Space Travelers Vol.1 - Actualité manga

Space Travelers Vol.1 : Critiques

Robo to Usakichi

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 06 Novembre 2015

Avant le succès Blue Exorcist, il y avait Space Travelers. Dessinée en 2005-2006, la toute première série de Kazue Katô est terminée en 5 tomes et a été prépubliée chez Kôdansha dans le magazine Shônen Sirius. Au programme : une épopée galactique qui se veut très rythmée.

Tout commence par notre rencontre avec Robin, un jeune garçon qui semble vivre seul sur Planetoïd au fin fond du système solaire depuis la disparition de son père. Naïf, mais jovial, il attend gentiment son anniversaire tout en veillant à respecter à la lettre les trois règles imposées par son paternel avant sa mort : ne jamais ouvrir une porte de son habitation qui a été soigneusement fermée, ne jamais répondre à la "voix des ténèbres" se faisant entendre derrière cette porte, et veiller à ne pas manger plus de dix fois par jour. De même, il a toujours gardé en tête les paroles de son père sur l'importance d'avoir des amis, et, depuis, rêve d'en trouver un.
Mais c'est précisément le jour de son anniversaire que son destin va basculer et va l'amener à enfreindre les règles, avec l'arrivée sur sa planète d'Usa, un sélénoïde (lapin humanoïde). Robin décide tout de suite de le considérer comme un ami, mais Usa est loin de vouloir en faire autant : évadé du pénitencier de Pluton, il ne pense qu'à échapper à l'armée de l'Alliance du Système solaire lancée à ses trousses ! Souhaitant à tout prix lui venir en aide, Robin répond à la mystérieuse "voix des ténèbres"... et se retrouve affublé d'une vis rouge dans l'oeil qui lui procure une force incroyable et change son caractère contre son gré ! Serait-il le "fils des étoiles" recherché par l'armée ? En tout cas, cette dernière change rapidement de cible pour tenter de capturer le jeune garçon, et c'est ensemble que Robin et Usa tenteront d'échapper à leurs poursuivants, allant de planète en planète jusqu'à retrouver la Terre...

Le premier constat qui frappe à la lecture de ce premier tome, c'est le caractère on ne peut plus cliché de ses deux personnages principaux.
Robin a tout, absolument tout du stéréotype du gamin naïf. Vivant seul depuis la disparition de son père, ne connaissant rien du monde extérieur, il fait constamment preuve d'une candeur presque idiote et d'un optimisme qui ne faiblit jamais, ce caractère étant encore renforcé par son obsession de voir en Usa un ami. Se pensant humain, comme le lui a toujours affirmé son père, l'est-il vraiment ?
Usa, lui, est tout le contraire. Prisonnier en cavale, il se montre aussi fourbe que colérique et se passerait bien de la compagnie de Robin... si seulement il le pouvait ! Mais sous ses allures de lapin humanoïde caractériel, nul doute que le bonhomme cache un passé plus lourd qu'il n'y paraît...
Autant le dire : les quelques mystères sur la nature des deux héros, bien qu'ils soient savamment entretenus par divers indices laissés çà et là, ne comportent aucune surprise et se devinent très facilement, plus encore concernant Robin (il suffit de voir le titre japonais de la série pour ne plus avoir aucun doute). Et leur caractère cliché et clairement utilisé à outrance pour entretenir une relation vivante et humoristique. Malgré tout, cette relation fonctionne plutôt bien, car il devient assez drôle de voir Usa tenter de planter Robin sans le pouvoir, ou s'exaspérer face à sa profonde naïveté ou face à sa capacité à manger tout ce qui lui passe sous la main et qui n'est pas prévu pour cet usage (comme des tuyaux).
Néanmoins, on comprend au fil de la lecture que tous deux sont voués à un important destin au sein du système solaire... Un fil rouge que l'on attend de voir plus approfondi par la suite.
Quant aux personnages secondaires, ils sont plutôt transparents pour l'instant. Les ennemis rencontrés manquent de présence, et il faut attendre l'arrivée sur la planète Corona Familia pour découvrir quelques autres visages plutôt amusants et bien vivants.

Les dessins, quant à eux, sentent totalement l'oeuvre de jeunesse : on est loin de la richesse graphique d'un Blue Exorcist, surtout au niveau des brèves scènes d'action qui sont à la fois pauvres et peu lisibles. Néanmoins, on sent déjà que la verve visuelle de Kazue Katô ne demande qu'à exploser : les designs animaliers des nombreux personnages humanoïdes sont plutôt efficaces, certaines pages retiennent l'attention grâce à leur mise en scène appliquée, et via quelques planches on sent déjà l'envie de l'auteure de fournir des environnements complexes et détaillés. Pour s'en convaincre, il suffit de voir certains décors très vivants de Corona Familia, ou la station spatiale d'habitation de Robin au design assez riche et alambiqué comme peuvent l'être certains bâtiments dans Blue Exorcist. D'ailleurs, n'hésitez pas à soulever la jaquette pour découvrir un croquis de la bâtisse !

Kazue Katô délivre une entrée en matière tout à fait classique, parfois un brin confuse, mais portée par un rythme qui ne faiblit jamais. L'oeuvre ne manque pas d'un certain charme, à condition de ne pas être réfractaire au classicisme de cette mise en place et à une ambiance générale plus à même de plaire à un jeune public. On est clairement curieux de voir le récit se développer par la suite, d'autant que côté visuel ça devrait aller en s'enrichissant, et que la mangaka affirme sur le rabat de couverture que ce tome 1 n'est qu'une "introduction de l'introduction à l'histoire"... Espérons qu'en seulement 5 tomes, elle a pu mener sa barque comme elle le voulait.

Du côté de l'édition, commençons par un petit bémol qui pourra paraître anecdotique pour certains : le format seinen attribué à l'oeuvre, qui dépareille avec les autres titres de Kazue Katô. Si vous comptiez ranger Space Travelers à côté de Blue Exorcist et Time Killers, sachez donc que ce sera dépareillé. Pas très grave, mais un peu dommage, d'autant que ce format plus grand n'apporte strictement rien à l'oeuvre, si ce n'est un prix "seinen" de 7,99€...
Le reste de l'édition est plutôt convaincant : pas de gros problèmes d'impression, un papier souple... On tiquera sur quelques cases coupées, sur quelques coquilles dans le texte (grosses fautes de conjugaison, mots doublés...) et sur quelques phrases très étranges ("la terre est l'étoile la plus proche du soleil", sérieusement ?), pourtant en dehors de ça la traduction est très emballante, car elle se veut bien vivante et offre plusieurs réparties sympathiques entre le naïf Robin et le lapin badass Usa.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12 20
Note de la rédaction