Lucika Lucika Vol.10 : Critiques

Près dix volumes de bons (enfin, farfelus, plutôt) et loyaux services, la petite Lucika s'apprête à tirer sa révérence... Qu'est-ce que son esprit débordant d'imagination et pas toujours facile à suivre va bien pouvoir nous réserver pour ce grand final ? Hé bien, des délires plutôt habituels pour cette petite chipie !

Cette fois-ci, la fillette s'en prend à la Lune ! Dès que la nuit tombe, celle-ci est toujours là, à fixer tout le monde de haut. Lucika en est persuadée : la Lune la surveille...
Et quand ce n'est pas la Lune qui intrigue la gamine, c'est le nouveau robot ménager de la maison, pauvre petit être réduit à l'état d'esclave, pour qui elle se prend d'affection, et qu'elle décide de libérer de sa condition... pour le meilleur ou pour le pire ?
Enfin, quand Lucika se prend d'intérêt pour le perroquet bavard d'une boutique, ça fait, à aussi, quelques dégâts.

Pour ce dernier tome, Yoshitoshi ABe ne change pas sa recette, en croquant différents chapitres indépendants qui, une nouvelle fois, sont plus longs que lors des débuts de la série, ce qui permet à l'auteur d'exploiter plus en profondeur ses idées pour mettre en avant tous les délires et l'imagination de Lucika.
De par son format fait de petites tranches de vie délirantes et globalement indépendantes, la série pouvait se permettre de s'achever un peu n'importe quand, et c'est le cas ici, mais ABe offre tout de même un dernier chapitre offrant des adieux suffisants, car permettant de revoir brièvement les principales têtes tout en marquant le retour dans la vie de la fillette d'un visage important qui manquait cruellement... En quelque sorte, la boucle est bouclée, et ce n'est plus à nous lecteurs de veiller avec amusement sur Lucika !

Au fil des tomes, la série a forcément parfois connu des moments moins inspirés, mais dans l'ensemble Yoshitoshi ABe a su renouveler ses idées, autour de l'inventivité sans limites de sa jeune héroïne, mais aussi autour de sa palette de personnages emmenés de gré ou de force dans les trips de la fillette. La recette n'ayant jamais changé, inutile de dire que si vous n'avez pas aimé le concept dès le début, vous n'accrocherez pas plus à Lucika Lucika une fois la dernière page tournée. A contrario, celles et ceux ayant adhéré à l'univers un peu fou de cette gamine ne bouderont pas leur plaisir sur ce final !

On pourra constater qu'au fil des tomes, le style visuel d'ABe a légèrement évolué, se simplifiant peut-être un peu, pour un rendu un tout petit peu plus "cartoon" allons-nous dire. L'oeuvre reste néanmoins plutôt nuancée dans sa colorisation. Par contre on a parfois une légère impression de "flou" dans les contours, plutôt étrange. Difficile de dire si cela vient du changement d'imprimeur pour ce dernier tome (la série en a d'ailleurs connu plusieurs pendant la publication de ses dix tomes) ou si c'est d'origine. Mais c'est une impression mineure qui ne gâche pas franchement le petit plaisir de lecture qu'est cet ultime opus.