Ghost & Lady Vol.2 - Actualité manga
Ghost & Lady Vol.2 - Manga

Ghost & Lady Vol.2 : Critiques

Kuro Hakubutsukan - Ghost and Lady

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 06 Octobre 2017

Critique 2


Toujours suivie de près par Grey, le fantôme de Drury Lane désireux de faire d'elle l'héroïne de sa pièce tragique et de la tuer quand elle sera au summum du désespoir, Florence Nightingale poursuit son combat en Turquie, aux portes de la Guerre de Crimée, au sein de l'hôpital militaire de Scutari où rien ne va. Le matériel et les vivres manquent encore beaucoup trop, les conditions sanitaires sont déplorables, il y a quasiment deux fois trop de patients par rapport à ce que l'établissement peut accueillir... La jeune femme a alors le désir profond d'apporter à cet hôpital les mêmes modernisations qu'elle a permis en Angleterre. Mais en agissant ainsi, elle ne sait pas encore à quel point elle titille l'ego de l'inspecteur général John Hall, qui ne supporte pas de voir cette femme s'immiscer dans les affaires dont il a la charge ! Et elle sait encore moins que Hall est lui aussi accompagné par un fantôme : celui du Chevalier d'Eon, qui a un vieux conte à régler avec Grey...


Le premier excellent volume de Ghost & Lady permettait d'enfin découvrir le passé de Grey, ancien duelliste suppléant qui n'a pas survécu à son conflit avec d'Eon. Nous avons découvert comment cet homme, trahi par la femme qu'il aimait à la manière d'une pièce tragique, est devenu un fantôme hantant le théâtre de Drury Lane dès que des bonnes pièces y étaient jouées. Et c'est désormais avec tout cela en tête que se poursuit le double combat de "Ghost" et de "Lady".


D'un côté, on a une Flo qui reste un véritable régal à suivre, d'autant que Kazuhiro Fujita a fait le choix de rester très fidèle au parcours historique du personnage, à grand renfort d'une vaste documentation précisée en fin de livre. Il est par exemple connu que John Hall était en effet vivement opposé à Miss Nightingale, qu'il descendait notamment dans ses lettres, comme dans le manga, et Fujita n'a alors plus qu'à réinterpréter un peu cette figure pour en faire un véritable antagoniste détestable. Tout au long de la lecture, le mangaka continue d'immiscer nombre de personnages historiques ayant réellement pu côtoyer Florence dans ces conditions : Lord Sydney Godolphin Osborne, Augustus Stafford, John Henry Lefroy, Lord Panmure, FitzRoy Somerset, ou même le cuisinier d'origine française Alexis Soyer font leur apparition, parfois avec un rôle important, et les repérer et les rattacher au récit peut vite devenir un régal. De même, Fujita rend le tout encore plus immersif par le biais de quelques détails contextuels, par exemple l'apparition de la cigarette chez les soldats anglais et français pendant la guerre de Crimée (véridique). Sur ces bases d'une richesse folle, l'auteur a alors tout le loisir de développer une héroïne qui continue de séduire par sa force, sa détermination à soigner les gens, en n'en considérant aucun comme un moins que rien. Soigner les soldats du mieux qu'elle peut dans des conditions exécrables, veiller sur ceux qui agonisent jusqu'à ce qu'ils rendent leur dernier soupir parfois avec le sourire... Sur tous les fronts à la fois, sans rien attendre en retour, mais en obtenant pourtant toute la gratitude des hommes dont elle s'occupe et qui la voient comme un ange au point d'embrasser son ombre, elle veut simplement accomplir son devoir, quitte à ce que son corps finisse par la lâcher un jour ou l'autre.


"J'ai juré de ne jamais laisser personne s'en aller seul vers la mort !"


Une humanité exemplaire qui rend la Florence Nightingale de Fujita profondément attachante, même si elle conserve des faiblesses qui menacent parfois de la faire craquer. Entre le découragement des soldats, la lourdeur des procédures de l'administration militaire, ou les autorités faisant semblant de ne rien voir, il y a effectivement de quoi se désespérer... Mais la plus grande menace pour elle reste bel et bien John Hall, prêt à toutes les bassesses pour lui mettre des bâtons dans les roues et l'empêcher de travailler correctement, sans se soucier des malades et des estropiés, simplement pour éviter à sa fierté à lui d'être entachée. Le méchant de l'histoire campe si bien son rôle qu'il va me^me jusqu'à laisser d'Eon attenter à la vie de la jeune femme...


Mais d'un autre côté, auprès de Florence, il y a Grey. Le fantôme ne peut évidemment laisser d'Eon tuer Flo, car la demoiselle est sa cible, c'est lui qui doit la tuer, quand elle sera totalement désespérée, pour achever sa pièce tragique ! Pour éviter que le pire arrive, il doit non seulement trouver qui se cache dans l'ombre du Chevalier d'Eon, mais aussi veiller à ce que Flo soit capable de se débrouiller seule face au danger ! Toute une partie du tome, surtout au début, voit alors Grey faire en quelque sorte l'éducation de Florence sur bien des points : apprendre à tenir tête aux autres, à obtenir ce qu'elle veut sans violence, à se défendre si on en veut à sa vie... C'est clairement à partir de là que le lecteur sent que, petit à petit, quelque chose change entre les deux protagonistes.


Et la relation entre "Ghost" et "Lady" devient alors l'un des autres axes essentiels de la lecture. Grey a beau dire que s'il fait tout ça c'est pour que sa cible ne lui échappe pas quand elle sera au summum du désespoir, on sent bien que Flo n'est, petit à petit, plus une simple cible. De même, observer les réactions de Florence vis-à-vis de Grey est un délice. Quand il n'est pas là, elle le cherche. Quand il s'absente, il lui manque profondément... Leur lien change en profondeur, jusqu'à une toute fin qui traverse les décennies en sachant se faire très émouvante.


Cette fin, clairement, est aboutie sur tous les points, tant Fujita n'y oublie rien : un point d'orgue fort sur la relation des deux protagonistes et sur la vie qu'ils ont eue ensemble (même si Grey était déjà mort), une réponse sur ce que représentent les deux balles soudées qu'il est venu chercher au Black Museum (c'est fou ce qu'un tout petit objet peut avoir comme origine et comme histoire), une solution à la formule des 4 choses (quelque chose de neuf, quelque chose de vieux, quelque chose d'emprunté, quelque chose de bleu) de la comptine de Mother Goose qui fait de la jeune mariée une femme heureuse... et même un final à la fameuse pièce de théâtre que Grey voulait construire avec Flo en héroïne : cette pièce, ne vient-il pas de la jouer avec pour spectatrice la conservatrice du musée ?


Le côté un peu linéaire est moins de mise que dans le tome 1, et Fujita sait toujours briser la possible routine au bon moment via les petites apparitions et réflexions régulières de la conservatrice, véritablement absorbée par le récit du fantôme. En plus d'être dense et riche, la narration de Fujita reste décidément très maligne. Et ses dessins font le reste : ses personnages d'une expressivité folle, ses designs d'ectoplasmes très denses, ses planches souvent bien encrées et jamais vides... sont autant d'éléments qui accentuent l'immersion. Il faut, enfin saluer encore des textes bien ciselés, une réussite où le traducteur Sébastien Ludmann n'est pas étranger, tant il a su jouer sur des répliques vives et sur les différences de langage selon les personnages.


En toute fin d'ouvrage, les lecteurs pourront s'amuser d'un petit clin d'oeil envers le manga Embalming de Nobuhiro Watsuki (publié au Japon chez l'éditeur Shûeisha, là où Ghost & Lady a été publié chez Kôdansha), mais aussi apprécier la postface très intéressante du mangaka, qui nous laisse même d'ores et déjà espérer un troisième acte pour les histoires du Black Museum !


En tout cas, après un Springald déjà excellent, Kazuhiro Fujita récidive avec ce Ghost & Lady riche et passionnant, qui mêle à merveille morceau d'Histoire, interprétation de personnages historiques et de légendes, ou encore aspect théâtral, le tout sans rien oublier de ses pistes.


Critique 1


Après de nombreuses péripéties, et notamment le retour particulièrement inattendu, dans le camp adverse, du Chevalier d’Éon, Grey raconte son passé à Florence: sa vie, mais également sa mort, ses premiers pas en tant que fantôme avant qu'il ne rencontre la jeune fille jusqu'à arriver là où ils sont désormais! 


Mais très vite Florence va devoir continuer son combat contre l'hypocrisie de la hiérarchie militaire pour sauver toujours plus de vies. Mais cela entraînera la colère et la vengeance de John Hall, un être dénué de toute morale, de toute valeur...un être protégé notamment par le chevalier d’Éon! 


Outre ses conseils afin qu'elle mène son combat à bien, Grey aura donc fort à faire pour protéger sa muse!


Après un premier opus absolument saisissant, d'une qualité sans faille, sorti de l'imagination d'un auteur toujours au top, on attendait ce second et dernier tome avec une impatience non dissimulée, sans avoir le moindre doute de sa qualité...et nous avions raison de faire confiance à Kazuhiro Fujita qui nous livre ici une conclusion tout aussi riche et palpitante que la première partie! 


On retrouve donc nos personnages principaux, suite aux révélations touchantes de Grey qui nous a présenté son passé, un passé aussi dramatique que passionnant...une histoire dans l'histoire! 


Et la suite du récit ressemblera également à cela (à l'instar du premier tome), c'est-à-dire un récit en escaliers avec plusieurs histoires qui s'imbriquent: celle de Grey qui rencontre Florence, leur histoire commune, celle à l'origine du titre, celle de Florence bien évidemment, qui occupe une grande partie de la série, celle contée par Grey à la conservatrice du Black Museum...autant de récits qui aurait pu être séparés, mais que l'auteur mêle avec une fluidité remarquable! 


Bien évidemment, comme cela avait été le cas dans le premier tome, le récit se centre avant tout sur l'histoire de Florence Nightengale...romancée bien évidemment, racontée par un Fujita qui mêle les genres avec une facilité déconcertante, mais se rapprochant le plus possible de ce que l'Histoire a retenu d'elle et de son combat! 


Ainsi, pour un temps (et pour une longue partie du tome), les ectoplasmes sont laissés de coté, même Grey et d'Eon, seront longuement absents, l'auteur se contentant de raconter la lutte de Florence pour améliorer les soins dans les hôpitaux durant la guerre! 


On délaisse donc l'aspect fantastique pour s'intéresser à quelque chose de beaucoup plus terre à terre, beaucoup plus réaliste: les combats qu'a réellement mené Florence Nightengale en son temps! 


L'auteur nous expose donc à nouveau l'état d'insalubrité des hôpitaux, les conditions déplorables dans lesquelles étaient accueillis les malades et blessés, ils nous présentent des personnages historiques ayant aidés la célèbre Florence Nightengale dans son combat face à une hiérarchie militaire bornée et se souciant plus de sa réputation que de ses blessés... 


Tout en étant dur, c'est réellement passionnant, on sent que Fujita a fait des efforts de recherches (d'ailleurs il précise qu'il a été accompagné pour toutes les parties historiques), et cela a quelque chose d'émouvant de (re)découvrir ce pan si important de l'histoire qui a changé / sauvé la vie à des milliers de soldats, mais aussi et surtout changé la manière de penser les soins dans les hôpitaux! Des inspections sanitaires à l'amélioration de la nourriture par le biais d'un chef adaptant ses plats aux différents malades, tout ceci est absolument passionnant! 


Et la grande force de Jujita c'est la façon qu'il a de mettre cela en scène: en créant une véritable tension, en distillant un véritable suspens, avec des retournements de situations! 


On pourrait lui reprocher le manque de profondeur de certains personnages, venant apporter leurs soutien à Florence, mais s'ils ont joué un rôle important ils ne sont effectivement que secondaires et dans le récit et dans l'Histoire! 


Grey n'est pas totalement absent de tout ça, et là encore Fujita fait un remarquable travail puisqu'il intègre un fantôme à cette trépidante histoire, faisant de ce dernier le conseiller militaire de Florence, présentant son combat contre la hiérarchie militaire, et notamment John Hall, comme une véritable bataille avec des stratégies spécifiques à adopter...d'où la réussite de ce fameux combat! 


Le postulat de Fujita est clair, et en même temps il donne à réfléchir: et si les voix que Florence Nightengale avait entendues pour se lancer dans cette carrière bien loin de ce à quoi elle était prédestinée avaient vraiment existé? Dans ce cas, pourquoi ne pas personnifier cette voix par un fantôme protecteur tel que Grey? 


Le mélange des genres fonctionne parfaitement et le glissement dans le fantastique de ce récit historique fonctionne tout autant! 


Suite à cette première partie centrée uniquement sur Florence, l'auteur nous propose une seconde partie beaucoup plus tournée vers l'action et le fantastique! Grey et d'Eon s'opposent à plusieurs reprises, on découvre le gigantesque ectoplasme de John Hall, l'auteur met en scène un secrétaire grand et puissant capable d'égorger des militaires par poignées...bref le rythme de la seconde partie s'accélère grandement et la série va alors prendre un nouveau virage! 


Là on retourne en plein fantastique avec une lutte épique, titanesque même, des affrontements que l'auteur a peut être plus de mal à mettre en scène, mais qui restent malgré tout lisibles, d'autant qu'ils sont avant tout symboliques! 


Au final nous obtiendrons toutes les réponses aux questions posées, et même un peu plus: les balles fusionnées, la présence de Grey au Black Museum, la combat de Florence face à Hall, le destin d'Éon, mais aussi et surtout de nos deux personnages principaux... 


Bien évidemment le dernier chapitre leur sera entièrement consacré, au gré de retrouvailles touchantes et oniriques, l'auteur parvenant à manier tous les tons avec un talent sans borne! 


Mais le mot de la fin ne sera ni pour Grey ni pour Florence, mais pour la conservatrice du Black Museum, témoin privilégié de ce récit, interlocutrice de Grey durant l'ensemble de la série, intervenant à chaque fin de chapitre! 


Fujita se payant même le luxe à la toute fin de son titre de nous faire une dernière surprise / révélation concernant l'hôte accueillant Grey, mais aussi il fait un clin d’œil à son confrère Nobuhiro Watsuki, l'auteur de Kenshin en intégrant à la toute dernière page de son récit les personnages de Embalming, dernier titre de Watsuki, se déroulant dans la même Angleterre Victorienne, laissant supposer un univers étendu (bien qu'assez éloignés)... 


Que dire du dessin et de la mise en scène d'un auteur qui n'a plus rien à prouver à ce niveau? Le trait reste très personnel, mais il possède une énergie et un dynamisme sans commune mesure! 


L'édition de Ki-oon est du même acabit, le lecteur tenant en main un magnifique ouvrage sans le moindre défaut! 


Un second opus tout aussi génial que le premier! Et en bonus l'auteur nous annonce que les portes du Black Museum pourraient se rouvrir... nous ne demandons que ça!


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

18 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs