Dead Dead Demon’s DeDeDeDe Destruction Vol.4 - Actualité manga

Dead Dead Demon’s DeDeDeDe Destruction Vol.4 : Critiques

Dead Dead Demon’s Dededededestruction

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 14 Juin 2017

Critique 2


Tokyo continue de voir chaque jour dans le ciel le gigantesque vaisseau mère, Tokyo continue de se diviser concernant le traitement à offrir aux extraterrestres, Tokyo subit encore les dommages collatéraux des attaques lancées par le gouvernement, Tokyo est polluée... Même si nombre de personnes, à commencer par les jeunes Kadode, Ôran et leurs amies découvrant l'Université, tentent d'y vivre, Tokyo semble proche de la destruction. C'est pourtant la capitale nippone que Futaba Takemoto, une jeune provinciale, a choisie pour poursuivre ses études après le lycée. Rapidement accompagnée par Makoto Tainuma, un camarade de l'époque du collège, elle part enfin s'installer dans cette ville qui continue de l'attirer et de l'intriguer pour diverses raisons. Rapidement, elle y fera la connaissance d'autres jeunes filles que le lecteur connaît déjà bien.


Le troisième tome de DDDD a beau s'être achevé sur une dernière page aux allures de prophétie apocalyptique, le quotidien reprend bien son cours dans un quatrième volume qui nous replonge aux côtés d'une jeunesse en perte de repères, laissée dans un monde qui se déchire, mais s'apprêtant malgré tout à entrer dans la "vie adulte" avec l'arrivée des années universitaires. 


On retrouve avec plaisir, bien sûr, les héroïnes que l'on connaît déjà : Ai, Chie qui se trouve un petit boulot, Kadode qui revoit Watarase... Celle qui capte le plus notre attention est toutefois l'exubérante et géniale Ôran, qui, en plus de toujours faire des siennes côté répliques formidables et de se retrouver dans quelques situations piquantes, a droit à un petit flashback sur une part de son enfance, qui nous éclaire sur son attachement pour Kadode, ainsi que sur comment étaient sa meilleure amie ou son frère Hiroshi plus jeunes. Bien que toujours un peu perchée et pourtant porteuse de réflexions loin d'être idiotes sur ce qui l'entoure, Ôran offrira aussi quelques paroles sérieuses touchantes, comme quand elle demande à ses camarades de ne pas disparaître...


Autour d'elles, on découvre avec plaisir Futaba, demoiselle qui ne manque pas d'intérêt concernant sa vision de Tokyo et des extraterrestres, mais peut-être est-on encore plus touché pour l'instant par le discret Makoto, jeune garçon espérant pouvoir enfin vivre sa différence en se sentant accepté tel qu'il est. A ceux-ci s'ajoute notamment Ojiro du club de recherche occulte, jeune homme qui, au vu de la toute fin de volume, pourrait amener des choses très intéressantes.


Si Inio Asano enveloppe son oeuvre dans un côté quotidien tirant toujours aussi bien parti de ses personnages, l'observation de la société qu'il nous propose continue d'être omniprésente, en filigranes (via les observations d'Ôran, certaines réactions ou commentaires des médias par exemple), ou de façon plus prononcées, à l'image de l'un des chapitres les plus forts du volume, car il nous plonge enfin du côté des extraterrestres, que l'on découvre sous un autre angle. Facilement attachants par leurs doutes qui peuvent parfois rappeler ceux de nos héros humains, ils connaîtront une rencontre pour le moins... brutale avec des hommes. Le passage est excellent, parvient à créer de l'empathie pour ces êtres qui veulent se retrouver et tenir bon, mais qui ne s'attendaient pas à tomber sur une espèce humaine qui est peut-être la plus "démoniaque" des deux. Asano offre dans ce passage des dialogues humains incompréhensibles, avec des mots qui n'existent pas, pour faire ressortir le gros problème de communication entre les deux espèces. Alors que la communication pourrait sans doute résoudre bien des choses.


On reste fortement intéressé par le déchirement entre les anti-extraterrestres et ceux qui veulent les protéger, ainsi que par l'évocation du S.H.I.P., mouvement étudiant en faveur de leur protection. Ajoutons à cela, entre autres, les lois passées en force par le 1er Ministre dans cet "état d'urgence", et on n'en finit plus de déceler dans l'oeuvre d'Asano un portait d'une société totalement d'actualité et ne se limitant pas au Japon.


Avec ses nouveaux personnages, Asano s'offre de nouvelles idées de chara design originales, entre la bouille adorable de Futaba avec son nez rond et ses joues rouges, celle de Makoto aux dents écartées, ou d'Ojiro et son allure de brocolis. Les décors photoréalistes restent un régal, d'autant que les personnages s'y intègrent parfaitement, et les nouveaux éléments de design inventés autour des vaisseaux sont toujours aussi recherchés.


Une nouvelle fois, DDDD captive, pour ses avancées, et pour tout ce qu'Inio Asano y propose d'attachement à ses personnages et de reflet de société.


Critique 1


Fubata, brunette à pommettes, coiffée à frange et portant chignon, va quitter le foyer familial pour rejoindre Tokyo : la fin d’une enfance provinciale laisse place aux balbutiements citadins d’une vie universitaire. Les ambiances de guets de patelin tranquille et les divagations de l’ivrogne qui lui sert de père ne la retiennent guère. Forte tête, elle aurait pu s’offrir bien d’autres universités situées loin des aléas morbides du vaisseau mère extraterrestre de la capitale. Mais alors, pourquoi donc s’obstiner à s’en aller dans le cœur de la bête ? D’ailleurs, à l’approche de Tokyo, l’avion n’aura point encore foulé le sol de l’aéroport qu’un événement pour le moins grandiloquent, et sans précédent jusqu’ici, aura fait voler le ciel en éclat : la ville tout entière est en émoi. Inio Asano est en grande forme créative !


La déjà relativement riche palette de personnages s’étoffe davantage. Touchant personnage que cette frêle Fubata. Protagoniste posé, réfléchi et introverti dont le calme tranche avec les impétueuses bourrasques d’Oran la terrible. Elle apportera également une nouvelle dimension au traitement social et politique  de l’événement extraterrestre : une voie particulièrement récurrente dans nos sociétés modernes, laquelle pourra néanmoins apparaître comme assez dangereuse en l’espèce. D’une certaine manière, Fubata ne viendra pas seule de sa province : cette autre connaissance alléguera une audacieuse  touche de singularité dont certains ne manqueront point – à tort sans doute – de souligner l’écho qu’elle trouvera jusque chez son auteur. Un troisième et nouveau personnage, lequel aura l’opportunité de croiser le groupe du tandem Kadode-Oran, interpellera sur la forme : le parti-pris d’Inio Asano sur le rendu graphique de quelques personnages est souvent plus marqué que d’autres : un effet « cartoon allégé » qui contraste avec la dureté d’un décor ultra-réaliste. 


Le quotidien banal de ces petits bouts d’humanité se poursuit. Et il est d’ailleurs toujours un plaisir renouvelé que soit conté les moments collectifs de ces jeunes gens aux portes du monde adulte. Parfois, Inio Asano fait le choix de dialogues dégoulinants, denses et déstructurés, comme s’ils furent plus vrais que nature, loin de tout travail d’écriture. Ce choix confère à certains endroits une puissance rare aux propos qui pourront être tenus par Oran ou d’autres. Néanmoins, et de fait, quelques passages se trouvent malheureusement empreints d’une lourdeur narrative : cela manquera de fluidité et nuira un brin au plaisir de lecture. A noter pareillement que si les séquences lors desquelles ces jeunes gens se retrouvent tous ensemble pour blablater et faire mumuse  sont très plaisantes et fort bien construites elles ne sont pour autant que très peu propices à une exploration du sentiment humain à la hauteur dont celle-ci pouvait l’être lors de certaines précédentes œuvres de l’auteur. Cela est un zeste dommage. D’autant qu’accentué par une narration que trop rapide et où l’événement en lui-même, et non ses effets, se veut parfois roi. L’intimisme de la solitude et des relations bilatérales s’effacerait-il au profit d’un agglomérat de candidats aux propos bavards ?


Comme à l’habitude, l’ouvrage s’ouvre sur quelques pages couleur d’une histoire ne manquant pas de rappeler le manga Doraemon. Non sans humour et en filigrane, il sera évoqué lors de celle-ci une de ces visions caricaturales qui peuvent être dites sur une rencontre extraterrestre. Puis, lors du présent ouvrage, Inio Asano s’y exercera à nouveau de manière plus abstraite à travers le prisme de ces aspirants à l’occultisme. Un procédé qui ne permettra que de mettre davantage en exergue toute la singularité, mais aussi l’intelligence, de cette vision livrée en l’espèce par l’auteur. Une vision du « rapport » à l’extraterrestre – voire de la relation à l’autre –, pour ainsi dire, littéralement à contre-courant. Surprenant auteur qui délivre une non moins surprenante vision, laquelle avait pu d’ores et déjà être perçue avec précision sur lecture attentive du précédent pavé. Qui est donc l’envahisseur ? Le monstre barbare ne serait-il point encore – et comme l’histoire aime tant le démontrer – l’être humain ?  


Un volume qui pourrait en contenir plusieurs autres. Le travail de l’auteur sur certaines planches laisse parfois pantois. Quelques dialogues sont incroyables d’intelligence et de retranscription du réel, du monde d’aujourd’hui. Manifestement, Inio Asano ne pouvait se servir de cette allégorie des temps modernes que pour mieux dénoncer les laideurs d’une humanité un brin paumée dans les errances de son oisiveté cérébrale. Néanmoins, et « Dieu soi loué », subsistent, dans ces champs des horreurs, celles qui s’appellent encore Oran, Kadode, Ai, Rin et Fubata : ces malingres pousses de la beauté de l’âme humaine. 


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs