Eros X SF - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 10 Avril 2015

Shotaro Ishinomori a officié dans tout le genre. Auteur d'une œuvre encore plus vaste que celle de Tezuka, il s'est essayé à la science-fiction, à la romance, à l'historique, à la biographie... Avec Eros X SF, Le Lézard Noir publie une anthologie des récits érotiques du maître, parut entre 1968 et 1975.


L'ouvrage est divisé en plusieurs parties. Dans la première, qui compte un peu plus d'une centaine de pages, l'érotisme se mêle à la SF dans un but de pur divertissement. Extra-terrestres difformes, failles spatio-temporelles et autres bunny-girls amnésiques de l'espace sont foison dans ces histoires où le passage à l'acte charnel est représenté de façon souvent comique, où la femme est noble et belle, et l'homme ridicule, voire vulgaire. Malgré un côté dramatique certain, ces récits restent empreints de légèreté, et doivent être savourés avant tout pour leur côté drôle et décalé.


Dans la seconde partie du manga, sans aucun doute la meilleure, la SF disparaît (si on excepte le récit « Trompe l’œil », où les deux styles de l'ouvrage cohabitent), pour laisser place à un érotisme plus réaliste, où le côté sexuel est utilisé à des fins psychologiques ou critiques. Le désir atteint son paroxysme en tant que mécanisme humain, il lie puis délie les relations et les corps avec une magnifique subtilité dans la narration et dans le graphisme. De son trait presque infantile qui contraste avec la maturité du propos, Ishinomori traite du sexe sous de nombreux angles, de la perception qu'en ont les enfants, à ses applications extrêmes comme le bondage, en passant par son rapport à la mort et au narcissisme. Les dérives sexuelles de la société nippone nous apparaissent alors comme la réponse à un mal-être sociétal qui trouve sa source dans un environnement strict et frustrant.


La dernière histoire du recueil, « Histoire de la résidence Tokiwa », bien que n'ayant aucun rapport ni avec le sexe, ni avec la science-fiction, clos de fort belle manière l'ouvrage à travers ce récit touchant et plein de nostalgie ou Ishinomori nous livre une version édulcorée de la vie dans la fameuse résidence Tokiwa, lieu d'apprentissage de nombreux auteurs aujourd’hui cultes.


Si le côté purement science-fiction d'Eros X SF est inégal (certains passages semblent aujourd'hui éculés), l'aspect érotique lui, est un véritable régal. Intelligent, poétique et humain, l'ouvrage nous présente quelques-uns des plus beaux récits du maître, le tout servit par une narration qui oscille entre l'efficace et le virtuose, et par une édition impeccable.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Luciole21
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs