Kasane - La voleuse de visage Vol.3 : Critiques

Le pacte entre Kasane et Nina profite aux deux jeunes filles : Nina gagne en notoriété tandis que Kasane s’illustre à merveille sur scène et a gagné sa place pour jouer dans La Mouette. Néanmoins, une rivalité amoureuse oppose les deux jeunes filles en la personne de Reita Ugo, le metteur en scène de la pièce.
C’est une situation de crise qui se présente, mais Nina est victime d’un crime d’un sommeil qui durera un mois. A son réveil, Kasane s’est encore épanoui et a totalement éclipsé celle dont elle a volé le visage…

Un détail nous chiffonnait dans le volume précédent, aussi bon soit-il : la série était-elle destinée à devenir une romance macabre où les deux protagonistes de disputeraient le cœur de Reita Ugo ? La réponse nous est donnée très rapidement et convainc parfaitement. Fidèle à elle-même, après avoir été rejetée par tout et tout le monde, Kasane est une fille difficilement limitable aux interactions humaines et dont le seul désir est de briller sur scène.

C’est dans cette optique que ses relations avec la malade Nina prennent un tournant toujours plus extrême, l’opposition entre les demoiselles ne cessant d’être accentuée. Le volume effraie alors pour le sort qu’il inflige à ses personnages tant il se veut impitoyable. Mais rien n’est gratuit, et on aurait tort de penser que Kasane entretient cette obscure ambiance juste pour garder une tonalité. C’est plutôt l’inverse puisque tous les événements contés depuis le tome précédent trouvent de très justes répercussions dans le scénario, la crédibilité étant de mise puisqu’il était difficile de trouver une issue optimiste au jeu malsain auquel se livrent les deux héroïnes.

L’intrigue ne nous épargne donc pas et c’est même une descente aux enfers progressive qui le construit. Comme une toile d’araignée, les actions de Kasane impactent d’autres personnes, la contraignant à pousser l’engrenage sans limites. La seconde moitié du volume n’aura donc jamais été aussi loin dans les frissons apportés, une horreur purement psychologique puisque tout est question de chute de certains personnages et la manière dont le récit et ses protagonistes, imperturbables, accéléreront cette chute.

C’est sans compter que tous ces événements impactent fortement la jeune Kasane qui, en tant que protagoniste, ne pouvait pas rester sans véritablement évoluer. Derrière cette facette presque machiavélique, c'est une demoiselle véritablement hantée qu'on apprend à découvrir au fil de ce volume, au point que le personnage franchise presque une étape sur sa conclusion. Daruma Matsuura décortique alors une héroïne riche de complexité, qu’on ne saurait vraiment comprendre étant donné l’absence de manichéisme de ce titre qui repose surtout sur des personnalités sombres tout en gardant un élan de rationalité, l’œuvre ne tombant pas dans la noirceur pour la noirceur.

Avec ce tome, la mangaka confirme que Kasane est un manga atypique, aussi complexe que macabre. L’histoire progresse ici à bon rythme, de même que les manigances de Kasane et son évolution psychologique qui permettent au scénario de déranger plus que jamais, une ambiance absolument captivante, bien que terrifiante. On reste happés par la lecture d’un bout à l’autre et à ce titre, l’attente entre deux volumes est bien difficile !