Chroniques de Lapicyan (les) Vol.1 - Actualité manga

Chroniques de Lapicyan (les) Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 29 Juin 2016

Au sein du Royaume de Tagareste, les humains et les esprits de la nature vivaient autrefois en harmonie, s'entraidaient, voire nouaient des relations fortes. Mais tout bascula le jour où l'avidité des humains se réveilla face aux gemmes conçues par les esprits. Désireux de s'emparer de ces richesses, les humains se mirent alors à traquer les esprits, à les chasser, à les décimer, avant une période d'accalmie qui dura un moment. Mais aujourd'hui, le nouveau roi a choisi de reprendre la traque, replongeant dès lors le Royaume dans une situation presque chaotique où humains et esprits ne peuvent à nouveau plus vivre ensemble comme il le faudrait, comme ils le voudraient.
C'est dans ce contexte que nous faisons la connaissance de Sui, jeune fille vive et plutôt intrépide ayant un statut assez particulier : elle est la fille d'un humain et d'un esprit. Et lorsque ses pas finissent par lui faire rencontre Luli, un puissant esprit de l'eau pouvant prendre une apparence de dragon et décidant de la suivre, la jeune fille ne sait pas encore qu'il s'agit là du premier pas vers une aventure qui pourrait changer la face du Royaume.

Après le shônen Cagaster en 2014 et le seinen de zombie Crueler than dead en 2015, c'est du côté du shôjo que les éditions Glénat ont décidé de jeter leur dévolu en 2016 pour ce qui est leur troisième collaboration directe avec un auteur japonais. Et tandis que l'on découvre pour la première fois la jeune artiste Linco qui signe la sa première oeuvre, on appréciera d'emblée le choix d'inscrire ce récit dans un registre un peu trop rare en France, à savoir le shôjo d'aventure.

Quand on commence la lecture de ce premier tome, il y a pourtant un risque d'être quelque peu rebuté : on sent bien que Lapicyan est le premier manga de Linco, en observant une narration un peu confuse et expéditive, manquant de quelques transitions, si bien que les premières dizaines de pages ont un peu de mal à poser avec clarté et force les personnages principaux et l'univers où ils vagabondent. On note aussi un style graphique régulièrement un peu pauvre, où les contours des visages ne sont pas toujours bien définis, et où la mangaka semble tenter de combler un certain vide avec une utilisation parfois trop envahissante de trame (notamment pour camoufler l'absence régulière de décors). La première impression peut donc être un brin mitigée, malgré les 8 premières pages en couleurs qui font office d'introduction soignée et qui bénéficient d'une colorisation très jolie et nuancée.

Mais une fois la première impression passée, on découvre petit à petit un univers qui devrait avoir de quoi charmer par la suite. Concrètement ce premier tome ne fait que poser des bases un peu timides, où Sui et Luli peinent encore à bien se démarquer, mais où finissent par se dessiner des pistes intéressantes, essentiellement via les premières rencontres que nos héros sont amenés à faire : la jeune et belle humaine Lilie et l'esprit Inasa au sein d'une troupe ambulante où tous deux peinent à extérioriser leurs sentiments, et en fin de tome des protecteurs d'esprits souhaitant faire chuter le roi.
Ces rencontres permettent de mettre en évidence des relations entre humains et esprits assez variées et se détachant du sévère conflit instauré par le nouveau roi. Des relations humains/esprits parfois teintées d'amour, ou alors nourries d'un certain respect, ou tout simplement rendues très difficiles par des traumas passés ayant nourri haine et défiance.
Mais nous voyons également se dessiner un certain portrait de la condition de Sui, fruit de l'union d'un esprit et d'un humain, et semblant en quête de son père disparu, comme le laisse deviner la fin de tome. Dès lors, à la quête pour redorer la relation humains/esprits s'ajoute une quête plus personnelle de notre jeune héroïne.
En filigranes, le voyage et les lieux entrevus sont aussi un bon moyen de cerner ce dont Linco est réellement capable graphiquement quand elle n'abuse pas trop des trames : certains costumes bénéficient d'un grand soin et s'avèrent détaillés, tout comme certaines vues des cités. On y apprécie fortement le mélange d'influences de l'artiste, qui semble piocher dans diverses cultures : par exemple, les bâtiments et tenues de la cité de Lutoha ont quelque chose de plutôt arabique, tandis que la capitale Lesterwald semble plutôt connaître des influences européennes. Quant à l'existence d'esprits liés aux éléments naturels (l'eau, la rivière, le sable...) , elle semble puiser ses sources dans un certain animisme.

Un peu maladroit surtout dans ses débuts, Chroniques de Lapicyan possède pourtant un univers intéressant, à la croisée de plusieurs influences et qui a de quoi charmer et devenir passionnant s'il est efficacement exploité par la suite. Il se dégage également un aspect un peu "old school" loin d'être déplaisant, ce qui pourrait s'expliquer par la passion avouée de Linco pour des artistes comme Reiko Shimizu, Natsuki Sumeragi ou Naoko Takeuchi. Affaire à suivre !

Côté édition, on a souvent reproché à Glénat, ces derniers mois, une qualité de papier et d'impression très mauvaise, avec un papier trop fin et une encre qui bave. Ici, la copie est revue à la hausse avec un papier plus épais qui ne laisse aucunement baver l'encre. Par contre, cette fois, on regrette le manque de souplesse de ce papier, ainsi qu'une certaine transparence. La traduction, elle, n'évite pas quelques petites fautes et certaines lourdeurs, mais reste globalement claire.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs