Fleurs du mal (les) Vol.6 - Actualité manga
Fleurs du mal (les) Vol.6 - Manga

Fleurs du mal (les) Vol.6 : Critiques

Aku no Hana

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 10 Novembre 2017

Critique 2


Le refuge qui permettait à Takao et Sawa de s'évader, d'approcher « l'autre côte », a été réduit en cendre par une Nanako déboussolée, meurtrie de voir celui qu'elle aime s'éloigner, même après avoir été prête à lui offrir son amour et son corps. Suite à ce dramatique incident, Sawa s'éloigne et quelques jours après, la police rend visite à Takao, après avoir retrouvé un indice intact sur les lieux de l'incendie...


L'étau se resserre sur Takao qui peut maintenant, difficilement, nier sa culpabilité dans l'affaire de l'incendie. Justement, tout ce volume est porté sur l'absence d’échappatoire pour le protagoniste, les chaînes qui le lient à cette réalité qu'il aimerait tant rejeter, pour atteindre « l'autre côté ». Il demeure alors une tension palpable, un malaise bien présent sur l'ensemble du tome. Rendu coupable de délits condamnables et insensés aux yeux du grand public, Takao ne peut plus faire machine arrière, et l'ultimatum que vont lui imposer ses parents en rajoutera une couche. Pour le lecteur, difficile de nier l'impasse dans laquelle se trouve le héros. En fait, tout porte à croire que ce tome amène la série vers son dénouement, mais un dénouement pessimiste qui dépeindrait la société comme une sorte de dictature de l'âme. Pourtant, c'est seulement le premier arc qui approche de sa conclusion, une fin qui s'annonce riche de sens, comme de coutume dans la série.


C'est donc l'heure des grands coups d'éclat, pour la plupart des personnages. D'abord, Nanako, dont le rôle est toujours aussi fort dans ce tome puisqu'elle symbolise ce que Takao n'est pas : quelqu'un faisant marche arrière, et acceptant finalement ce monde de « cafards ». L'opposition entre Nanako et le héros sonneraient presque comme des adieux, rendant leur scène plus efficace et ancrée dans le malaise.


En parallèle, le retour de Sawa amène doucement l'arc vers son climax, un dernier coup de maître qui symbolisera la fin du duo. Viennent alors deux ambiances, brillamment plantées dans le récit. La première, grave, accentuant la gravité de la situation dans laquelle se placent les deux héros, qui ne sont plus tellement loin de gagner un aller derrière les barreaux. La tension atteint donc son paroxysme, surtout sur les dernières pages du tome, et il est difficile de savoir sur quelle situation tout cela va déboucher. Puis il y a la tristesse, car sur cette fin d'arc, le constat de Shuzo Oshimi est incroyablement pessimiste, les deux caractères particuliers que sont Sawa et Takao n'ayant pas été compris du reste du monde, et tous deux se rendant progressivement compte de l'impossibilité d'atteindre l'autre côté. En somme, la fin nous narre l'impossibilité de s'éloigner des codes, au risque de courir à sa perte, et une opposition flagrante entre l'adolescence et l'âge adulte, étape où les rêves se meurent pour laisser place à la banalité.


Le plus frustrant reste alors la conclusion du tome qui intervient à un ou deux chapitres de la fin de l'arc. La tension est à son paroxysme, nous ne sommes pas très loin de vies mises en jeu, et il semble difficile que Takao et Sawa s'en sortent indemnes cette fois, tant on est loin d'une simple affaire de vol de sous-vêtements. On redoute donc la suite, mais on reste impatients de voir comment le récit rebondissement ouvrira son sujet ou le fera évoluer. Le récit de Shuzo Oshimi, brillant, est donc loin de se terminer, et tant mieux. Aussi, ne pourrait que conseiller d'avoir le septième tome sous la main, avant d'attaque ce sixième opus.


Critique 1


Sawa et Takao ont voulu briser les règles de la "normalité" imposée par la société et se construire leur "autre côté" au sein de la ville. Mais cela ne pouvait se faire sans conséquence terrible, car les méfaits des deux jeunes adolescents ont eu un impact fort sur d'autres personnes, à commencer par Nanako. Après s'être éloignée de son image d'enfant modèle et avoir été délaissée par celui qui lui avait ouvert de nouveaux horizons, la jeune fille, en perte totale de repères, en est arrivée au pire pour tenter de remettre la main sur Takao, en le violant puis en provoquant l'incendie de la "cabane" qui leur servait d'enclave à Sawa et lui. Des actes terribles, qui ne peuvent qu'amener d'autres répercussions. D'autant que dans les décombres du refuge, la police met la main sur le carnet où Takao et Sawa planifiaient leurs projets de vandalisme...


Après un cinquième tome d'une grande intensité, le sixième volume des Fleurs du Mal s'ouvre sur l'inévitable : la police frappe à la porte du domicile des Kasuga, pour interroger Takao. Les yeux de l'inspecteur de police ont beau exercer une pression dont on ne peut s'échapper, Takao nie... mais cette opposition aux forces de l'ordre n'est que la première confrontation du jeune garçon aux autres dans ce tome. 


Il y a d'abord le retour d'une Nanako encore métamorphosé, affichant désormais des cheveux courts qui rappelleraient presque la coiffure de Sawa, et qui, tout en dégageant encore une légère sensualité érotique, vient faire une ultime proposition au jeune garçon. Une proposition teintée d'excuses, comme pour tenter une dernière fois de le ramener à elle, avant qu'elle ne prenne une décision importante concernant l'incendie...


Il y a, ensuite, le regard que ses autres camarades de classe portent désormais sur lui, que ce soit ses anciens amis qui s'éloignent, les filles qu'il dégoûte, et Ai qui lui en veut profondément pour ce qu'il a fait à Nanako.


Puis il y a le regard que posent sur lui le directeur du collège et le prof : un regard d'adultes qui les prennent de haut, Sawa et lui, et qui pensent tout savoir alors que ce n'est pas le cas.


Enfin, il y a surtout la réaction des parents du jeune garçon. Des parents qui avaient choisi de lui faire confiance après ses précédentes frasques, et qui désormais ne savent plus quoi faire. Sa mère est effondrée, pensant avoir raté l'éducation de son enfant, et le père tente de prendre de décisions radicales. Ils ne comprennent pas, ils souffrent à cause de l'enfant qu'ils aiment pourtant... mais Takao souffre aussi, encore et toujours, car il est plus que jamais ligoté par l'amour de ses proches, et par cette société qui le rattrape constamment pour l'étouffer.


Et pendant ce temps, Sawa est loin de lui. Face à tout ça, Takao ne peut que s'interroger. Tout est-il fini ? Ce qu'il fait est-il suffisant pour passer "de l'autre côté" ? Et tout compte fait, où est réellement son autre côté ? A cette dernière question, Shuzo Oshimi livre une réponse forte : peu à peu, "l'autre côté" recherché par Takao s'est restreint, il s'agissait d'abord de l'autre côté des montagnes qu'il n'a pu atteindre avec Sawa, puis d'un simple refuge qui a désormais disparu... L'espace lui permettant d'échapper à la "normalité" se réduit toujours plus, comme s'il était de plus en plus impossible de s'extraire de cette société, et le jeune garçon se rend alors compte que son ultime "autre côté" réside en un seul être. Il se trouve en Sawa elle-même, et il est décidé à la "sauver".


Arrivent alors les deux derniers chapitres du tome. 


Un chapitre 31 captivant, commençant par une fuite dans la nuit superbement mise en scène, et se poursuivant sur des retrouvailles presque intimistes à leur manière, où deux enfants meurtris, perdus entre l'étouffante société et le regard des adultes, ont besoin de se retrouver et de se dévoiler. Et plus que jamais, on entrevoit le fond de Sawa. Alors qu'elle avait promis à Takao de faire tomber son masque, c'est désormais elle qui se met à nu, de manière à la fois brève et forte, et dans une superbe mise en scène, où son visage reste d'abord totalement noir, avant que n'arrive une superbe double-page où ce qu'elle ressent est pleinement visible.


Puis un chapitre 32 presque doux dans son atmosphère, et pourtant terriblement inquiétant et presque nihiliste. Une sorte de calme avant une tempête que l'on devine violente, en plein coeur de la fête d'été. Longtemps restés à leur échelle d'enfants, du moins jusqu'aux actes de Nanako à la fin du tome précédent, les méfaits de Sawa et de Takao semblent devenir plus graves que jamais. Et si la seule solution pour échapper à cette société, qui les étouffe, c'était...


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs