Gate - Au-delà de la porte Vol.1 - Actualité manga
Gate - Au-delà de la porte Vol.1 - Manga

Gate - Au-delà de la porte Vol.1 : Critiques

Gate - Jietai Kare no Chi nite - Kaku Tatakeri

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 13 Mai 2016

Critique 1


A l'origine de Gate, on trouve un light novel écrit par Takumi Yanai et illustré par Daisuke Izuka. Inédite en France à ce jour, cette série de romans a démarré au Japon en 2006 et est désormais achevée.
Chez nous, l'oeuvre a d'abord été popularisée à partir de l'été 2015 par une adaptation animée à succès, qui a ensuite connu une seconde saison en hiver 2016. Les deux saisons ont été diffusées en simulcast sur Wakanim, et sont prévues en support physique chez @Anime.
Avant l'anime, toutefois, Gate a connu dès 2011 une adaptation manga dessinée par Satoru Sao, ainsi que plusieurs spin-off, toujours en manga. C'est la version papier de Mr Sao que les éditions Ototo nous proposent de découvrir.

Tout commence à Ginza, un quartier de Tokyo, où une étrange porte apparaît soudainement, laissant échapper des dragons qui ne tardent pas à semer le chaos et le sang dans la capitale nippone avant d'être stoppés par les Forces japonaises d'autodéfense. Tandis que le monde entier braque ses yeux sur cet événement étrange, les FJA organisent la contre-attaque et franchissent la mystérieuse porte... pour découvrir derrière elle un tout autre monde, à l'apparence un peu moyenâgeuse, peuplé d'humains bien sûr, mais aussi d'elfes, de mages, et de tout un tas de créatures qui feraient les beaux jours d'un récit de fantasy. Pour Yoji Itami, lieutenant des FJA sans la moindre motivation, mais féru de fantasy, c'est une aubaine. Mais plutôt que d'attaquer des monstres comme ils le pensaient, lui et ses acolytes vont découvrir petit à petit un monde avec ses propres règles, sa propre hiérarchie, et ses propres conflits. Tout comme ils ne vont pas tarder à sauver des êtres aussi divers qu'intrigants : Tuka Luna Marceau, fille d'un éminent elfe et unique survivante du massacre d'un dragon sur son village, Lelei La Lalena, jeune mage humaine, et Rory Mercury, énigmatique apôtre du dieu Emroy et semblant cacher sous ses allures de fillette gothloli une certaine soif de sang.

Dans un premier temps, on peut dire qu'il faut un peu s'accrocher pour se plonger dans une lecture qui balance assez vite sa phase d'introduction puis rentre rapidement dans le vif du sujet en s'éparpillant sur nombre de pistes à la fois. Mais une fois que l'on s'y est fait, on a vite fait de découvrir un univers foisonnant et aux multiples possibilités... qui a sans doute, pour première qualité, de ne pas se limiter à l'exploration de l'autre monde, et de s'intéresser également aux enjeux qui se dessinent sur le plan diplomatique dans notre réalité au sujet de ce nouvel univers. En effet, ni 100% fantasy ni 100% réel, Gate se présente très rapidement comme un mix intelligent des deux.

Forcément, la découverte d'un tel univers attire rapidement les grandes puissances de notre monde. Les Etats-Unis aimeraient y exploiter à l'infini les ressources, la Chine y fonder une nouvelle nation chinoise... mais le seul accès vers cet autre monde se situant au Japon, on devine prochainement l'arrivée de négociations et conflits diplomatiques qui ne sont pour l'instant que brièvement évoqués, histoire de les mettre en place et de bien nous faire comprendre dès le début que nous n'aurons pas là un énième titre de fantasy lambda.

Pour le reste, ce premier volume invite surtout le lecteur à découvrir diverses premières facettes de cet autre monde, et bien que le tout s'éparpille un peu sur beaucoup de choses à la fois sans donner pour l'instant des informations ultra précises (par exemple, on cerne encore très mal les relations d'alliance ou de conflit entre les différentes nations de ce monde), on peut se dire que cette découverte assez hasardeuse a son charme, car elle suit relativement le rythme des découvertes des FJA, et elle entretient une envie de découverte, avec un monde à déterminer et à cerner petit à petit au fil de l'exploration, un peu comme on le ferait dans un jeu de rôle.
Une chose est sûre, cela s'annonce très intéressant, car on a bien conscience que ce vaste univers possède son propre fonctionnement où se côtoient différentes races, et que la volonté d'amener un aspect réaliste à tout ça passe également par des éléments importants comme les problèmes de langue, qui empêchent les FJA de communiquer efficacement avec Tuka, Rory et les autres. On pourra également s'amuser à essayer de repérer les clins d'oeil dans les noms des personnages (j'aime déjà Pina Co Lada), ainsi que les références des noms de lieux et de rivière, évoquant souvent des endroits de la région méditerranéenne : Italica, Tessalia, Elbe, la rivière Roma...

La rencontre et l'adaptation entre les deux mondes, elles, sont pleines de promesses qui n'attendent qu'à être développées, et cela d'un côté comme de l'autre. Car pendant que les FJA explorent peu à peu ce monde qui semble issu d'un autre temps et qui regorge d'êtres qu'on croirait sortis d'un récit de fantasy, les habitants de cet autre monde, eux, découvrent chez nos héros des véhicules et armes modernes qu'ils ne connaissent pas.

Dans tout ça, dans ce contexte déjà très bien fourni, Satoru Sao parvient plutôt bien à faire ressortir les principales premières figures croisées par les FJA dans ce monde. L'elfe Tuka, la mage Lelei et l'apôtre Rory ne manquent ainsi pas d'attirer l'attention, même si l'on attend clairement de les voir plus approfondies. Surtout Rory qui, de par sa nature d'apôtre et l'aspect un peu malfaisant qu'elle peut dégager parfois, est celle qui intrigue le plus. A contrario, pour l'instant le bât blesse du côté des principales figures des FJA, transparentes et peu charismatiques, y compris Yoji qui reste très banal et passe-partout. On se demande si cela changera par la suite.

Dessinateur depuis le début des années 2000, Satoru Sao est loin d'en être à son coup d'essai, et cela se ressent très bien : ses planches sont généralement denses tout en restant lisibles, et peuvent même être réellement impressionnantes, à commencer par celles mettant en scène le dragon cracheur de feu, magnifique, détaillé, et dont on ressent à la fois toute la puissance, la lourdeur, la dangerosité et la noblesse. Les décors sont souvent bien présents sans être trop fournis et participent beaucoup à l'immersion, tout comme il y a une certaine précision au niveau des véhicules des FJA ou des armes, que ces dernières soient de notre monde (les armes à feu des FJA) ou de l'autre (comme la hache de Rory). Les designs des habitants de l'autre monde sont bien variés et agréables à l'oeil, surtout concernant ces demoiselles... là où le bât blesse une nouvelle fois du côté des FJA, dont le design assez banal tend à les rendre parfois difficiles à différencier.

Peut-être un peu délicat à appréhender au départ tant elle part sur de multiples pistes, l'oeuvre s'annonce donc sous de très bons auspices. Avec son univers à la croisée de plusieurs genres, sa découverte de l'autre monde et les nombreux enjeux relationnels, politiques et diplomatiques qui sont esquissés, Gate - Au-delà de la porte a toutes les cartes en mains pour très vite décoller !

L'édition d'Ototo, elle, est au poil : papier bien épais tout en restant souple, bonne qualité d'impression, traduction de Nicolas Pujol vivante et dynamique...


Critique 2


La grosse licence de l’année des éditions Ototo se sera faite attendre. Gate : Au-delà de la porte est à l’origine un light-novel écrit par Takumi Yanai et illustré par Daisuke Izuka depuis 2006, dont le succès a permis différentes déclinaisons, notamment une série animée qui compte actuellement deux saisons ainsi que le manga dessiné par Satoru Sao depuis 2011. Si nous connaissons déjà le récit de fantasy par le biais de l’anime éponyme, diffusé en VOD sur Wakanim, c’est maintenant le manga qui nous est proposé par Ototo et afin de célébrer la sortie d’un seinen qui a de quoi attirer les curiosités par son pitch, quoi de mieux que déguster les deux premiers volets d’une traite ? L’éditeur a en effet jugé bon de proposer deux tomes pour honorer le lancement de l’œuvre, à juste titre quand on se rend compte du potentiel de la série, soulevé par cet alléchant tome d’introduction…

Au vingt et unième siècle, au Japon, le quartier de Ginza voit apparaître en son cœur un gigantesque portail reliant notre monde à un univers parallèle dont l’époque rappellent les temps médiévaux. Seulement, armée de chevaliers et créatures fantastiques peuplent ce monde qui envahit le quartier de Ginza, provoquant la réplique des troupes d’autodéfense qui investissent ce monde inconnu afin de le découvrir. Yôji Itami, otaku et soldat des forces d’autodéfense, se voit confier la tâche de mener son bataillon à travers ces terres inexplorées. Durant son voyage, c’est un univers de fantaisie à la culture bien différente qu’il s’apprête à découvrir tandis que dans l’ombre, et du point de vue des deux camps, le lien naissant entre les deux mondes nourrit d’obscurs complots…

En voilà un récit original que ce Gate qui, par ce simple premier volet, pose les bases de son univers et distille ci et là de nombreux éléments qui ne cessent de piquer notre intérêt. Dans son intrigue originale, Takumi Yanai explore le thème des mondes de la fantasy de manière très ingénieuse en orientant la découverte d’un nouvel univers par les yeux d’une troupe d’autodéfense, de l’armée donc, et n’importe donc pas un énième héros humain prêt à braver mille et un dangers. Au contraire, ce premier opus appuie largement la découverte par le regard d’un bataillon loin d’être hostile, privilégiant l’aide aux populations afin de nouer des relations cordiales entre les deux mondes. Le point de vue qui nous est proposé a donc quelque chose de rafraichissant sans compter que les batailles narrées ici brillent d’une dimension militaire, opposant des armées et créatures fantastiques et médiévales aux engins de guerre moderne, un pari pour le moins original.

Ainsi, les quelques idées relevant du fan service pour otaku, comme la présence d’une sorcière gothique-lolita ou autres elfes charmantes qui accompagnent l’escadron de Yôji Itami, se font suffisamment secondaire pour instaurer une certaine identité à l’œuvre tout en laissant le cœur de la nouveauté parler imposer la direction de l’œuvre. Néanmoins, on s’attend à voir ces quelques personnages, souvent féminins, davantage mis en avant à l’avenir, car si ce premier tome donne une grande place à l’exposition de l’univers et des enjeux, les personnages restent trop en retrait, y compris du côté des forces d’autodéfense nippones. Tout ce petit monde attire la sympathie, mais on attend de les découvrir davantage dans les volets à venir.

Et en parlant d’enjeux, ces derniers semblent déjà multiples à la simple lecture de ce tome premier dont la grande force est d’installer sur une multitude de manigances à caractères politiques. L’intrigue de Gate se focalise alors sur deux points de vue, celui du monde humain et l’univers se trouvant au-delà de la porte. A chaque fois, il est question d’enjeux politiques et militaires, car si les humains présentent une situation qui nous parle tant leur volonté et de guerroyer entre nations pour obtenir un monopole de territoires et de ressources exploitables, la situation du monde parallèle est-elle aussi passionnante puisque différentes factions se livrent aussi à des jeux de pouvoir et tentent de tirer profiter de la naissance du lien entre les deux mondes. En somme, Gate présente énormément de pistes politiques à exploitées, aussi bien dans une optique de fantasy que dans des facettes réalistes qui nous poussent à nous interroger sur la structure même de notre monde et sur nos mentalités, permettant de croire que l’œuvre a de quoi se montrer passionnante dans les tomes à venir.

La composition graphique de l’œuvre joue un rôle important dans notre appréciation de ce premier volet. Quand on parle d’adaptation manga d’anime ou de light-novel, on pense souvent à des œuvres promotionnelles, peu abouties généralement, comme les deux premières saisons du manga Sword Art Online. Et pourtant, Satoru Sao présente un trait qui, à défaut d’être forcément original, s’avère maîtriser et d’une grande richesse. Le character-design est précis en toutes circonstances et on observe un travail minutieux dans la composition des planches et des cases, ces dernières étant rarement vides, ainsi que sur la présentation des divers aspects fantasy de l’œuvre, que ce soit les batailles violentes ou les univers de légende. Visuellement, l’esthétique de Gate a énormément de cachet, un élément pas systématique dans ce type de production qu’il convient donc de souligner.

L’édition aussi est à saluer puisqu’Ototo a insisté sur la qualité de son nouveau seinen. Outre la bonne traduction de Nicolas Pujol qui semble sans fausses notes, l’ouvrage est de bonne conception entre un papier et une encre qualitatifs, donnant au volume une belle épaisseur.

A l’heure où de nouvelles grandes séries d’actions atteignent nos contrées, c’est donc un titre particulièrement original par son mélange des styles et des genres qui nous est proposé avec Gate. A mi-chemin entre le récit militaire et l’œuvre de fantasy pure, le manga de Satoru Sao adapté des écrits de Takumi Yanai surprend par son univers appréciable, ses personnages attachants et surtout la mise en place d’une facette politique à des angles différents, laissant à la série une marge d’évolution conséquente. Bonne pioche donc puis la simple lecture de ce premier volet donne envie de se précipiter vers le second, lui aussi proposé pour célébrer le lancement de l’œuvre.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs