion bien ressentie. Papier et impression sont tout à fait corrects, et les 4 premières pages en couleur sont un plus toujours sympathique.


Critique 1


Début du XXème siècle, Asakura est devenu lycéen et part en internat. Il est loin de s’imaginer que son nouveau camarade et colocataire de chambre est son ancien meilleur ami d’enfance, Tachibana. En effet, suite à un événement fâcheux quatre ans en arrière, ils ne s’étaient plus revus. Ces retrouvailles feront remonter les souvenirs des moments passés ensemble, mais également des sentiments troublants entre ces deux jeunes garçons.

« De ses doigts qui m’effleuraient émanait une vibration »

Nous sommes en plein Japon du début du siècle dernier et Asakura est différent des autres garçons de son âge, car il est métisse typé européen. Durant son enfance, il était continuellement confronté à la méchanceté gratuite de personne de tout âge. Pour se protéger, il se tapissait dans l’ombre. Seule une personne venait vers lui le consoler, il s’agissait de Tachibana. Une belle amitié entre eux naquit, mais elle fut rompue par un acte que fera Tachibana et qui aux yeux d’Asakura sera choquant et sale.

Ces retrouvailles quatre plus tard est l’occasion pour l’un et autre de se rendre compte que les sentiments qui les habitaient à l’époque existent toujours. Rongo Yuki dévoile rapidement les sentiments que l’un et l’autre éprouvent. Ce choix scénaristique est bien maîtrisé. En effet, elle confronte ainsi la manière différente des deux protagonistes de gérer leurs sentiments qui étaient jugés, pour l’époque, tabous. L’un les accepte et n’en a pas honte reflétant une forte maturité. Tandis que l’autre les rejette et refuse d’envisager la possibilité de s’unir avec un autre homme. Le poids de regard des autres et du « qu’en-dira-t-on » sont très présents à l’époque et les mentalités étaient plus strictes que de nos jours. L’homosexualité est taboue et les parents ont une main mise sur l’avenir amoureux de leur enfant avec les mariages arrangés. Tout est déjà décidé pour assurer les affaires de famille et la future descendance.
L’auteur excelle à nous décrire les sentiments de l’un et l’autre. Nous comprenons la tristesse et le respect de l’autre à travers Tachibana. Mais également la dualité qui règne dans le cœur d’Asakura entre ce qu’attend la société de lui et ce qu’il ressent.

Concernant les graphismes, ils sont d’une grande élégance et soignés. Les trames sont bien utilisées et reflètent l’époque du récit. Quant à l’édition, elle est de bonne qualité et les tons pastel utilisés rendent honneur aux pages en couleurs.

« Tamayura » a été élu deuxième manga dans la catégorie « Manga triste » aux Chil-Chil BL Awards 2015. Nous pouvons que le confirmer. Ce titre est une œuvre poignante et bouleversante entre deux jeunes hommes. L’auteur, Ringo Yuki, nous transperce le cœur avec la tristesse de devoir renoncer à celui qu’on aime. Un titre à avoir absolument dans sa bibliothèque.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

17.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Einah
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs