Resident Evil - Roman Vol.1 - Actualité manga

Resident Evil - Roman Vol.1 : Critiques La Conspiration d'Umbrella

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 12 Novembre 2014

Certains jeux vidéo ont marqué une génération et ont contribué à créer les codes de tout un genre. Dans la veine du survival-horror, s’il y a bien un titre qu’il fallait retenir tant la franchise s’est enrichie, c’est bien Resident Evil. Impossible de passer à côté de ce nom, que l’on soit joueur ou non, et pour cause : Outre la série de jeux dont les opus se comptent désormais par dizaines, la saga a vu émerger différentes déclinaisons liées ou non au canon original. Citons par exemple le manga Marhawa Desire se déroulant entre les épisodes 5 et 6 des soft, ou encore les deux films d’animation qui font eux aussi lien entre certains opus. Nous pourrions également évoquer la saga cinématographique de Paul W.S. Anderson, controversée et décriée par une majorité de fans, mais qui a pour mérite d’avoir servi de tremplin à certains pour se plonger dans l’horreur sous sa forme vidéoludique. Depuis 2014, l’éditeur de romans et comics Milady, qui a affirmé son goût de publier des dérivés de grande saga comme Doctor Who, propose une nouvelle adaptation de la saga de zombies. Et quoi de mieux, pour cela, que de revenir aux sources ? Ainsi, les romans Resident Evil ne sont ni plus ni moins que des novélisations des premiers épisodes de la franchise, incluant quelques récits inédits. Cette fresque romancée compte à l’heure actuelle sept volumes aux Etats-Unis et reprennent les jeux jusqu’à la fin de Code : Veronica. Pour le premier opus intitulé « La conspiration d’Umbrella » dont le titre est assez évocateur, quoi de mieux que se replonger dans les prémices de l’horreur, à savoir le tout premier volet ?


Aux Etats-Unis, la ville de Raccoon City est en proie à la terreur. Quatre cadavres ont été retrouvés, tous atrocement mutilés, si bien que la présence d’un « dévoreur » se répand à vitesse grand V. Pour mettre fin à ces actes de barbarie, la ville déploie le commando armé des S.T.A.R.S dont l’efficacité permet d’endiguer toute menace de ce type. Seulement, après déploiement de l’unité Bravo dans la forêt avoisinant Raccoon City, celle-ci ne donne pas signe de vie. Les S.T.A.R.S y envoient alors l’escouade Alpha composée de pointures comme Chris Redfield, Jill Valentine, Barry Burton ou Albert Wesker. Mais voilà que sur place, la fine équipe découvre l’horreur la plus pure : des créatures, humaines ou animales, mortes et revenues à la vie sous forme de revenants. Pour sa survie, la troupe trouve refuge dans le célèbre manoir Spencer, censé être abandonné. Ce qu’ils vont découvrir, c’est que les origines de la terreur habitent la demeure…


Vous l’aurez compris, le roman ne cherche jamais à dériver trop loin du jeu d’origine et reprend aussi bien le contexte que les personnages du premier opus. Mais tout d’abord, qui a pu se lancer dans l’aventure terrifiante de Resident Evil ? L’écrivain est une certaine Stephani Danelle Perry et est habilité à écrire des dérivés et adaptations de grandes sagas comme Star Trek, Aliens, et bien entendu Resident Evil. D’ailleurs, il est intéressant de noter que le tout premier roman, celui dont nous parlons, est paru aux Etats-Unis en 1998, soit juste, deux ans après le jeu et restait ainsi dans l’air de son temps. C’est ainsi 16 ans après sa parution originelle qu’un éditeur nous permet l’accès à la saga littéraire qui nous réserve de bien belles surprises.


La recette phare de ce premier ouvrage, c’est sa fidélité au jeu d’origine. Jamais celui qui aura parcouru en long et en large le premier volet vidéo ludique ne sera dépaysé tant la conformité est de mise, à tel point que les éléments moins adaptables du jeu tels que la machine à écrire pour sauvegarder ont droit à quelques clins d’œil amusants. Ainsi, le fan des jeux retrouvera l’ambiance et l’univers sans aucune difficulté et sera même saisi d’un soupir de soulagement de ne pas voir sa saga fétiche une nouvelle fois écorchée dans une adaptation américaine, tandis que le curieux, lecteur qui n’a jamais touché à l’univers ou alors seulement aux jeux plus récents, pourra découvrir aisément cette première histoire, ses personnages, ses qualités et son ambiance frissonnante. Le travail d’adaptation de S.D.Perry est ainsi remarquable tant le lecteur sent que la dame est une fervente adepte de la saga initiée par Shinji Mikami et connaît ses épisodes sur le bout des doigts. Sa volonté de retranscrire au mieux le premier volet est présente, ce qui se ressent dans la fidélité sans faille. Néanmoins, trop de justesse dans la transposition d’un jeu vidéo tel que Resident Evil à un roman peut avoir des difficultés. Dans le cas présent, le soin apporté à la résolution des énigmes occupe une trop grande place dans le roman. Si la mécanique s’adapte à merveille au jeu et lui donne un intérêt en termes de gameplay, la chose dans une œuvre littéraire s’avère parfois un peu longuette. Dans une autre optique, peut-être pouvons-nous regretter un manque de détails sur certains zombies qui auraient gagné à être décortiqués en profondeur pour être encore plus dégoûtants, ou encore quelques séquences phares qui sont retracées assez vite, ce qui a tendance à nuire à l’intensité et l'horreur du récit.


Pour une adaptation telle que Resident Evil, l’enjeu était d’écrire une œuvre accessible, ce qui impliquait un style fluide que même le plus non-lecteur des individus pourrait appréhender sans difficulté. Ceci explique peut-être les quelques choix opérés et décrits précédemment, ce qui serait compréhensible d’un point de vue d’adaptation, moins dans une optique purement littéraire. Ainsi, le style de l’auteure est d’une grande simplicité, mais fait le juste milieu, à savoir si trop pauvre, ni trop corsé. Le système narratif est bien pensé, notamment dans un jeu où chaque personnage à son importance et dans un manoir où tous sont séparés, il fallait pouvoir revenir sur les uns et les autres aisément sans perdre le lecteur. Pour cela, S.D.Perry opte pour un système de séquences où le périple de chaque protagoniste est marqué par des sauts de lignes, signe affirmant au lecteur que nous changeons de point de vue. C’est d’autant plus efficace que cela permet de mettre en avant les uns et les autres, sans compter que la mécanique littéraire et ses possibilités de narration interne ont pour effet de décortiquer les personnages, ce que ne pouvaient pas faire les jeux vidéo.


Un autre point à soulever concerne l’introduction. Si par la suite le roman retrace assez vite quelques évènements du jeu, au grand damne des fans, la mise en place des évènements est décortiquée avec soin, et l’écrivain prend grand plaisir à imaginer ce qui a pu mener l’escadron Alpha dans la forêt entourant le manoir Spencer. Par exemple, les premiers chapitres insistent sur les psychologies de Chris et Jill avant mission, ou encore les réunions de S.T.A.R.S avant début de l’opération. Le roman s’intéresse alors à l’univers en tant que tout, et ne se contente pas de retranscrire bêtement et simplement le jeu, un élément qui permet d’enrichir la culture de tout fan de Resident Evil, même le plus pointilleux des passionnés.


Pour son édition, Milady livre une copie convenable. Le roman, au format poche, ne fait certes pas office de bel objet, mais s’avère tout aussi satisfaisant que tout autre ouvrage dans ce format. La traduction est sans coquille, prouvant que l’éditeur ne s’est pas attaqué à la licence par hasard.


L’adaptation littéraire de Resident Evil a ses lacunes, notamment dans les choix opérés pour retranscrire le premier volet vidéoludique en un roman de 280 pages, mais garde sous le coude de grandes qualités qui évitent la simple redite du soft de Capcom, le tout dans un style fluide et accessible. On se plonge ou replonge ainsi avec un grand plaisir dans cet univers et si les prochains volets parviennent à gommer les défauts de celui-ci, alors le plaisir sera total. Gageons d’ailleurs qu’avant de s’attaquer à l’adaptation du deuxième épisode des jeux, la saga de roman passera par un second ouvrage contant une histoire inédite.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction