Demokratia Vol.3 : Critiques

Les deux scientifiques que l’on connaît plutôt bien, dans une association de l’ombre, avaient réussi à mettre sur pied leur projet d’androïde d’un nouveau genre. Néanmoins, le plus gras de ceux-là perdu la vie dans des circonstances pour le moins particulières. Taku Maezawa, le survivant, à la fin du précédent tome, poursuivi par la police et faisant l’objet d’une enquête, prenait la fuite ; un peu vers l’inconnu, pour vivre caché. Fini la routine : au revoir le confort ; voici venue la vie au jour le jour.  En dépit de tout cela, les quelques milliers de membres du projet Demokratia poursuivent leur collaboration virtuelle…

Ainsi, l’androïde Mai se balade plus que librement en Ville et tissera à nouveau des liens avec une personne de son entourage de fortune : une nouvelle expérience sociale qui repoussera davantage loin les limites du concept de décision et la sociologie du groupe. Le robot humanoïde Mai fera donc plus ample connaissance d’une personne en fin de vie. L’auteur choisit encore une thématique relativement difficile : après celui exclu de la société pour des raisons de précarité professionnelle, voici celui qui en sort par le poids du temps et de la maladie.

L’évolution de cette relation entre le mourant d’une maladie incurable et cet androïde aux allures de chair impérissable sera ainsi le siège de bien des nouveaux débats entre les participants audit projet. Faut-il aider cette personne abandonnée à elle-même ? Où s’arrête l’aide à autrui ? Quelles conséquences pour tel degré d’implication ? Pourquoi ne pas fermer les yeux sur cette misère comme le fait tout un chacun qui vaque à ses occupations ? …

Des débats et des ébats portés davantage par un personnage vivant en marge de la société, lequel porte en lui la haine extrême de bien des choses et, il convient de le confesser, pas très alerte intellectuellement parlant : cela prendra parfois la forme d’un jeu dans lequel l’auteur s’amuse de la bêtise de celui qui manque de prudence et de justesse dans son raisonnement confus et un brin pitoyable. Une façon de moquer les extrémistes.

Bref, après avoir malmené ses deux scientifiques, l’auteur s’en prend désormais aux membres du projet : il sème la zizanie ; le chaos s’installe ; l’heure est à la délation. Si le précédent ouvrage laissait apparaître une montée en intensité, la teneur des événements sera cependant quelque peu retombée nonobstant une narration agréablement rythmée.

Un ouvrage maîtrisé qui, s’il manque parfois de transcender son lecteur, se veut très plaisant à lire et continuera d’intriguer quant au devenir de tout cela.