Damned Master Vol.1 - Actualité manga

Damned Master Vol.1 : Critiques

Shishô Series

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 28 Avril 2016

A l'origine de Damned Master, on trouve Shishô Series, un ensemble de plus de 113 histoires surnaturelles écrites par Uni, qui furent d'abord postées sur Internet à partir de 2003 avant d'être compilées en deux romans. C'est en 2013 que l'on propose à la mangaka Shu Katayama d'adapter cette oeuvre en manga, et cette dernière n'a sans doute pas fini de faire parler d'elle puisqu'elle connaîtra dans le courant de cette année 2016 une adaptation en film live e tune autre en série animée produite par le studio Pierrot.

Damned Master nous fait remonter le temps jusqu'en 1997, année où le personnage principal, Uni, intègre l'université en arrivant de sa campagne natale. Intéressé depuis longtemps par tout ce qui touche au surnaturel, il ne tarde pas à faire la rencontre d'un autre étudiant, Shishô, lui-même spécialiste de ce domaine et qui devient naturellement le "maître" en la matière d'Uni. C'est porté par cet étrange jeune homme que notre héros va être amené à vivre nombre de petites expériences extraordinaires...

Quand on commence à lire Damned Master, la première impression est plutôt bizarre : les choses démarrent très vite, Shu Katayama ne prend pas spécialement le temps de poser des bases, et on enchaine assez vite sur de premières expériences surnaturelles, avec la faculté de Shishô d'apercevoir des morts et autres esprits intangibles, demandant un effort de la part d'Uni pour les entrevoir lui aussi... le tout sans grand enjeu. Par la suite, ce sont des récits du même genre, c'est à dire un peu épars et sans grand objectif, qui nous attendent, puisque comme les lecteurs attentifs l'auront déjà compris, nous avons ici avant tout une oeuvre dans laquelle le romancier original se met lui-même en scène pour raconter les expériences surnaturelles qu'il semble avoir vécues. L'impression éclatée et peu consistante de l'ensemble est donc tout à fait normal : pour l'heure, il faut prendre la lecture comme une succession de petites expériences surnaturelles. Et à partir du moment où l'on a accepté le concept, cela s'avère plutôt agréable à suivre, car la mangaka trouve un ton immersif, avec des dialogues surtout issus des pensées et interrogations d'Uni (ce que la traduction de Masaya Morita expose efficacement, de façon posée, en nous laissant le temps d'appréhender ces petites péripéties) qui nous permettent, tout comme lui, de nous immerger petit à petit dans cet "univers de l'invisible", dont nous découvrons petit à petit différentes facettes : développement d'une faculté à entrevoir les esprits, séance de spiritisme tournant dangereusement, rêves paraissant plus vrais que nature, faculté déroutante de prémonition, étrangeté de certains événements (l'histoire de la pièce de monnaie revenant toujours entre les mains de sa propriétaire)... L'aspect laissant de la lecture vient également de cette variété dans les histoires, qui par la même occasion amènent une certaine diversité de tons (on peut aller du simple surnaturel à des ambiances plus inquiétantes/horrifiques, en passant par des notes presque comiques). A cela, on peut ajouter quelques références (comme aux prédiction de Nostradamus), pour plus de réalisme.

Il y a aussi, le dessin qui participe beaucoup à la réussite de l'ambiance. Bien que jusque là inconnue en France, Shu Katayama est une artiste qui a débuté sa carrière dans les années 1980, et qui a touché à un peu tous les grands genres (shônen, seinen, shôjo, josei). Elle semble avoir mis toute son expérience au service de ce récit, en soignant particulièrement ses nuances de gris et de noir, certains contrastes, son encrage, ou encore son utilisation savante des trames qui participent beaucoup à l'immersion. Le design des personnages, lui, s'avère classique mais différencie sans mal les différents caractères, et l'ensemble possède un certain réalisme afin de mieux ancrer l'oeuvre dans son contraste entre monde réel et histoires extraordinaires. Exception faite de la dentition de Shishô, qui possède des canines légèrement plus longues que la moyenne.

Enfin, les récits ont beau être globalement indépendants, des éléments sont là pour les rattacher. Il y a évidemment une certaine continuité dans les découvertes d'Uni, qui sont consolidées par la présence régulière de Shishô. Et au fil de ses expériences surnaturelles, Uni est amené à rencontrer d'autres adeptes de surnaturel voués à devenir récurrents, comme Koko et Kyosuke. Enfin, certaines pistes laissent clairement entrevoir l'arrivée d'une sorte de fil rouge, à commencer par cette lettre de prédiction qu'Uni ne devra pas lire avant deux ans...

Bien qu'elle puisse être déroutante au départ et sembler manquer d'un vrai fond, Damned Master est une oeuvre qui pose son ambiance et son concept peu à peu. Elle a ce qu'il faut pour intriguer les amateurs d'occultisme et autres choses surnaturelles. La façon dont Uni présente les récits comme ses expériences personnelles s'avère de plus en plus immersive au fil des pages, et la dessinatrice parvient avec réussite à mettre en image cet univers et cette ambiance. Il faut peut-être un petit temps d'adaptation au début, mais une fois dedans, ce premier tome laisse sur de belles promesses.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs