Moyasimon Vol.12 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 30 Septembre 2016

L'heure est venue pour le séminaire Itsuki et pour Kei Yuki de s'atteler à la production de saké. Ce dernier se donne fond, au même rythme que les microbes... mais un conflit est pourtant sur le point de naître. Car Madoka Nishino, la lycéenne en dernière année qui devrait intégrer la fac agricole l'année suivante, déteste le saké, alcool qui la dégoûte même et qu'elle se refuse de goûter. Et nos héros ne sont pas au bout de leurs surprises quand la jeune fille se met en tête d'épouser Sawaki ! Pourquoi une telle et si soudaine déclaration ? Pourquoi Madoka déteste-t-elle tant le saké ? Les raisons pourraient être beaucoup plus profondes qu'on ne le pense. Au point de pousser les jeunes étudiants de la fac à s'interroger sur leur avenir et sur leur place dans la société...

Les microbes sont toujours là dans Moyasimon, et plus d'une fois ils s'avèrent géniaux ici, tout comme les informations sur eux et sur l'univers qui les entoure sont bien présentes. On retiendra, par exemple, les explications qui arrivent sur le saké par le biais de Madoka concernant l'impact des industriels sur les brasseries, la notion d'indépendance, les ventes en baisse de cette boisson reine du Japon, la revente en cuves et ses conséquences pour les consommateurs... Masayuki Ishikawa aborde les choses avec une profondeur qui, mine de rien, est impressionnante. Il n'hésite pas à présenter les faces sombre du saké, son économie, l'impact de certaines pratiques sur les brasseries et les consommateurs... C'est passionnant, car fait avec application, clarté, mais aussi quelques notes d'humour.

Et pourtant, ce n'est pas encore là le plus grand point fort de ce volume, qui réside en un personnage.
On a déjà pu voir auparavant dans la série des réflexions sur la société, mais Ishikawa n'est jamais allé aussi loin qu'ici avec le personnage de Madoka Nishino. la jeune fille, apparue presque un peu comme ça dans le tome précédent, restait une énigme puisqu'elle était un peu sortie de nulle part sous la houlette du Pr Itsuki. Or, son histoire trouve une profondeur d'une puissance inouïe, qui, tout en lâchant quelques notes d'humour (rien que le fait qu'elle veuille épouser Sawaki...), va amener son entourage et le lecteur à s'interroger sur bon nombre de choses, à commencer par ce que signifie être adulte dans la société.
Et sur ce point, il paraît très difficile de souligner en une petite chronique tout ce que véhicule le focus sur Madoka, tant on a quasiment à chaque page des répliques et réflexions marquantes, qui en disent long sur nombre de choses. Sur les relations parfois complexes entre des adultes qui croient tout savoir et des jeunes qui finalement sont mal préparés sur cette notion d'adulte. Sur l'horreur de coller des étiquettes sur les gens sur la base de trois fois rien afin de les faire renter dans le cadre de notre propre expérience. Sur l'impact de se faire noter e n'entendant mentionner que ses défauts. Ou sur ce que, pour des jeunes coincés entre adolescence et monde adulte, représente la fac, dernier endroit où on peut tout se permettre en étant protégés avant de sauter dans le grand bain du monde des adultes.

"On dit que les enfants sages obéissent à leurs parents, mais je ne crois pas qu'on peut devenir un adulte digne de ce nom si on ne fait que leur obéir."

La confrontation de Madoka Nishino est riche de sens, dans la mesure où elle véhicule énormément de choses concernant le rapport que peuvent avoir adolescents et adultes, mais aussi concernant l'image primordiale que peuvent refléter les adultes.

"Tu n'es qu'une enfant qui n'a pas encore été influencée par la société."

Madoka Nishino est un personnage précieux, pour une raison précise : elle ne comprend pas le monde qui l'entoure. Elle a d'ailleurs plus d'une fois des réactions disproportionnées, mais plutôt que de se renfrogner ou de coller des étiquettes toute faites, elle cherche à comprendre à sa manière, en emmenant tout son entourage dans son sillage. Sa jeunesse, elle en fait un force.

"Elle n'aime pas qu'on la voie comme une adulte, et n'aime pas être traitée comme une enfant... Nous non plus, pas vrai ?"

A travers elle résulte une réflexion poussée sur la difficulté de comprendre les adultes et la société, et la grande intelligence de l'auteur est de ne pas étirer les choses, de bien les condenser, de savoir exactement où il va, et d'aborder tout ça sans pathos, mais plutôt justement avec régulièrement les notes d'humour qui le caractérisent. Tout cela aboutit sur un avant-dernier volume quasiment parfait dans son approche de thématiques sur lesquelles il a énormément de choses à dire. Impossible de ressortir indemne de cette lecture certes assez exigeante tant elle est bavarde, mais qui fait partie des plus abouties qu'on ait pu voir.

"Devenir adulte... c'est effrayant."

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19.5 20
Note de la rédaction