Dead Dead Demon’s DeDeDeDe Destruction Vol.2 - Actualité manga

Dead Dead Demon’s DeDeDeDe Destruction Vol.2 : Critiques

Dead Dead Demon’s Dededededestruction

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 18 Avril 2017

Critique 2

Tout commence à nouveau par une petite aventure d'Isobeyan, dont nous pourrons découvrir la suite en toute fin de volume. Lisant ce manga dans le manga avec intérêt, Kadode poursuit son quotidien avec ses amies, alors qu'arrive 'une saison hivernale qui annonce la dernière ligne droite de leur vie lycéenne et l'arrivée prochaine des examens. Le tout, pendant que le vaisseau amiral vogue toujours dans le ciel tokyoïte, divisant les foules et surtout les hautes instances, pendant que le peuple, lui, continue sa vie en s'interrogeant plus ou moins.

Grâce à l'opération "Hujin Type 6", le Premier Ministre Ogino l'assure, la lutte contre le petit vaisseau qui s'était échappé est un franc succès. Et cela, même si les rumeurs circulent sur le crash de cet engin, sur la récupération de deux corps extraterrestres et sur un troisième qui se serait échappé. Dans tous les sens les conversations s'animent ou s'enveniment : les courants politiques se crêpent le chignon comme toujours pour avoir le dernier mot et ne pas donner raison à l'autre, les réseaux sociaux s'enflamment, les complotistes sont aussi de sortie tout comme la défiance envers un gouvernement qui semble cacher des infos et en qui on ne peut donc pas avoir confiance, l'incertitude quant à la dangerosité des "rayons A" est là même si le gouvernement soutient qu'il n'y a pas de risque (impossible de ne pas faire un parallèle avec les radiations de Fukushima), certains envisagent de partir ailleurs car Tokyo deviendrait une ville trop dangereuse (là aussi, le parallèle à la région sinistrée par la catastrophe du 11 mars 2011 est évident), des journalistes s'intéressent forcément de près au développement du "Hujin" et à la société qui s'en charge (S.E.S, filiale d'un grand groupe), des mesures d'intégration des réfugiés se préparent... Et dans tout ça, Inio Asano bluffe. Il bluffe, car cette société post-catastrophe qu'il dépeint au quotidien se fait sous de nombreux angles, de façon inouïe, témoignant d'un regard fin et acéré sur la société qu'il observe jour après jour. Ancrant toujours plus son récit dans le réel en évoquant le faible taux de natalité, le renforcement des forces armées ou encore les relations nippo-américaines, le mangaka est, peut-être ici encore plus que sur ses précédents travaux (pourtant déjà très marqués par cette optique), un véritable témoin de son époque. Une époque où l'on passe comme si de rien n'était de sujets graves à des infos à la c** (elle va faire quelle taille, cette plus grosse crêpe du monde ?)... Comme le dirait Hiroshi, "Welcome to this crazy time..."

"Ce qui intéresse les gens, ce n'est pas la vérité... non, ils veulent juste des sujets de conversation..."

Et ce témoignage, cette observation de la société, Asano les livre avant tout par le regard de bon nombre de personnages. Ainsi, avec ce tome 2, DDDD s'enrichit encore de nombreux visages ou en fait apparaître plus fortement certains. La dénommée Hikari Sumaru qui travaille au centre d'information sur le développement du "Hujin", le journaliste Miura, l'espèce de complotiste Ojiro... Le mangaka pourrait donner l'impression d'aller dans tous les sens si l'on ne suit pas attentivement tout ce qu'il raconte, mais en réalité il semble tisser une vaste toile, créant des connexions entre certains personnages (Hikari/Watarase par exemple), et bousculant constamment son petit monde qui, même s'il souhaite vivre et se chercher, ne peut effacer de sa mémoire la présence permanente du gigantesque vaisseau dans le ciel.
Cette "menace silencieuse" bouscule jusqu'au quotidien de Kadode, de sa petite bande d'amies et de leurs proches. On peut évoquer les élans presque anarchistes de ce cher Hiroshi, les nombreuses réflexions de la formidablement cynique et déjantée Ôran (qui pose pourtant un regard si subtil sur nombre de petites choses), le rôle de la mère de ces deux-là auprès des réfugiés... Le plus bel exemple de ce tome reste néanmoins, sans doute, le cas de Kiho et de sa relation amoureuse avec Ruimaki, qui va prendre un tournant rapide et décisif dans le début du volume, en véhiculant beaucoup de choses sur cette jeune fille pas forcément très maligne et cherchant sa place dans la société et auprès de ses quatre amies.

"Je suis peut-être une idiote qui ne sait rien, mais les décisions importantes, je les prends après avoir réfléchi par moi-même, et tant pis si je me trompe..."

Dans tout ça, la patte plus folle d'Asano est toujours là : entre les idées de Hiroshi à base de photos de testicules de chat, la culotte "tuer" d'Ôran, des pages-titres à nouveau excellentes, ou encore la fratrie de Rin, sans oublier les designs de personnages, l'artiste délivre son lot d'éléments "farfelus" apportant à la série son ambiance particulière. Ca ne l'empêche aucunement de travailler avec une richesse et une originalité folles ses éléments robotiques et ses technologies extraterrestres, et de toujours nous immerger au plus profond de la société qu'il dépeint grâce au réalisme saisissant de ses décors urbains.

Bref, pour résumer, DDDD ça reste bon, très bon même, d'autant que la pointe SF continue de s'immiscer de plus en plus, et qu'Asano nous donne follement envie de voir ce qu'il va en faire.


Critique 1

Après Kadode, il appartenait désormais à Oran – ainsi que son fidèle brin de salive exultant des lèvres – d’arborer la première de couverture. En dernière année de lycée, et « meilleures » amies du monde depuis l’enfance, Kadode et Oran souhaiteraient se rendre en la même université. Pour l’heure, elles s’amusent fort bien, papotes et interprètent quelques bisbilles. Mais comment vivre un quotidien ordinaire dans cet univers si particulier qui les entoure ? Serait-il possible de rêver d’un avenir quelconque dans ce Tokyo en proie à une menace en tout point inexplicable ?
 
Dans cet ouvrage, il est traité plus spécialement une autre de ces lycéennes en quête d’elle-même : Kiho, demoiselle aux cheveux châtains et disposant d’un charme à pommettes. Si, en premier lieu, elle confessera volontiers ses lacunes intellectuelles, elle surprendra néanmoins par la suite de par ses réflexions à chaud : le savoir n’étant point un gage d’intelligence et inversement ; et elle en sera, d’une certaine manière, une éloquente démonstration par l’absurde. Le personnage se dévoilera de manière assez intéressante et touchante à l’aune d’une anodine querelle de couple : celle-ci a comme des airs d’Aiko, demi-déesse des oubliés, et protagoniste principal féminin de la précédente œuvre de l’auteur.

L’histoire n’aura point encore dévoilé un axe particulier ou une intrigue habituelle : cela pourra rebuter certains lecteurs, sans doute trop habitués à quelques facilités, notamment manichéennes ou relatives à une quête clairement identifiée. Ledit récit se déploie en fougères ou, plutôt, s’enracine posément. Le quotidien des lycéennes Kadode, Oran et Kiho est narré au détour de conversations à la fois adolescentes et matures, bavardes et concises, caricaturales et vraies : l’auteur fait preuve de justesse et offre quelques petites fulgurances. Difficile pour le moment de saisir quel rôle jouera le personnage de Hiroshi : pseudo troubadour bedonnant à la philosophie de comptoir quasi anarchiste.

L’incertitude est ici davantage pesante que lors du premier et précèdent tome. La confusion règne dans les esprits et, par conséquent, parmi les caboches des personnages occupant le devant de la scène : Kadode, Oran et Kiho sont un peu perdues ; elles tentent de se divertir comme si de rien n’était ; elles souhaiteraient travailler leurs examens en dépit de cette nouvelle obscurité ;… Un contexte tant inextricable que les citoyens ont des avis partagés, voire tranchés : certains seront hautement perturbés alors que d’autres s’en moqueront éperdument.

L’auteur est notamment connu pour coucher des paysages et des décors ultra-réalistes repris sur informatique et à la main, aussi cela fourmillera ici : du miel pour les yeux ; une des clefs immersives de ces univers singuliers dépeints par Inio Asano sensei. Il conviendra dès lors de noter un focus de ce dernier sur la conceptualisation d’engins mécaniques en tout genre, telles ces mains géantes présentées en tête du chapitre douze : l’auteur semble prendre un certain plaisir à dresser sur papier ces technologies futuristes, abstraites et, parfois, surprenantes ; évocatrices jusque dans leurs formes, tel qu’il en sera du saisissant objet cubique qui figurera dans les doubles pages finales.

Il aura été joué des contrastes : sous les flocons de neige, et gâteau en bouche, la saison de noël ne fait que mettre davantage en exergue une menace extraterrestre latente, et qui s’était tapie dans l’ombre… mais bien réel semble-t-il. Un climat oppressant qui paraîtra atteindre son premier climax en fin de tome : des attaques qui tournent en bouclent dans les journaux... ; d’étranges bruits qui émanent du gigantesque vaisseau mère pour transpercer les cieux dans d’incompréhensibles onomatopées ; et cette immense chose cubique qui semblera devoir s’écraser sur la mégapole sans que l’armée ne soit en mesure, pour la première fois, de faire quoi que ce soit... Dans le quartier, une coupure d’électricité vient soudainement de plonger Kadode et Oran dans un noir abyssal : que va-t-il advenir ?

Un ouvrage d’une densité remarquable ; il y aurait d’ailleurs tant d’autres choses à dire… Il se pourrait bien qu’Inio Asano réserve une surprise sans pareille : serait-ce la boîte de pandore qui s’en viendrait à éclore ?


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs