Grande maison et petite maison : Critiques

Monsieur Ours et Madame Souris ont beau habiter sur le même long chemin, ils ne se sont encore jamais croisés. Vivant tout à l'est du sentier, la petite souris n'a que quelques pas à faire pour atteindre le village où elle exerce ses talents de boulangère. A l'autre bout du chemin, le grand ours se rend tous les jours à l'ouest, dans la forêt proche de chez lui où il travaille en solitaire. Ils vivent leur vie chacun de leur côté, mais dans le fond, tous les deux se sentent seuls. Quand le dimanche arrive, Madame Souris se décide à aller vers la forêt, et Monsieur Ours choisit d'aller faire un tour en ville. Sur le chemin, ils se croisent sans s'apercevoir, et sont tous deux confrontés à la réalité en arrivant à leur destination, où les couples, les familles et les groupes d'amis profitent de bons moments ensemble. Plus seul que jamais, Monsieur Ours retourne chez lui la tête baissée. Plus seule que jamais, Madame Souris rebrousse chemin le museau en l'air... si bien que tous deux se croisent enfin. Sans se poser trop de questions, le grand ours propose à la petite souris de venir prendre le thé chez lui, tous deux se mettent à parler ensemble de tout et de rien, s'entendent très bien, et ont bon espoir de se revoir chaque dimanche ! Mais le dimanche suivant, une tempête s'abat, la rivière menace de sortir de son cours en emportant la petite maison de Madame Souris... Comment Monsieur Ours pourrait-il sauver sa première amie ?

Auteur riche d'une quarantaine d'années d'expérience dans le domaine des récits jeunesse, Yoshi Ueno, que l'on connaît déjà en France pour Cache-cache et Petit-rond paru en 2002 chez Albin Michel, met toute son expérience au service d'un récit joliment construit, qui offre d'abord un joli parallèle entre la vie de la souris dans sa petite maison et celle de l'ours dans sa grande maison, avant de réunir ces deux êtres pour la naissance d'une amitié allant au-delà de toutes les différences. Le message est on ne peut plus simple : l'amitié peut naître partout, à tout moment et entre n'importe qui, y compris entre personnes que tout semble opposer, et pour cela il suffit d'aller vers l'autre. Il en faut peu pour briser la solitude.

Pour porter la beauté simple du texte, Emiko Fujishima, jeune professeur en art, offre ici un premier travail d'illustratrice très plaisant, ses planches aux teintes pastel dégageant un fort aspect léger et chaleureux, et offrant beaucoup de douceur aux personnages animaliers.

Un joli conte de 36 pages, qui, comme souvent chez les éditions nobi nobi !, est porteur d'un joli message positif et essentiel.