Moving Forward Vol.5 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 14 Novembre 2017

Critique 2


« Les gens faibles… je les regarde de haut… »


Petit à petit, au contact des autres et notamment de ceux qu’elle blesse parfois, Kuko prend conscience que derrière son sourire de façade, il se cachait des choses plus sombres. Elle découvre ses arrière-pensées, ce qui est caché au fond d’elle, et c’est alors avec des émotions partagées qu’elle recroise la route d’Outa, à qui elle semble vouloir dire certaines choses en le regardant droit dans les yeux… mais peut-être est-ce plus facile à dire qu’à faire.


Pendant ce temps, Sazuku reste lui aussi en plein doute sur sa relation à distance avec Morika. Il ne parvient pas à mettre un sens sur l’expression  « être amoureux », s’y perd un peu… et en observant son regard terne, Kuko sent bien que quelque chose cloche.


Pour les deux adolescents, l’heure semble venue de franchir de nouvelles étapes pour se comprendre eux-mêmes et se forger. Le petit point faible vient de l’aspect assez soudain du message de Morika à Sazuku, mais on attend avec impatience d’en voir toutes les conséquences, tant Sazuku semble peu affecté. Suite à cela, un rapprochement assez prévisible semble sur le point de se faire, mais au-delà de son côté classique Nagamu Nanaji joue très bien son coup. Tout d’abord parce qu’il y a les remarques d’Ibuki, qui avait prévu le coup à force d’analyser les choses comme dans tout shôjo classique… mais entre manga et réalité, il peut quand même y avoir de grosses différences ! Alors qu’elle joue sur certains stéréotypes sentimentaux du genre, Nanaji parvient justement à les déjouer en encrant l’évolution de son récit dans un réalisme palpable. Et pour ça, loin de jouer sur les habituels clichés d’amourettes, elle s’applique avant tout à faire évoluer les choses avec logique et précision, en s’intéressant en premier lieu à ses personnages et à leur « moi » profond. Ainsi, on voit bien que Kuko, malgré la prise de conscience de sa « part sombre » et de ses arrière-pensées, peine toujours à se montrer « telle quelle ». On le voit au contact d’Outa en début de tome, il y a toujours sa peur de dévoiler sa faiblesse  si elle se met à trop parler… mais a-t-elle besoin de tout dire tout de suite ? L’important n’est pas forcément d’extérioriser tout ce que l’on cache de sombre, mais plutôt de l’accepter, pour pouvoir justement s’accepter ensuite, sans se mentir. C’est un peu la même chose concernant Sazuku : il en prend bien conscience, quand il est avec Morika, le jeune garçon n’est pas lui-même…


Toujours centrée avant tout sur ses personnages plus que sur les éventuels rebondissements, Nagamu Nanaji excelle encore dans sa manière de faire ressortir toute la complexité des rapports humains. En plus de ses planches toujours aussi saisissantes, où on se régale notamment de certains découpages des expressions faciales, on appréciera les quelques métaphores que la mangaka emploie, à commencer par celle de l’encre dans le flacon en début de tome, pour montre l’état d’esprit de Kuko et celui d’Outa. Mais on retient aussi l’apparition de « Vieux Homard » et le passage musical riche de sens qu’il apporte.  La musique à plusieurs donnera peut-être un début de réponse aux jeunes héros concernant la construction de rapports humains: au début il faut se mentir juste un peu à soi-même, et peu à peu tout mensonge disparaît.


« Ce que je voulais, c’est peut-être que quelqu’un vienne me sauver… »


On sent bien que, tout doucement, les personnages de la série continuent d’évoluer, à force de s’interroger et de se remettre en cause peu à peu, au contact les uns des autres. Et cela, même si le récit principal se voit écourté dans ce tome. En effet, à partir de la page 150 (on notera une petite erreur pas bien grave dans le sommaire qui indique que c’est à partir de la page 170), on découvre un chapitre hors-série dédié à la plus discrète des demoiselles de l’œuvre : Ibuki, la meilleure amie de Kuko passionnée de mangas, qui se voit éternellement comme un personnage secondaire.  La placer en « héroïne » le temps de 50 pages est excellent et permet de beaucoup mieux comprendre cette jeune fille qui a du mal à communiquer avec les autres et qui a le sentiment de ne pas être le personnage principal de sa propre existence. Par ailleurs, le principe rappelle un peu le manga No Longer Heroine, déjà proposé par Akata à l’époque de leur collaboration avec Delcourt. Ici, en analysant les choses comme dans un manga, Nanaji joue bien son coup et rend cette adolescente encore plus attachante, tant on cerne bien son ressenti ainsi que l’importance qu’ont pour elle Kuko et Kiyo, qui l’acceptent comme elle est.


Critique 1


Kuko et Outa se retrouvent à nouveau en face à face. Comme à chaque fois, notre héroïne essaie de désamorcer la situation. Malgré ses bonnes intentions, les choses semblent empirer entre elle et Outa. En effet, celui-ci est à présent rongé par la culpabilité après avoir gagné un concours de peinture sur base des idées photo de Kuko, postées sur son blog. Cette dernière se rend d’ailleurs compte qu’elle ne peut pas être parfaite et commence à accepter la face plus sombre de sa personnalité. Sazuku, pour sa part, a rompu avec sa copine et voit sa relation avec Kuko se troubler par l’intermédiaire d’émotions contradictoires. 


« En ayant pris conscience de ma noirceur, je me sens plus légère… comme libérée d’un poids. »


L’intrigue concernant Outa arrive petit à petit à un point de non-retour. Bien qu’amoureuse, notre héroïne doit se résigner à se dire qu’elle fait plus de mal que de bien au garçon qu’elle aime. Elle doit se rendre compte que même les meilleures intentions ne sont pas forcément les bonnes. Pourtant, cette anti-relation aura le mérite de faire évoluer Kuko, de la pousser vers l’avant. Cette évolution contradictoire va finalement lui permettre d’accepter son côté sombre. Nagamu Nanaji continue ainsi d’approfondir avec intelligence et pertinence l’amour voué à l’échec que Kuko ressent à l’égard d’Outa. L’auteure poursuit cet approfondissement avec la profondeur et la nostalgie qu’on lui connaît. 


La mangaka va également profiter de l’occasion pour complexifier les différents rapports qu’entretient Kuko. Elle avait déjà mis en place certains éléments dans les volumes précédents. C’est dès lors avec curiosité qu’on voit ces éléments s’épanouir. Cette seconde trame se centrera cette fois-ci sur la relation entre Kuko et Sazuku, le musicien mystérieux et ronchon. Alors que Kuko entretient une relation triste et mélancolique avec Outa, celle-ci entretiendra un rapport plus acerbe et humoristique avec Sazuku. Un changement d’atmosphère qui ne sera pas sans nous déplaire. 


Le récit se complexifie pour notre plus grand plaisir, que ce soit dans les relations entre les personnages ou même dans le développement personnel des protagonistes. Il sera quelque peu dommage que la trame s’arrête quelque peu de manière abrupte, pour laisser place à une histoire annexe centrée sur Ibu, la meilleure amie de Kuko. Notre déception s’amoindrira un peu à la lecture de qualité de la petite anecdote. Notre curiosité est à vif pour la suite des événements de Moving Forward !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
titali
15 20
Note de la rédaction