Colère nucléaire Vol.2 : Critiques Aux manifs

A travers son alter ego Satô, le mangaka Takashi Imashiro poursuit à son échelle sa lutte contre ce qui ne va pas autour du drame de Fukushima, de ses conséquences et des problèmes concernant le nucléaire.
Politicards vendus aux pressions des lobbies, des multinationales et des étrangers à commencer par les Etats-Unis, médias qui ne vont pas au bout des choses et se rangent sagement du côté des puissants en entretenant les mensonges... A force de recherches et de rencontres, Satô a pris conscience la situation, s'est fait son opinion, et s'engage de plus en plus en participants désormais pleinement aux manifestations aux côtés d'Abé pour faire savoir son mécontentement et tenter de partager ses points de vue.

Le volume nous immerge donc plus dans l'aspect concret des manifs, faisant ressortir ainsi encore plus fortement la colère de Satô et d'une partie de la population... mais cela est-il suffisant ? Tout en exposant l'aspect essentiel de ce genre de rassemblements toujours utiles pour que le peuple se fasse entendre, l'auteur en montre aussi quelques limites dues à l'importance (ou la non-importance) que certains civils pas assez impliqués ou surtout les hauts placés vont lui accorder... et il y a évidemment de quoi devenir aussi remonté que le personnage principal ! Car à travers tout ça, Imashiro expose avec une redoutable efficacité les tares d'un gouvernement moins occupé à se soucier de son peuple et de la Constitution japonaise, qu'à se plier aux exigences de l'impérialisme américain. En tête des figures qui en prennent pour leur grade le premier ministre de l'époque, Yoshihiko Noda (qui a droit à une belle illustration moqueuse en ouverture du tome), mais aussi les acteurs s'activant en faveur du TPP et bien d'autres.

La construction du récit, qui suit un peu Satô au jour le jour, au gré de ses réactions face aux nouvelles évolutions et de ses participations aux manifs, reste très maligne, dans la mesure où elle permet une immersion totale à ses côtés et donc de comprendre au mieux ses critiques, ses colères, ses doutes, ses inquiétudes quant à l'avenir de son pays... tout comme elle permet l'abord plus ou moins profond de nombreux petits à-côtés (par exemple, l'évocation de l'élection en 2012 du nouveau président français François Hollande et ce que l'auteur en attendait). On découvre également, ainsi, un mangaka qui reste avant tout un citoyen ordinaire, qui ne capte pas forcément tout et se sent souvent dépassé par l'énormité des événements, mais qui a malgré tout choisi de chercher à comprendre et de faire part de sa colère face à ce qui ne va pas.

La lecture reste ainsi très riche et passionnante, d'autant que l'édition nous offre à nouveau de très nombreuses clés de compréhension sur 8 pages, et que la fin du volume livre à nouveau une riche rencontre de l'auteur, cette fois-ci avec le spécialiste en questions diplomatiques Ukeru Magosaki, pour un éclaircissement, entre autres, sur l'impact des USA dans tout ça ou sur les manifestations.