Devilman Vol.1 - Actualité manga
Devilman Vol.1 - Manga

Devilman Vol.1 : Critiques

Devilman

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 10 Juin 2015

Vivant chez les parents de son amie Miki depuis le déménagement de ses propres géniteurs, Akira Fudô est un lycéen plutôt banal, et que l'on pourrait même qualifier d'un peu trop effacé. Faible, craintif, il ne sait pas se battre et préfère toujours éviter les ennuis, quitte à devoir faire quelques courbettes quand les racailles du coin les embêtent, lui et Miki. Son amie, bien que très proche de lui, se désespère d'ailleurs un peu de cette attitude...


Mais Akira va être amené à changer quand son meilleur ami, Ryô Asuka, réapparaît après un mois d'absence pour lui faire des confidences aussi sombres qu'inquiétantes. Son père, le professeur Asuka, est mort, suicidé, après avoir connu des crises de folie sanglante l'ayant poussé à essayer de tuer jusqu'à son enfant. En lisant son journal intime, Ryô en a découvert les raisons : il faisait de dangereuses recherches sur une menace proche du réveil : celle des Démons, anciens habitants de la Terre, qui faisaient autrefois régner la terreur. Un seul moyen pour empêcher ceux-ci de reprendre le contrôle de la planète et exterminer l'espèce humaine : mêler son corps à celui de l'une de ces créatures diaboliques afin d'assimiler ses pouvoirs, mais pour cela il faut un coeur assez pur pour être capable de résister à la personnalité chaotique du démon fusionné. Et cet être pur, Ryô pense le trouver en Akira...


Oeuvre autrement plus culte que Goldorak dans son pays d'origine, Devilman n'a pas connu le me^me succès dans notre pays lors de ses premiers pas. Mais au fil des années, la série a su se forger une très solide réputation, en faisant un titre dont le retour était clairement attendu. Grâce aux éditions Black Box, nous pouvons enfin pouvoir voir si l'oeuvre a mérité son aura de série culte.


Tout commence par un premier chapitre quasiment muet, et aussi terrible que fascinant, où Gô Nagai nous plonge dans les temps anciens, où les dinosaures et de ravissantes créatures ressemblant à des fées semblent cohabiter... jusqu'à l'émergence de créatures difformes et maléfiques, les Démons, qui commencent à tout anéantir sur leur passage. Empalés, démembrés, dévorés, les êtres vivants se trouvant sur leur chemin ne résistent pas. Mais bientôt, une étrange entité apparaît pour, visiblement, sceller les créatures démoniaques. Mais après de nombreux millénaires de calme, des chercheurs dans les années 80 réveillent bien malgré eux le mal...


Dès les premières pages, l'auteur donne parfaitement le ton. Bien que muet, ce prologue est parfaitement compréhensible et tire alors toute sa puissance de la verve graphique de son auteur. Nagai se donne à fond, offre dans ces premières dizaines de pages des planches riches et denses où l'on assiste avec effroi au massacre de ces lumineuses femmes ailées par les Démons. Les premières pages en couleurs sont éblouissantes et installent d'emblée l'ambiance, les Démons sont dotés de designs tous aussi répugnants et effrayants les uns que les autres, et le gigantisme de la situation ressort très bien.


Après une telle intro, on trouverait presque irréaliste l'arrivée à notre époque aux côtés Akira et Miki, que Nagai nous laisse découvrir le temps de quelques pages efficaces, où l'on cerne très bien le caractère effacé d'Akira, contrastant avec le côté un peu garçon manqué de la bagarreuse Miki. Il ne reste alors plus qu'à faire arriver Ryô pour ce qui sera avant tout un long volume de mise en place. Long, mais passionnant, car Gô Nagai s'applique habilement à tout expliquer de façon cohérente, que ce soit en récapitulant les terribles découvertes du défunt professeur Asuka sur les origines des Démons, sur ce qu'ils sont devenus pendant tout ce temps d'absence, sur leur futur réveil... et en exposant peu à peu le rôle terrible que les deux garçons devront porter sur leurs épaules : fusionner avec un démon après avoir pris soin de perdre toute leur raison afin que ceux-ci pénètrent en eux. Et espérer qu'ils parviennent à leur résister tout en s'appropriant leurs pouvoirs ! De plus, on appréciera grandement la façon dont Nagai revisite des thématiques et des oeuvres pour servir son récit. Entre autres, ce qui s'est passé à l'époque des dinosaures, et la réinterprétation de la Divine Comédie de Dante, oeuvre que le mangaka a d'ailleurs adapté en un manga que l'on découvrira dans quelques mois chez Black Box.


S'installant petit à petit, l'effroi de cette situation au parfum d'apocalypse prend toute son envergure quand arrive la "cérémonie" visant à perdre la raison pour fusionner avec le démon. Car avant d'avoir une chance de sauver l'humanité, les deux garçons doivent déjà commettre de terribles sacrifices d'innocents (et qu'on se le dise, les hippies prennent cher) dans un premier vrai festival de sang et de violence. Quant à la toute fin, elle fait écho aux pages où l'on découvrait Akira, afin de mettre en exergue le changement qui s'est opéré en lui, ainsi que le côté désormais très instable de son caractère dû à la fusion avec le démon Amon. Une instabilité qui pourrait clairement le faire basculer dans les pires horreurs... Sera-t-il apte à protéger l'humanité dans ces conditions ? En attendant de le savoir, on tient un premier volume de haut niveau.


Visuellement, après le bluffant chapitre "prologue", on découvre un Gô Nagai dont le dessin des personnages s'avère plus simple, mais expressif, avec un trait assez épais faisant bien ressortir l'ambiance sombre et violente. Les designs de démons restent d'une variété exemplaire, les décors sont assez fournis et parfois même assez impressionnants, et la mise en scène jouit d'angles de vue assez novateurs pour l'époque et d'un dynamisme à toute épreuve. Enfin, soulignons que Nagai ne recule déjà devant aucune scène de violence, mais il s'agit d'une violence justifiée à travers ce scénario profondément sombre.


Avec son personnage principal aux allures d'anti-héros instable, son travail de mise en scène, ses réinterprétations riches et son scénario dense, plus complexe qu'il n'y paraît et qui devrait nous immiscer toujours plus dans des tréfonds sales de l'humanité (entre autres), Devilman commence de la meilleure des manières. L'oeuvre a très bien vieilli, et on comprend déjà aisément tout ce qu'elle a pu apporter à son époque.


L'édition de Black Box est à l'image de celle de Goldorak. Le papier est un peu transparent bien que de qualité, il y a quelques couacs textuels (notamment la répétition d'une phrase p187), et la qualité d'impression des pages n&b du premier chapitre n'est pas toujours au top. Mais à côté de ça, le grand format permet d'apprécier pleinement tout le travail de Nagai, et les premières pages en couleur sont de toute beauté.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs