Killer instinct Vol.1 - Actualité manga

Killer instinct Vol.1 : Critiques

Doku Mushi

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 10 Novembre 2016

Reiji Sugiura, 20 ans, étudiant lambda, pense à une certaine Mari quand on sonne à la porte de son studio. Pensant qu'il s'agit de l'objet de ses pensées, il ouvre la porte... puis se réveille plus tard à côté de six autres personnes inconnues, les pieds nus, dans un étrange lieu affichant un compte à rebours équivalent à 7 jours. Une fois les lieux explorés, le constat est sans appel : ils sont enfermés dans une ancienne école qui a été débarrassée de tout objet et où chaque pièce est équipée d'une caméra. L'unique pièce différente comporte 4 caméras, une bâche sur le sol, une marmite et... un hachoir. Quel est l'objectif de tout ceci ? Très vite, ils finissent pas comprendre que quelqu'un observe via les caméras leurs futures réactions face à l'enfermement et à la faim, puisqu'ils n'ont absolument rien à manger, pas même le cuir de leurs chaussures qui ont été soigneusement retirées. Seront-ils capables de survivre pendant 7 jours uniquement avec de l'eau, sans céder à la folie ou à l'envie de manger... de la viande humaine ?

Le premier avis sur Killer Instinct peut être négatif dès le synopsis concocté par l'éditeur, celui-ci évoquant en guise d'objectif le fait de devoir tenir sept jours en ne buvant que de l’eau, ou de devenir cannibale pour survivre. Sept petits jours avec uniquement de l'eau ? Bah, c'est certes forcément douloureux, mais c'est tout à fait faisable sans avoir besoin de devenir cannibale. Heureusement, au-delà de son pitch foireux, ce début de série s'avère un peu plus riche.

L'oeuvre commence d'abord par une petite phase de mise en place, où l'on nous présente succinctement les personnages. Yukitoshi Isaka, 28 ans, salarié. Toshio Nakanouchi, 22 ans, ouvrier. Akane, 21 ans, escort girl. Taichi Nogisaki, 24 ans, chômeur. Yumi Akiyama, 21 ans, étudiante. Michika, 9 ans. Et bien sûr Reiji. Puis s'en suit une phase d'exploration visant à faire comprendre aux 7 individus dans quelle situation ils sont. Une phase d'introduction classique, mais efficace, qui tire également parti d'un autre point : les prisonniers n'ont droit à aucune explication et doivent comprendre ce qui se passe par eux-mêmes. Contrairement à d'autres survival en huis clos comme Doubt ou Judge de Yoshiki Tonogai, le "maître du jeu/l'observateur" ne donne absolument aucune consigne et se contente sans nul doute de regarder ses cobayes à travers les caméras. C'est à Reiji et aux autres de comprendre. Comprendre que le "jeu" dans lequel ils se retrouvent repose sans doute sur un bon vieux concept : celui du "kodoku", un rituel ancien visant à enfermer dans une même jarre pléthore d'insectes venimeux et à les laisser s'entretuer jusqu'à ce que le dernier survivant soit considéré comme celui ayant la meilleure capacité de survie ou le plus dangereux poison. Une idée que le titre original de la série, Doku Mushi ("insecte venimeux" en japonais), véhicule bien.

Bien que concrètement pas originale, l'idée est intéressante et nous fait bien comprendre qu'ici les insectes sont les sept prisonniers, et qu'ils ont sans doute tous un "poison" en eux (peut-être les 7 péchés capitaux, étant donné qu'ils sont 7 et que l'un d'eux se révèle déjà être une représentation de la colère), poison qui les poussera peut-être à s'entretuer plutôt que s'entraider pendant les 7 petits jours. Cela dit, une fois tout ça bien assimilé, il pourrait y avoir de quoi être refroidi par une gestion des événements et des personnages assez agaçante.
En effet, le problème est que dès que la phase d'introduction est bouclée, les choses avancent très vite et témoignent surtout de la stupidité de certains personnages. On pense en premier lieu à notre cher rageux incapable de se contrôler, qui dès le premier tome ne trouve rien de plus intelligent que de déjà se faire détester de tout le monde en faisant bande à part et en commettant un viol. Aaaah, le coup de l'habituel crétin qui se fait haïr dès le début... dès lors, on devine totalement la suite. Mais la réaction face au viol n'est pas mal non plus dans le genre "whaat ?", les andouilles de l'autre camp ne faisant d'abord rien d'autre que de conseiller au bonhomme de "réfléchir à ses actes". Rires.
L'autre problème vient de l'aspect désespérément cliché des différents personnages. Entre la grosse brute colérique, le bonhomme qui comprend tout tout de suite et veut tout diriger, la potiche profonde à gros seins, la bimbo sexy qui se veut vaguement forte(ce qui en fait pour l'instant la moins énervante), et surtout le petit gros chômeur puceau en sueur qui passe son temps à fantasmer sur la gamine de 9 ans en la matant, c'est bon, on a une sacrée palette de ces stéréotypes qu'on n'en peut plus de voir dans le moindre récit basique se voulant pseudo-darko-malsain.

La narration, elle, souffre de sa rapidité en donnant l'impression d'évolutions très lisses chez les personnages, à commencer par celle de Yumi dans la dernière partie du volume, où tout semble vraiment s'enchaîner sans finesse ni profondeur. Cette fin de volume souligne pourtant avec un certain intérêt la façon dont le poison d'une créature peut réveiller celui d'une autre... ou quand la folie révèle la folie.
Quant à l'aspect graphique... Hé bien, on sent fortement que Killer Instinct est la première (et toujours la seule à ce jour) série du dessinateur Keito Aida : c'est pauvre, souvent assez vide, bourré d'inégalités dans les physiques et déplacements des personnages, voire un peu rigide. L'ensemble a au moins le mérite de dégager une certaine froideur qui colle assez bien à l'histoire. Signalons, enfin, que les auteurs ne sont visiblement pas du genre à faire dans la finesse côté visuels, en représentant certaines choses de façon assez crue. Mais sans non plus trop s'étirer, le résultat offrant donc quelque chose d'assez équilibré dans le malsain et le choquant.

Au bout du compte, ce premier volume de Killer Instinct aura de quoi divertir sans mal un public pas trop difficile, notamment grâce à son ton assez malsain et à ses quelques idées autour du "kodoku" et du fait que l'homme peut vite devenir un loup pour l'homme, et à condition d'accepter le manque d'originalité global et l'aspect très stéréotypé des personnages. Ce n'est pas exceptionnel, mais ça se lit et on a vu largement pire dans le genre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
11.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs