Courges par milliers (Des) - Actualité manga

Courges par milliers (Des) : Critiques

Mizumachi

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 05 Octobre 2015

En 2006, les éditions Philippe Picquier publient une série de mangas d’auteurs, éminemment respectés au Japon, mais totalement inconnus en France à cette époque. Abe et Suzuki, par exemple, font partie de cette « fournée ». Kazu Yuzuki est également un auteur découvert par cette maison d’édition, via son recueil « Des courges par milliers », paru au Japon en 2003. Depuis lors, seuls les éditions Le Lézard Noir ont retenté l’expérience de publier cet auteur avec Mirages d’été.

Des Courges par milliers est une succession de tranches de vie ayant lieu dans un village japonais dans les années 1960. Tous les personnages apparaissent et réapparaissent, parfois dans des rôles différents, parfois avec une touche de fantastique, mais systématiquement dans l’environnement rétro d’un été chaud et humide.

Cette chaleur et cette humidité ont leur importance et permettent de montrer en quoi cette œuvre est de qualité. Pourquoi ? Parce qu’elles témoignent de la capacité de Yuzuki a retranscrire quelque de chose de global et de plutôt intangible. Son graphisme est donc de qualité puisqu’il permet cela, et l’atmosphère rendue est pleine de personnalité. Bien qu’à la lecture, on s’aperçoit que les histoires n’ont pas vraiment de rapport les unes par rapport aux autres, elles forment un tout cohérent.

Cette cohérence est aussi préservée par l’apparition régulière de la vendeuse de courges et de l’épicerie spécialisée en courges. Là où Kuroda dans « Un été andalou eu autres aubergines » comptait beaucoup trop sur l’évocation des légumes pour créer un lien artificiel entre des histoires complètements éloignées, les courges de Yuzuki ouvrent le recueil (le premier chapitre donne beaucoup d’importance à la vendeuse de courges), apparaissent de temps à autre dans les autres chapitres, et participent au côté « nature » et « chaleur d’été » de la vie et l’atmosphère de ce petit village.

La dernière thématique importante du recueil, cristallisée par la moiteur ambiante, est l’éveil à la sexualité. Très souvent, le personnage principal des chapitres est le même petit garçon, assez dynamique, grande gueule et joueur, et complètement émerveillé par les courbes féminines, surtout celles des jeunes femmes adultes comme la vendeuse de courges du premier chapitre ou la stagiaire du salon de coiffure du deuxième chapitre.

Qu’importe que les personnages n’aient pas réellement d’identité de propre, ou que des éléments fantastiques fassent leur apparition de manière inopinée sans que cela surprenne plus que cela les protagonistes. Yuzuki nous fait voyager dans son petit village japonais des années 1960, ressentir la chaleur de l’été, et saisir la simplicité d’une bourgade à l’écart des foules et de la technologie. Des courges par milliers est un voyage de quelques instants, et aussi une petite dose de sensations, qu’il est pourtant difficile à retranscrire en bande dessinée.

La qualité d’édition de Philippe Picquier est globalement bonne. Le papier est glacé, ce qui est toujours un point positif (même s’il est un peu rigide). La jaquette translucide est du plus bel effet, comme d’habitude dans cette collection. La traduction est par contre parfois un peu laborieuse et laconique. C’est un bel ouvrage, même si le prix éditeur est peut-être un peu trop élevé. Mais c’est le prix à payer pour lire ces auteurs qui correspondent à un lectorat de niche.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Raimaru
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs