Dresseuses de monstres Vol.1 - Actualité manga
Dresseuses de monstres Vol.1 - Manga

Dresseuses de monstres Vol.1 : Critiques

Kaijyu no Hiikuin

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 06 Juillet 2017

Les kaijus... Véritables figures de la culture populaire japonaise de ces dernières décennies, ces "monstres géants" fictifs, pas forcément mauvais, mais face à qui l'homme est bien souvent impuissant, ont été (et sont toujours) au coeur de bon nombre d'oeuvres, notamment au cinéma où ils ont un genre dédié (les "kaiju eiga") et où les plus célèbres représentants sont sûrement Gojira/Godzilla et Gamera. Cette fois-ci, c'est en manga qu'on les retrouve aux éditions Komikku... mais dans un contexte bien différent de la grande majorité des autres oeuvres les mettant en scène !


Voici plusieurs années, plus précisément depuis 1999, que ces monstres sont apparus mystérieusement sur Terre un peu partout dans le monde. D'abord inquiète face à la possible agressivité de ces créatures, l'espèce humaine a ensuite découvert qu'il existe un moyen de les calmer, de les apaiser, de les maîtriser : la voix de certaines jeunes filles semble avoir un fort écho en eux, et c'est pour cela que des écoles pour filles spécialisées dans le dressage de kaiju ont vu le jour, afin de cohabiter avec les créatures.


Au Japon, l'école pour filles de Tatara, en plus du cursus classique, propose le cursus de dresseur, et c'est ce dernier que Ion Hidaka, une jeune fille en 6ème, rejoint. Envoyée dès la rentrée dans le club d'élevage sans vraiment avoir eu le choix, elle y fait la connaissance de la responsable Madame Mikiko Sugita, ainsi que de Sora Misumaru, jeune fille elle aussi nouvelle dans le club, mais suivant le cursus classique. D'emblée, elles se retrouvent toutes les deux à avoir pour mission de s'occuper au quotidien du gigantesque kaiju vivant paisiblement dans la forêt derrière l'établissement : le nettoyer, le brosser, le faire bouger (ou en tout cas essayer)... sont autant de petites tâches qu'elles devront accomplir. Mais il ne s'agit là que des premiers moments de leur nouvelle vie !


Tel est l'univers de Dresseuses de monstres. Publiée en 2015-2016 dans le magazine Manga Time Kirara Forward de la maison d'édition Hôbunsha sous le titre Kaijuu no Shiiku Iin, cette courte oeuvre est bouclée en deux volumes (le tome 2 sortant en même temps que le volume 1 en France) et allie humour, fraîcheur et fantastique sur fond de quotidien scolaire dans une école de filles. Il s'agit de la toute première série du mangaka Mujirushi Shimazaki.


Que ce soit en manga ou en animation, le Japon a un don pour transposer des sujets spécifiques (ici les kaijus) dans un cadre scolaire frais et mignon tout plein, et Dresseuses de monstres s'inscrit pleinement dans ce registre ! On a beau avoir des monstres géants ou moins géants, ne comptez sur aucune grosse tension, aucun danger pesant : comme le laisse deviner la jaquette délicieusement décalée où les deux mignonnes jeunes filles paraissent toutes petites, mais bien calmes aux côtés du gros monstre tout penaud, on est dans de la tranche de vie qui met plutôt de bonne humeur et qui est presque contemplative par instants.


Ainsi, si vous êtes allergique aux oeuvres mettant en avant des jeunes demoiselles adorables et presque "moe", Dresseuses de monstres, malgré ses grosses bébêtes, n'est pas forcément pour vous. Si vous n'avez rien contre ça, il y a la possibilité que vous découvriez une petite série pour l'instant rafraichissante et assez paisible.


Bien sûr, les héroïnes s'inscrivent dans les clichés habituels, mais l'auteur n'insiste pas trop dessus et sait quand même développer en elles une petite personnalité. Ion est une héroïne plaisante, car douce et positive, alors même qu'elle ne semble pas rassurée face aux kaijus... A-t-elle peur de ces monstres ? Dans ce cas, pourquoi a-t-elle choisi d'intégrer le cursus de dressage ? Au fil de la lecture, nous pourrons découvrir la raison qui l'a motivée à choisir cette voie quand elle était petite, mais aussi l'étonnant don qu'elle semble avoir en elle pour s'attirer naturellement la confiance des kaiju. Sora est un peu la fille aux allures de garçon manque de la bande, et forme avec Ion un duo assez varié bien qu'elle soit finalement la moins mise en avant dans ce premier tome. Sugita est le prototype de la responsable de club un brin laxiste, faisant son travail assez consciencieusement tout de même, mais reléguant volontiers les tâches aux jeunes élèves. Arrivent ensuite, un petit peu plus tard, deux autres demoiselles. Tout d'abord la présidente du club Tsukiko Miyama, stéréotype de la brune se voulant sérieuse mais commettant quelques maladresses (elle n'a aucun don pour trouver de jolis noms, met des paroles niaises un peu honteuses dans ses chants, s'attache trop à un petit monstre... ce qui la rend finalement sensible et amusante). Et Kotomi Justine Kagurazaka, amie d'enfance de Tsukiko qui adore un peu trop cette dernière, est l'habituelle blondinette métisse surdouée, si bien qu'elle a sauté nombre de classes et est déjà doctorante au centre de recherche. Enfin, il y a Kyôko Saegusa, la "dresseuse ultime de kaiju", dresseuse qu'Ion admire pour une raison précise, et qui a un petit côté "force tranquille". En somme, rien de bien original, mais Shimazaki parvient à offrir à chacune de ces demoiselles quelques traits et des interactions qui les rendent facilement plaisantes à suivre. Et sur le plan visuel, il leur offre de bonnes bouilles rondes qui contrastent joliment avec le statut "monstrueux" des kaijus.


Concernant les kaijus justement, leur place dans le manga change considérablement de bon nombre d'oeuvres du genre, comme vous l'aurez déjà deviné, tout simplement parce que les humains ont choisi de cohabiter avec eux. Ici, derrière son allure gigantesque et imposante et son regard qui a l'air mauvais, "Bleu" (le nom qu'Ion donne au kaiju de la forêt) est surtout un gros bêta un peu pataud et glouton, ce qui ne l'empêche pas de n'en faire parfois qu'à sa tête. Et les autres créatures apparaissant plus loin sont dans le même ordre d'idée, entre l'espèce de caméléon auquel Tsukiko s'attache, et "Fleur", une espèce de pieuvre à un oeil cachant peut-être en lui plus de peur et de solitude qu'autre chose... De manière générale, Shimazaki parvient à offrir à ses créatures un design très réussi dans le contexte : les bestioles ne sont pas effrayantes, mais apparaissent assurément étranges. Le dessinateur n'a aucune difficulté à offrir un côté imposant à "Bleu" avec ses yeux perçants ou ses trois cornes, ou un aspect à la fois bizarre et mignon aux autres créatures croisées.


C'est donc avec tout ça que se suit un quotidien gentiment mouvementé, et c'est alors en même temps que nos héroïnes que l'on découvre plus de choses sur le contexte et sur ces monstres. L'ancien quartier désormais inhabité par les humains avec la vieille ville qui sert désormais de zone spéciale de protection des kaijus, ce que deviennent les monstres quand ils meurent (mais sont-ils vraiment morts ?), le fait que ses grosses bêtes ne mangent pas et aiment la lumière du soleil... Dans cette série jouant surtout sur la tranche de vie, il ne faut pas forcément s'attendre à un background très développé, mais celui-ci existe, de façon plutôt suffisante pour accompagner le récit de ces apprenties dresseuses.


Au-delà des designs, notons le soin que le dessinateur offre aux décors. Ceux-ci ne sont pas forcément très détaillés, mais sont suffisamment travaillés. Ils ont un côté très clair accentué par les trames et les vues souvent assez larges, ce qui leur offre un côté assez contemplatif et parfois un peu éthéré.


Sur son premier volume, Dresseuses de monstres est une jolie petite lecture, bien rafraîchissante en cette période de vacances. Mujirushi Shimazaki, sans avoir de grosse prétention, exploite de façon sympathique son concept.


Komikku offre une édition de très bonne facture.  Comme toujours avec l'éditeur, le papier et l'impression chez Aubin font honneur au travail de l'auteur. Fabien Nabhan livre une traduction soignée, et le travail de lettrage est satisfaisant. Globalement fidèle à la japonaise, la jaquette française s'offre un logo-titre sobre et collant plutôt bien au rendu.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction