Pygmalion Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 11 Mai 2017

Keigo Ayahara, lycéen, et sa voisine et camarade de classe Ako Sejima s'apprêtent à faire plaisir à Makoto, le petit frère de Keigo, en l'emmenant participer à la journée nationale des mascottes ! Pour cette journée, des fêtes sont organisées un peu partout dans le pays, avec la présence des nombreuses mascottes du Japon, et Keigo a beau avoir en horreur ces êtres parce qu'on ne voit pas leur vrai visage et qu'on ne sait pas ce qu'ils pensent, il accepte de se rendre à la fête d'Osaka, pour faire plaisir à son petit frère, et parce que sa mère lui a confié la mission de veiller sur lui et sur Ako... mais le pourra-t-il seulement ?
En effet, ce qui devait être une journée de joie et de festivités pour le pays se transforme rapidement en cauchemar, quand, après une étrange annonce diffusée par haut-parleur, les gentilles mascottes se transforment en monstres sanguinaires massacrant quiconque se trouve sur leur route ! Dans le chaos ambiant où les morts fusent violemment, Keigo perd la trace de Makoto... Pourra-t-il le retrouve ? Et si oui, dans quel état ?

En ce mois de mai, les éditions Komikku nous proposent de découvrir une nouvelle série gore : Pygmalion, toute première oeuvre d'un jeune auteur du nom de Chihiro Watanabe. Ce mangaka est un ancien assistant de Kôhei Horikoshi, l'auteur de My Hero Academia, et l'éditeur ne se prive pas de nous le faire savoir, y compris en citant une recommandation de Horikoshi sur la jaquette : "Je ne le croyais pas capable d'une imagination aussi flippante !".

Flippant, Pygmalion l'est sans doute un peu, peut-être surtout pour le lectorat japonais qui est féru de mascottes ! Car à l'image d'un Magical Girl of the End avec ses magical girls, ou d'un Dolly Kill Kill avec ses poupées, le titre de Watanabe s'amuse à reprendre une figure populaire et normalement symbole de joie ou de mignonnerie, pour en faire une menace terrifiante et sanglante. Les mascottes étant très présentes au Japon jusque dans les rues, imaginez un peu ces braves créatures se transformer soudainement en danger public...

A ce titre, l'idée de départ, sans être forcément originale dans le concept, a donc tout pour être efficace. Et cela, l'auteur nous le confirme très vite en installant d'emblée une ambiance gore. Les premières pages sont très bonnes, dans la mesure où elles laissent vite s'immiscer la crainte d'une menace : pendant que le peuple est à la fête, on entend parler à la télé d'une femme retrouvée démembrée, puis on voit un cadavre... On est donc peu à peu mis dans l'ambiance, avant que tout n'explose : la transformation des mascottes, l'effroi général... et les gens.

Les gens, oui. Car il faut bien avoir conscience qu'en terme de gore, Pygmalion ne fera pas semblant : enfants innocents coupés en deux, passants démembrés, chair qui vole, tripes à l'air, têtes explosées avec gros plans sur les crânes éclatés... Chihiro Watanabe semble bien s'amuser. Y compris avec les nombreuses mascottes, auxquelles il parvient à offrir des designs très efficaces, où l'on voit que la mignonnerie et la bonhommie ont cédé la place à la monstruosité : difformités, yeux enragés, énormes dents prêtes à tout déchiqueter... Pour bien rendre tout ça, l'auteur se plaît à offrir des cases souvent assez grandes et un découpage assez classique, mais clair, permettant de mettre en évidence l'horreur de cette situation où tout a basculé brutalement dans l'horreur. Qui plus est, le dessinateur soigne également assez ses décors urbains, les ancrant dans un certain réalisme qui renforce l'horreur.

C'est donc dans ce climat d'angoisse et de course effrénée contre la mort que Keigo se lance à la recherche de Makoto... Là où l'on pouvait s'attendre à une longue recherche dans une grande ville comme Osaka, le lycéen a la chance de trouver l'enfant assez vite... mais dans une situation qui risque de le plonger dans un désespoir que le mangaka parvient à très bien rendre. Au-delà de cette recherche de Makoto, Chihiro Watanabe installe un scénario pour l'instant un peu nébuleux, certaines pistes étant mises en place avec un brin de précipitation, en particulier les petites références à la mythologie grecque avec l'histoire de Pygmalion et Galatée. Les brèves références mythologiques s'expliquent par un thème qui pourrait devenir intéressant : l'être humain n'est qu'un tissu de mensonges camouflés derrière la conscience et la morale. Dépourvue de ces deux notions, la véritable nature humaine, égoïste et violente à l'image de ces mascottes apparaîtrait alors. C'est pour l'instant très classique dans l'abord, mais ça s'annonce efficace.
Les questions se bousculent forcément dans l'esprit du lecteur. Comment ces mascottes ont-elle soudainement pu devenir des monstres. Qui en est à l'origine, et pourquoi ? Y a-t-il un espoir de salut face à ces monstres qui semblent pouvoir se régénérer très facilement ? Quel sort et quel destin attendent Keigo et, surtout, Makoto ? Des éléments de réponses arrivent déjà, ainsi que des indices sur la possible implication de proches de nos héros... La curiosité est piquée à vif.

Au final, en attendant que le scénario décolle un peu plus, Pygmalion s'offre une entrée en matière convaincante, rythmée, gore, qui captera facilement l'attention des amateurs du genre. Ça se lit tout seul, en espérant que la suite confirmera ces premières bonnes impressions !

En ce qui concerne l'édition, il faut d'abord souligner le soin apporté à la jaquette, qui donne bien le ton avec son côté gore, et qui bénéficie d'un vernis sélectif très bien pensé. N'oubliez pas de soulever ladite jaquette, pour découvrir sur la couverture deux "charmantes" mascottes... A l'intérieur, on a les habituels standards de qualité de Komikku : un papier suffisamment épais et alliant souplesse et légèreté, une très bonne impression chez Aubin, une traduction de Ryôko Akiyama soignée et immersive, un bon travail sur les choix de police pour les dialogues et les (parfois très travaillées) onomatopées.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction