Innocent Vol.7 - Actualité manga
Innocent Vol.7 - Manga

Innocent Vol.7 : Critiques

Innocent

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 01 Juillet 2016

Alors que les belles personnes festoient de leur gosier gras dans les jardins du Palais de Versailles, Charles-Henri Sanson – l’exécuteur des hautes œuvres de Paris – s’en vient fouler le sol de la petite fête tout vêtu de bleu… la couleur du sang noble. Lui… le bourreau… Néanmoins, s’il fut, en réalité, l’invité du très jeune Louis-Auguste de France – futur Louis XVI –, l’invitation laissera place à un fort étrange procès contre sa personne : « Monsieur de Paris » est en mauvaise posture…

D’abord, Shin’Ichi Sakamoto troque en l’espèce la tension régnant autrefois au sein de la famille Sanson par les jeux de pouvoir de la Cour de Versailles. Le suspense est certes toujours aussi agréablement mené, au point que tout cela se lit avec un certain plaisir, mais la noirceur et les tourments des premiers tomes laisse place ici au grandiloquent et à l’opulence d’un milieu qui, sous la plume de Sakamoto-sensei, en deviendrait presque que trop théâtral : un vent de comédie musicale soufflera à quelques endroits.

Puis, Les dialogues sont souvent très bons et manifestement davantage soutenus que la masse des mangas contemporains, ce qui est fort appréciable lors de l’échange rhétorique entre Charles-Henri et l ‘avocat : un moment vraiment cool ; d’autant que lors de cette phase le rythme du récit ralenti permettant ainsi de bien se focaliser sur l’escarmouche verbale qui aurait sans doute méritée d’être davantage prolongée.

Ensuite, l’auteur a bien bossé la période concernée ; … beaucoup de références, de personnages historiques véritables et de situations d’époque qui  interpellent. Il aura notamment été apprécié les stratégies de Marie-Thérèse d’Autriche qui fait du mariage de sa descendance un outil de sa politique diplomatique et la chronologie des évènements quant à l’ascension de Marie-Antoinette ou encore l’épidémie de vérole. En ce qui concerne l’uchronie établissant une relation – là aussi – hautement intime entre Charles-Henri et Louis-Auguste, il aura été éprouvé un sentiment étrange quant à l’intérêt de tout cela.

Aussi, il se passe trop de choses… des choses intéressantes qui auraient pu être davantage approfondies par l’auteur, pour leur donner davantage de corps… pour davantage étoffer son récit… davantage esquisser la psychologie de ses personnages… davantage… davantage… Cela manque également de creux… de vides afin de créer, dans le respect des règles romanesques, des reliefs du plus bel effet ;…

Enfin, on notera un relatif manque d’équilibre sur certains points culminants ; cela semble parfois manquer de finesse. La violence n’est pas toujours à sa place parce que, d’une part, parfois trop présente et, d’autre part, souvent disproportionnée. L’estocade de Louis-Philippe d’Orléans n’était-elle pas vraiment nécessaire ; la tournure des choses était suffisamment intéressante pour ne point sombrer dans une forme d’outrance d’hémoglobine. De la même manière, la sexualité n’est que trop aisément la cause de l’état de bien des relations entre certains personnages ; d’autant que cela ne colle pas toujours avec la personnalité du personnage concerné : l’aléa sexuel entre La Comtesse de Marlet et Charles-Henri Sanson n’était-elle pas suffisamment finement amenée pour trop se porter sur l’acte en lui-même.

Dans un interview Shin’Ichi Sakamoto évoquait le manga comme une œuvre de divertissement. Cependant, si le divertissement peut être l’effet perpétré par une production de qualité, il ne doit pas en devenir pour autant la substance, auquel cas il est perdu en insolence. C’est un peu ce qu’il sera ressenti ici, en dépit des maintes qualités indéniables inhérentes à ce tome : sublime du dessin, fluidité de la mise en scène, métaphores graphiques inspirées, et cetera.



Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs