Syndrome 1866 Vol.1 - Actualité manga

Syndrome 1866 Vol.1 : Critiques

Tsumi to Batsu

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Mars 2010

"Tuer... et supporter cette vie... les mains couvertes de sang !"


Miroku est un étudiant promu à un avenir brillant. Mais peu à peu, il s'est renfermé sur lui-même vivant reclus dans son petit appartement, n'allant plus à ses cours ni à ses petits boulots. Un soir, sa route croise celle de Risa, une lycéenne se prostituant. Rapidement, Miroku s'attachera à la demoiselle en se rendant compte qu'elle se fait harceler et manipuler par une autre fille, Hikaru. C'est alors que naitra en lui pour la première fois une pulsion meurtrière, pulsion qui trouvera une légitimité dans les propos d'une intervention télévisée ou général américain justifie un bombardement de civils au nom de la liberté et de la démocratie. Dès lors, Miroku trouve une justification dans ces idées, si ce meurtre permet de libérer le monde d'une personne aussi infâme. Il mènera alors une enquête pour se rapprocher de Hikaru et comprendre ses agissements. Mais pourra-t-il lutter contre ses propres envies criminelles ?


Syndrome 1866 est une adaptation très libre de Crime et Châtiment, le titre renvoyant d'ailleurs à l'année de parution de ce roman de Fédor Dostoïevski. Dans cet ouvrage, on suit les aventures d'un étudiant sans le sou voulant se prendre pour Dieu en tuant une jeune prostituée, puis regrettant les conséquences de ces actes. Naoyuki Ochiai reprend donc ici une trame similaire mais qui résonne pourtant de manière très moderne dans le Japon contemporain, hanté par de nombreux syndromes. Le Rakolnikov de Dostoïevski est ici remplacé par un Miroku qui montre son ressenti d'être au dessus de la masse par l'isolement qu'il finit par se créer par lui-même. Le voici donc devenu un NEET (Not in Employment, Education or Training) aux réflexions torturées, hésitant toujours dans le bien fondé de son projet. On est alors à des années lumière d'un Death Note dans le traitement psychologique de l'œuvre ! 


La série ne se focalise pas seulement sur son héros complexe et dépeint également les nombreux travers de la société nippone, avec en premier plan la prostitution des lycéennes, parfois entraînées dans ce monde bien malgré elles. Le problème de l'Ijime transparait par la relation entre Hikaru et Risa, qui n'a rien à envier à l'héroïne de Life. D'autres problème sont évoqués, comme le mariage de la sœur de Miroku qui semble surtout être pour l'argent, ou encore des maux plus internationaux comme les actions menées par l'armée américaine. Dans ce monde en crise, il n'est ainsi pas troublant de voir des jeunes s'y perdre et on comprend alors comment Miroku s'enfonce peu à peu dans ses envies de meurtre. Il s'ensuit alors un face à face très déstabilisant face à Hikaru, qui n'est également pas très saine d'esprit. Pourtant, on ressort de ce premier tome un peu frustré, en ayant surtout suivi les pensées du héros mais avec le sentiment que rien ne s'y est vraiment passé, ou presque. Les évènements sont certes dérangeants, mais manquent encore un peu d'impact pour nous emporter complètement, et la narration assez molle y est aussi sans doute pour quelque chose.


Si l'histoire parait assez intéressante, il faudra également surmonter le graphisme très particulier du mangaka. Le trait manque parfois de détails, et joue sur un malaise permanent avec des trames très sombre et des visages torturés. L'édition offerte par Akata est quant à elle de très bonne qualité au niveau du papier et de l'encrage, ainsi que du travail sur la couverture (hormis un autocollant sponsor très dispensable). On regrette en revanche quelques coquilles dans les textes. Au final, Syndrome 1886 apporte une vraie réflexion sur les instincts d'un héros destiné à devenir un meurtrier, tout en allant au delà du simple divertissement, en dénonçant des maux réels d'un peuple. Espérons que ce titre saura trouver son public malgré quelques obstacles à surmonter dans la forme.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs