Mari de mon frère (le) Vol.3 - Actualité manga
Mari de mon frère (le) Vol.3 - Manga

Mari de mon frère (le) Vol.3 : Critiques

Otôto no Otto

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 03 Février 2017

Critique 2

Au contact de Mike, Yaichi a beaucoup évolué, il s’est rendu compte à quel point bien des comportements qu’il avait autrefois était discriminants, et il se rend maintenant compte de son absurdité d’autrefois. Pourtant, que se passerait-t-il si Kana, sa fille, lui annonçait s’être éprise d’une fille ?

La force du Mari de mon Frère est d’amener à chaque tome de nouvelles réflexions au sujet de la différence, et surtout celui de l’homosexualité au sein de la société. Ainsi, le deuxième volet se terminait presque sur un twist, une fin choc durant laquelle Yaichi commençait à se questionner sur l’hypothétique orientation sexuelle future de sa fille. Toute cette phase demeure pourtant fidèle à ce que Gengoroh Tagame a pu proposer jusqu’ici : la réflexion du protagoniste se faire naturellement, et elle prend un schéma plus étonnant puisqu’aboutit à un petit voyage entre les différents personnages principaux, à savoir lui-meme, Kana, Mike mais aussi Natsuki, ex-femme de Yaichi. Par cette séquence conviviale et pleine de bonne humeur, l’auteur se veut plus subtil et développe un thème inédit jusqu’ici, celui de la famille. Le mangaka dépeint clairement les petites vacances d’une famille sans barrière, le plus étonnant étant qu’il n’a pas besoin d’en faire des tonnes dans ses dialogues pour expliquer ses intentions. La famille que Le Mari de mon Frère n’est donc pas que celle de Yaichi et Kana, elle englobe aussi Natsuki et Mike et ne se soucie pas des critères que la société pourrait imposer. Preuve en est que le sujet abordé l’est de manière réussie : toute cette phase dépayse le lecteur aussi bien que ses personnages, elle apporte un vent de fraîcheur à toute la série.

La suite se révèle plus classique dans le sens où le quotidien de Mike et Yaichi laisse place à de nouvelles réflexions sur le sujet de l’homosexualité. Pour cela, un nouveau personnage du nom de Katoyan entre en scène. Ancien ami de Ryôji, le frère de Yaichi, et homme qui vit son homosexualité de manière totalement différente. Par cette nouvelle intervention, c’est donc un autre portrait qui est décortiqué, un nouveau schéma d’individu qui être d’autant plus pertinent qu’il est surtout traité par le regard de Mike, la personne la plus à même de comprendre ce que peut ressentir une personne homosexuelle. La scène est donc passionnante par cette optique traitée et rarement abordée, le tout s’imposant comme un fait sans chercher à polémiquer sur les choix étonnants de Katoyan qui a délibérément choisi de vivre sa sexualité à sa manière… Et puisque l’intrigue se centre sur les regards que la société pourrait avoir sur les personnes homosexuelles, la fin de volume ouvre une nouvelle partie qui pourrait s’annoncer un peu plus sombre en terme d’ambiance, un nouvel arc qui ciblera visiblement la morale scolaire qui a encore du mal à s’ouvrir… Le choix du sujet est d’autant plus cruel que Kana pourra être directement impliquée, mais aussi parce que le quatrième tome signera la fin de la série. Les adieux s’annoncent d’ores et déjà difficile tant on s’est attachés à ce petit foyer, aussi nous avons tout intérêt à profiter du futur dernier voler et de l’ambiance si envoutante de la série de Gengoroh Tagame.


Critique 1

Décidément, « Le mari de mon frère » aura interpellé le lectorat tant sur l’archipel que dans l’hexagone, ainsi que chez les officiels, depuis le prix d’excellence du dix-neuvième « Japan Media Art Festival » jusqu’au – et désormais nauséabond – Festival d’Angoulême ; et ce ne sera sans doute point ce troisième volume qui portera en lui le démenti des honneurs ou d’une reconnaissance qui pointèrent à pic…

Cela aura été aux détours d’une de ces conversations en tous points banales, et nervées d’une confusion entre les bains publics et les sources thermales, qu’il fut décidé de s’en aller pour un petit voyage-promenade : quelques jours loin de la mégapole, vers des coins reculés du Japon.  Yaichi, Kana, Mike et… Natsuki, prendront un train à grande vitesse puis le téléphérique, feront balade ainsi que quelques photographies, se rendront aux fameuses sources thermales, se reposeront dans une auberge traditionnelle, contempleront le mont Fûji, visiteront un étrange bateau pirate, et cetera : choses qui feront la joie tant de la petite que des grands.

Pour le papa divorcé, ce brin de road-movie semblera tel une sorte de voyage initiatique ; il repensait à ce moment où sa jeune fille s’en allait jouer avec sa copine d’école : et si, un jour, ladite Kana se découvrait un amour homosexuel ? Il ne souhaiterait alors pour rien au monde qu’elle se sente mal ou incomprise comme pouvait l’être le garçon du précédent tome. Yaichi, puisqu’il est aussi cet artefact à travers lequel une partie du lectorat sera censée s’identifier, prendra des allures de grand-enfant lors de ses successives et régulières interrogations.

Réapparaîtra également la coloration d’une thématique chère à l’auteur : la famille à l’aune de l’homosexualité, mais aussi, en l’espèce, des parents divorcés. La famille, notion à géométrie variable… notamment celle du cœur : au travers de l’ordinaire des scènes de la vie quotidienne – repas, moment du couché et instants de rires – Gengoroh Tagame fera exulter, dans le plus simple apparat qui puisse être, une évidence non encore intégrée en l’esprit de tous : chacun n’a pas à être regardé différemment des autres sur considération de ses orientations sexuelles.

Lors de la fin de ce voyage bon enfant, interviendra un personnage mystère qui serait lié au passé de Ryoji lorsque celui-ci n’était encore que lycéen. Gengoroh Tagame mettra en exergue deux sortes de façons de vivre son orientation sexuelle : d’un côté, Mike, sincère, épanoui, et bon vivant et, de l’autre, ce Katoyan, taiseux, introverti, et maussade sur lui : la pulsion de vie et la pulsion de mort. Ainsi, cela sera non sans une certaine grandiloquence que l’auteur induira l’état d’esprit le plus naturel qui soit.

Alors, oui, ici, l’œuvre se veut sans grande surprise dans son déroulement ;… Sans doute, davantage de singularité serait fort bienvenue ;… Aussi, les personnages paraîtront d’une psychologie parfois un brin trop sobre ;… Et, manifestement, si le trait de l’auteur est des plus propres, à l’exception de cette charmante couverture à l’effet bonbon, il n’y a point une planche d’une transcendance particulière ;… Néanmoins, pour un tome qui n’aura pas été passionnant de ouf, force sera de constater que l’ensemble s’est voulu empreint d’une expérience de velours, étoffé d’une douce pédagogie et le creuset d’un souffle de tolérance qui pourront laisser le lecteur épris d’un enthousiasme fécond : l’ourson en quête de l’être perdu demeurera toujours aussi attachant tandis que ces divorcés blablatant en toute quiétude seront touchants ; encore, le manga comme support culturel dans sa veine sociale ne sera que trop rare pour oser le bouder sans l’avoir goûté…

Si, au début de sa parution en France, il avait pu être cru qu’il s’agissait là d’une série en trois pavés,  eu égard à la fin du tome et en ce qu’il semblera que le titre demeure en cours de parution au Japon, la continuation de tout ceci s’avèrerait une très agréable nouvelle.

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs