Demokratia Vol.2 : Critiques

Dans le cadre d’un prompt concours de circonstances, la jeune androïde nommée Mai fut prise en otage par une étrange énergumène relativement paumée qui entend – semble-t-il – commettre quelques meurtres sur la place publique et, excusez du peu, en plein jour… Elle l’avait rencontré à un moment difficile de sa chienne de vie et elle paraît le perdre sans rien ne pouvoir y faire : la situation dérape complètement… La police se ramène, l’hurluberlu perd les pédales, Demoiselle Mai est aperçue en sa compagnie, puis vient la pagaille, l’accident…

Toujours avec cette apparente ambiance de calme, les évènements s’accélèrent et tournent un peu au vinaigre : les deux scientifiques se voient contraints d’abandonner leur laboratoire et d’effacer toute trace de leurs travaux… l’on aura d’ailleurs ici la confirmation qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas vraiment rond dans la tête de Matsume : tel le cochon velu qu’il peut-être, il est pris la main dans le sac d’une situation  franchement dégelasse. Egalement, ce dernier évènement sera le déclencheur d’une sorte d’évasion : Mai prendra une relative liberté vis-à-vis de ses créateurs. Elle s’envole dans ce qui paraît être un élan meurtrier ; la question est posée : Mai, l’androïde dernière génération, peut-elle tuer sans que l’on lui ait demandé ?

 Les personnages secondaires sont agréablement et respectivement traités par l’auteur : personne n’est oublié. Il aura notamment été apprécié le lycéen dont les parents ne cessent de lui mettre la pression d’usage nipponne quant à la compétition pour la sélection universitaire… alors que lui n’a qu’un souhait : tout arrêter net et trouver un maître-artisan dans le domaine de la charpenterie traditionnelle. Ainsi, à travers trois personnages secondaires Motorô Mase prend un soin léger quant à traiter trois thématiques sociales assez récurrentes au Japon : l’hérésie des classements scolaires exacerbés, les hautes tensions dans les grandes entreprises, la solitude face aux accidents de la vie.

Plus loin encore, l’auteur offrira un moment de dialogues croisés entre les différents participants au projet androïde dont les  propos pourront parfois paraître d’une certaine justesse sur des thématiques telles que la responsabilité collective, le choix qui est le bon et l’impératif de moralité ; en tous les cas, il sera ressenti que l’auteur aura potassé son sujet pour le synthétiser de la sorte. Lors de ce débat bien ficelé, la conceptualisation du théâtre démocratique, rassemblant une centaine de participant sera intelligemment mis en scène : entre abstraction de la masse et mise en exergue de certains davantage singuliers.

Après un premier ouvrage plutôt sage et assez classique en son genre, ce deuxième volet introduit une perte de contrôle totale de situation qui sera la bienvenue : le jeune scientifique encore en lice devient le paria d’un petit capharnaüm dont on aura hâte de voir les conséquences dans le prochain tome.