In These Words - Edition Limitée Vol.1 - Actualité manga

In These Words - Edition Limitée Vol.1 : Critiques

Gen no Tsumi

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 14 Juillet 2014

Taïfu tape fort en proposant In these words. C’est une des séries les plus appréciées par les fans et les lecteurs de scan. C’est une licence qui a été attendue avec impatience, et l’éditeur prend le parti d’en proposer une édition limitée deluxe, pour rendre honneur au premier tome de la série. Grand format, couverture rigide, poster recto verso en couleur, marque-page et chapitres supplémentaires respectant l’édition américaine, c’est vraiment du beau travail. La couverture est, de plus, superbe avec une image très parlante quant au contenu du manga. Notons, de plus, que les dégradés et trames sont bien respectés à l’intérieur, l’impression rend parfaitement bien les tons de noir. Bref, un vrai plaisir à la lecture et un bon travail de la part de l’éditeur, qui rend parfaitement hommage à la série.


Quid de l’histoire ? Katsuya Asano est un profiler, psychiatre aguerri formé aux États-Unis. Il se voit confier une mission pour la police de Tokyo. Son aide est requise pour capturer un tueur en série psychopathe qui sévit depuis de trop nombreuses années. Son apport et ses compétences sur la psychologie des meurtriers vont permettre à la police d’arrêter le criminel. Shinohara Keiji est donc arrêté, mais n’accepte de livrer ses aveux qu’à Katsuya. La confrontation se fait à la manière d’un « Silence des agneaux », durant laquelle le meurtrier confie ses pensées les plus intimes, ses pulsions, à un aide de la police, à celui qui l’a arrêté. Cette complicité, cette solitude entre eux nous rappelle celle entre Hannibal Lecter et Clarice Starling. Seulement, au fur et à mesure de leurs discussions au sein d’une maison abandonnée dans laquelle un simple policier faisant office de garde du corps monte la garde, Katsuya va sombrer peu à peu. Chaque nuit, il voit des cauchemars horribles l’envahir, dans lesquels un homme sans visage le séquestre, le viole en lui susurrant qu’il l’aime. L’ambiance, merveilleusement oppressante, nous met le doute. On ne sait plus ce qui est rêve ou réalité, ce qui arrive avant ou après.


En effet, durant les premières pages, une partie de narration écrite nous est offerte. La traduction étant très fluide et agréable, cela ne dérangera pas les lecteurs qui auront alors une vision plus romancée de la rencontre de Katsuya et de son bourreau. Ce passage apporte beaucoup à la narration, puisqu’on saisit bien mieux l’image que dégage l’homme rencontré au café, sa persévérance, son envie d’entrer en contact. Cela pose les bases de l’histoire et contribue grandement à l’ambiance glauque du tome. Mais surtout, cela brouille les pistes. L’arrestation arrive-t-elle avant, après ? Que se passe-t-il en premier ? Car il est évident que le bourreau de Katsuya et le criminel interrogé sont une seule et même personne. Seulement voilà, durant la majeure partie du tome, on ne sait pas ce qui est arrivé en premier, ce qui est réalité ou onirisme. On ne sait pas jusqu’où cet homme dérangé contrôle Katsuya, s’il se joue de lui en étant arrêté ou non. La paranoïa s’empare peu à peu de nous, et on en vient même parfois à se demander pourquoi le profiler est seul avec cet homme dangereux, dans une maison abandonnée, avec comme par hasard son chauffeur qui s’absente et l’obligation pour lui de dormir dans cette même maison, avec un meurtrier.


C’est clairement le but du manga, de créer cette ambiance glauque, pesante, sourde. A la lecture, on a parfois l’impression d’étouffer, de se noyer. Shinohara est magnifique de superbe, de morgue et d’assurance. La relation entre les deux personnages est malsaine, incertaine puisque l’on avance en aveugle sans savoir ce qui motive quoi. Ce n’est qu’à la fin du tome que l’on se fait une image un peu plus précise de leurs sentiments et de ce qui a motivé cette horreur. En dernier lieu, je parlerais des scènes de sexe. Violentes, remplies d’une incroyable envie de souffrance et de soumission, ces pages ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Pourtant, on les apprécie. Si l’on peut voir les enjeux sentimentaux à travers ces situations de viol et de torture, alors on appréciera clairement In these words. On souffre en même temps que Katsuya, on est tenus en haleine et je n’ai personnellement qu’une question : comment les auteurs vont-elles réussir à faire évoluer tout ça vers une relation amoureuse ? C’est cette justification que j’attends. Appréciant ce genre d’évolution, j’ai hâte de voir ce qu’il en sera dans les prochains volumes. C’est donc clairement un très bon début de série, qui pose des bases solides et assumées. De la violence non gratuite, justifiée, expliquée, voilà qui est prometteur.


Au niveau des graphismes, on assiste à un mélange intéressant et atypique d’un style manga, et d’un trait plus américanisé. Un équilibre entre comics et manga, pour un dessin original. Les traits sont durs, les personnages ont une maturité physique qui change du trait très japonais que l’on connaît. Les corps sont anguleux, les muscles saillants, les détails soignés. Il n’y a aucun défaut de proportion, et les personnages dégagent un dynamisme rare et très apprécié. Chaque action est très bien dessinée, relatant avec soin les mouvements et surtout les émotions des protagonistes. C’est sans doute ce dans quoi le dessin est le plus réussi. On ressent la folie de Shinohara, la détresse, mais la rage de vaincre de Katsuya, la colère et la peur. C’est également ce qui rend les scènes de sexe aussi réussies, grâce au faciès de Katsuya, qu’on voit seul puisque son ravisseur nous est caché la plupart du temps. Notons enfin que les décors sont présents, pour nous immerger complètement dans un univers qui paraît simple et qui se complexifie de plus en plus. Un vrai petit bijou.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs