Erased Vol.2 - Actualité manga
Erased Vol.2 - Manga

Erased Vol.2 : Critiques

Boku Dake ga Inai Machi

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 10 Septembre 2014

Critique 1


Depuis qu'il a eu son accident de voiture, Satoru vit ses "flash-back" différemment, chacun d'eux lui rappelant un peu plus des souvenirs qu'il avait oubliés. Parmi ceux-ci, le souvenir d'une fillette, une camarade de classe, Kayo, autrefois victime d'un tueur en série ayant enlevé trois enfants en 1988. Et pendant qu'il se remémore le passé, sa mère, elle, pense avoir décelé une tentative de kidnapping qui la pousse à se poser des questions sur la fameuse série de kidnappings de 1988. Elle se rend compte qu'avec le bouc émissaire Jun, un ami d'enfance de son fils, la justice ne détient sans doute pas le véritable coupable de l'époque, et elle décide de mener une nouvelle enquête de son côté, malgré la prescription... et sans savoir que le véritable coupable, le jour de la tentative d'enlèvement, l'a reconnue.


Peu de temps après, quand Satoru rentre chez lui, il retrouve sa mère morte, poignardée. Il n'en croit pas ses yeux, bouillonne intérieurement, et, pour la première fois, émet de lui-même le souhait de repartir en arrière afin d'empêcher le drame. Son pouvoir exauce son souhait, mais à une échelle qu'il n'imaginait pas : sous le coup du drame, il a souhaité revenir le plus loin possible en arrière, et le voici de retour en février 1988, quand il avait dix ans. Quelques jours avant le début de la série d'enlèvements. Quelques jours avant la disparition de Kayo. Pour sauver sa mère en 2006, il semble qu'il devra d'abord empêcher les événements de 1988, et il fera tout pour ça...


Excellent tome de mise en place, le premier volume s'achevait sur le retour soudain de Satoru en 1988. On retrouve notre héros forcément en train de s'interroger. Alors qu'il était habitué à des petits retours en arrière, il vient de faire un bond de 18 ans dans le passé... Tout cela est-il réel ? Il en a très vite la confirmation, retrouve ses amis d'enfance, son professeur de l'époque... ainsi que Kayo. Il retrouve également sa mère, cette mère qu'il dénigrait si souvent, et qu'il voit désormais sous un autre jour, puisque bien qu'il a retrouvé son corps de gosse de l'époque, son esprit, lui, reste celui d'un adulte de 28 ans, qui a déjà vécu tout ça. En retrouvant sa mère encore jeune, il se rend compte des efforts qu'elle a pu faire pour lui, et revit avec nostalgie des petits bonheurs auxquels il faisait peu attention à cette époque... Sans insister trop lourdement et avec une certaine émotion, Kei Sanbe nous dévoile un Satoru qui, éloigné de l'adulte solitaire et blasé du tome 1, apparaît plus humain en revivant avec émoi son passé.


Il s'agit pour lui d'une sorte de seconde chance, pour changer lui-même... mais avant tout pour changer le passé et influer sur le présent, ce qu'il ne perd pas de vue. Pour cela, il doit commencer par celle qui fut à l'origine de tout : Kayo, sa camarade de classe morte une première fois à l'époque, qu'il est résolu à protéger dans cette "seconde chance". Mais pour pouvoir la protéger, il devra d'abord réussir à se rapprocher de la fillette, d'un caractère solitaire, n'allant pas vers les autres et étant la cible des moqueries des autres filles. Et il devra alors percer la coquille de la gamine, en se confrontant à l'entourage de celle-ci, ce qui va chambouler en profondeur notre héros...


Doucement, mais habilement introduite dans le tome 1, la petite Kayo est au coeur de ce volume, puisqu'en cherchant à se rapprocher d'elle, Satoru va découvrir toute la tragédie de l'existence de la jeune fille. Celle, comme on le devinait brièvement dans le tome 1, d'une enfant détestée et battue par sa mère, et de ce fait repliée sur elle-même. Kei Sanbe nous offre une recette loin d'être originale, mais qu'il exploite merveilleusement bien, en prenant le temps, pendant quasiment tout le tome, de développer la relation naissante de Satoru et Kayo. Avec sa maturité d'adulte de 28 ans, notre héros comprend qu'il aurait pu empêcher certaines choses la première fois, est bien décidé à réparer les erreurs du passé, et découvre alors tout le véritable fond de sa camarade de classe, avec laquelle il entame petit à petit une relation forte. Sous ses abords austères de fillette ne parlant avec personne et ne regardant jamais les gens dans les yeux, Kayo dévoile un comportement radicalement opposé de celui de Satoru : là où notre héros se force à être amical envers les autres pour cacher son côté solitaire, elle se force à paraître renfermée pour éviter les problèmes alors qu'elle adorerait avoir des amis. Un comportement qui s'explique évidemment à travers les violences et séquestrations de sa mère, un état de fait que Kei Sanbe, qu'on ne connaissait pas si subtil au vu de ses précédentes séries, met très bien en avant en soulignant toutes les difficultés que la fillette éprouve pour s'ouvrir aux autres, convaincue que sa mère la bat depuis toujours parce qu'elle a fait quelque chose de mal et que tout ceci est normal. Les deux enfants se promettent alors de ne pas se mentir, d'être sincère l'un envers l'autre, ce qui, Satoru s'en rendra compte, est loin d'être toujours facile. Mais la sincérité est précisément ce qui lui manquait la première fois, et c'est principalement ce qui lui permettra de changer le cours des choses, de transformer le passé, en faisant ce qu'il n'avait pas fait la première fois. Plus question pour lui de laisser Kayo seule le soir quand elle n'ose pas rentrer chez elle. Plus question non plus de la laisser se morfondre. On découvre à la fois un Satoru beaucoup plus humain que dans le tome 1, et une Kayo de plus en plus touchante et attachante au fil qu'on découvre son vrai fond, ses fragilités, ses espoirs placés en Satoru. Pendant qu'on apprécie les efforts de notre héros, on prend plaisir à voir la jeune fille s'ouvrir peu à peu, apprendre à sourire et à regarder les autres dans les yeux, être de plus en plus bavarde avec Satoru et lâcher des petites expressions qui reviennent en marquant notre héros ("T'es bête ou quoi ?"). Kei Sanbe captive dans sa façon limpide et prenante de faire évoluer ses deux héros, d'autant qu'autour d'eux, les personnages secondaires sont là pour rendre les choses encore meilleures, entre le fameux Jun qu'il faudra innocenter, les copains de Satoru qui le taquinent et l'encouragent dans sa relation avec Kayo, certains élèves qui restent médisants envers la fillette, un prof intéressant, mais également assez mystérieux, et la mère de Satoru dont on découvre totalement le caractère.


Mais que l'on ne s'y trompe pas : Kei Sanbe a beau retranscrire à merveille les évolutions de ses héros, son histoire reste un thriller, et le travail prenant et touchant sur les protagonistes se mêle constamment à une ambiance assez angoissante, de plus en plus tendue au fil des pages et du temps qui passe. Car Satoru le sait : il a un temps imparti pour sauver Kayo, il doit changer le passé avant la date fatidique de l'enlèvement de la fillette, et le mangaka joue habilement là-dessus. Bien que le récit s'écoule de façon plus linéaire que dans le tome 1, Sanbe fait monter l'angoisse en rappelant régulièrement l'approche de la date de l'enlèvement, en en décortiquant, au fil de sa narration toujours aussi introspective, tous les doutes de Satoru qui tente avec plus ou moins de réussite de ne pas reproduire ses nombreux actes du passé, qu'ils soient importants ou en apparence plus anecdotique. On ressent pleinement les hésitations du personnage parce qu'on les vit directement de son point de vue, et c'en est redoutablement efficace. D'autant qu'en plus, le mystère reste évidemment entier sur la réelle identité de l'assassin, même si l'on peut commencer à émettre de sérieuses hypothèses (ce qui est toujours un plaisir dans un récit de ce genre).


Avec autant d'intérêt pour l'évolution de personnages attachants que pour cette omniprésente angoisse en forme de "compte à rebours", on accroche donc d'un bout à l'autre de ce volume qui, de façon sans doute un peu plus prévisible que dans le tome 1, mais néanmoins beaucoup plus marquante, nous offre à nouveau une dernière page en forme d'énorme climax insupportable.


Il va être long, très long d'attendre jusqu'en novembre pour découvrir la suite ! Et c'est la preuve que Kei Sanbe, sur l'ensemble des deux premiers tomes, maîtrise totalement son sujet, en offrant une grande cohérence, en distillant comme il se doit les différents éléments composant son histoire, en développant parfaitement ses personnages, et en offrant des sommets de suspense. Jusque là auteur de séries très sympathiques, mais assez dispensables, le mangaka semble passer un véritable cap avec cette oeuvre largement plus ambitieuse. Et si Erased reste à ce niveau par la suite, on aura alors toutes les chances de se retrouver avec l'un des meilleurs thrillers jamais parus en manga.






Critique 2



Satoru possède un étrange pouvoir, il peut « rembobiner » le temps pour revivre des événements jusqu'à pouvoir réparer une erreur, un accident, une faute...mais il ne contrôle pas son pouvoir. Jusqu'à ce qu'un événement du passé le rattrape : une série d'enlèvements d'enfants qu'il avait oublié. Mais un jour sa mère pense reconnaître un individu qu'elle croit être le coupable...ce dernier la retrouve et la tue !


Un drame horrible que Satoru veut à tout prix réparer, et alors qu'il souhaite rembobiner le temps, il se retrouve en 1988, soit dix-huit ans avant son présent en 2006. Il se retrouve dans son corps d'enfant de dix ans, avec ses souvenirs et ses connaissances d'adultes, projeté loin dans le passé pour réparer la faute commise à l'époque : empêcher les crimes avant qu'il ne se produise.


Nous en étions resté là à l'issue du fabuleux premier tome qui avait tout d'un petit chef-d’œuvre, un volume qui nous avait littéralement retourné tant la maîtrise de l'auteur était impressionnante.


Le concept de retourner en arrière pour réparer les erreurs était en soi intéressant (et là le fait que l'auteur Kei Sanbe ait été un assistant de Hirohiko Araki, auteur de Jojo's Bizarre adventure où les personnages les plus puissants maîtrisent le temps, prend tout son sens). Mais alors qu'on s'attendait à un thriller prenant, voire passionnant, mais un peu plus classique, l'auteur nous prend totalement à contre-pied et nous fait faire un bond de dix-huit ans en arrière, à une époque où le héros n'est encore qu'un enfant avec une faible possibilité d'action. Bien que Satoru ait conservé ses souvenirs, qui ira croire un enfant de dix ans parlant de voyage dans le temps ? Satoru est donc coincé dans son corps d'enfant pour empêcher les crimes et sauver son amie d'enfance, la jeune Kayo.


Dans un premier temps, Satoru, tout comme le lecteur, se demande s'il va devoir revivre entièrement ces dix-huit années avant de retourner dans son présent, mais en ayant arrangé les choses. Mais peu à peu Satoru commence à se faire à cette idée, il l'accepte puisqu’après tout ce retour en arrière lui permet de retrouver sa mère telle qu'il l’avait oublié. Outre le fait de la retrouver en vie, il se remémore une mère proche de lui, faisant des sacrifices pour son fils, une mère amusante et touchante, une mère qu'il aime et qu'il est prêt à tout pour ne plus perdre.


Mais Satoru est revenu plusieurs semaines avant le début des disparitions d'enfants, il va donc pouvoir mettre tout ce temps à contribution pour comprendre ce qui s'est passé et empêcher que cela se reproduise.


Il doit tout faire que son ami de l'époque, le jeune adulte Jun ne soit pas accusé à tort et surtout que sa jeune camarade Kayo ne soit pas tuée.


Et le tome va se centrer sur la relation naissante entre les deux enfants qui vont s'apprivoiser et se rapprocher.


Alors qu'on la découvrait brièvement dans le tome précédent, Kayo va ici occuper une grande partie du tome. On va découvrir une enfant fragile, renfermée pour cacher une grande souffrance, une enfant en détresse, réclamant de l'aide, mais par le biais d'un appel au secours silencieux. C'est par son regard d'adulte au travers de ce corps d'enfant que Satoru va réaliser le drame qui se joue et va tout faire pour modifier le cours des choses comme il peut.


Kayo subit les moqueries des autres élèves, et Satoru va prendre sa défense, non seulement pour se rapprocher d'elle, mais surtout parce qu'il comprend sa peine. Un sentiment mélangeant pitié et affection va naître. Il va découvrir une enfant subissant des violences, une enfant marquée par les coups, à une époque où la société constate, mais ne réagit pas. Il va tout faire pour la sortir de ce climat de violence, il va tout faire pour lui rendre le sourire.


De là va naître un étrange sentiment d'affection pour cet enfant de dix ans, Satoru va se répéter à plusieurs reprises, « n'oublies pas que tu as vingt-huit ans », mais piégé dans ce corps d'enfant il éprouve ce même sentiment naïf.


Alors que le premier tome s'était rapidement transformé en thriller plus ou moins glauque, ce second volume nous change totalement de cadre, en effet nous avons plus l'impression d'assister à de simples tranches de vie, évidemment ponctuées par des drames tels que les violences que subit Kayo, mais des tranches de vie tout de même. Des jeunes qui se baladent ensemble, qui vont visiter un musée, des scènes en classe...bref on sort quelque peu de ce climat angoissant, qui va cependant très vite nous rattraper. Au fil du tome, alors qu'on se rapproche de la date fatidique, celle de la disparition de Kayo, la pression monte peu à peu, et Satoru se demande quelle influence il peut avoir là-dedans. Chacun de ses choix pouvant avoir des répercussions importantes, mais sans qu'il en connaisse les effets.


Tout cela nous conduira à une fin de tome presque étouffante, où le choc, bien que différent de celui du premier tome, s'avère tout aussi efficace !


L'auteur fait preuve d'un talent incroyable, d'abord par la finesse de son traitement des personnages et de leur relation, mais aussi et surtout par la maîtrise de son scénario, des enjeux qui en découlent et du suspens totalement envoûtant.


Bien entendu, comme à chaque fois dans ce genre de titre, on fait des suppositions, parfois on a presque des certitudes, mais au final, seul Kei Sanbe sait où il va et ce qu'il nous prépare.


A ce niveau c'est du grand art, et rien d'autre !


Jusqu'à maintenant Kei Sanbe ne faisait pas forcément parti des auteurs de premier plan...il est très certainement en train de le devenir avec ce titre qui compte parmi les plus prenants et les mieux maîtrisés !






Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

18 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs