Bonne nuit Punpun! Vol.9 - Actualité manga
Bonne nuit Punpun! Vol.9 - Manga

Bonne nuit Punpun! Vol.9 : Critiques

Oyasumi Punpun

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 28 Avril 2016

Tandis que Toshiki, l’étrange prophète aux propos décousus, poursuit ses psalmodiassions folkloriques dans les rues de Tokyo entre deux concerts de Pegasus, Sachi Nanjô se démène afin de faire valoir les qualités de son premier manga. Pendant ce temps, Punpun ne cesse de s’en prendre en lui-même, à ce monde qu’il ne comprend pas et, indirectement, aux autres ; tout autour de lui les choses changent et, bien évidemment, par forcément comme il aurait été à même de le concevoir du haut de ses turpitudes égoïstes.

L’ouvrage s’ouvre face à ce qui semble être un mirage, un oasis dans les amas de béton de la mégapole : en ligne de mire, la silhouette quasi-déifiée d’Aïko. Le ton du livre est ainsi donné : un tome transitoire qui traitera de tout ce qui a pu graviter autour de Punpun et d’Aïko depuis maintes ouvrages afin de pouvoir se consacrer, ultérieurement, à l’éventuel avenir de ces deux-là. Et cela passe d’abord par une perte de tous les repères qui avaient été offerts à Punpun lors du précédent livre : la figure paternelle de substitution revêtue par Monsieur Heiroku Shishido s’étiole de manière incompréhensible. Et la relation intime avec Sachi Nanjô s’érode inéluctablement ; elle qui, sans véritablement s’en rendre compte, n’est que trop bien pour une personne telle que Punpun : ce nombriliste incapable d’empathie, pleurnichard subissant le monde, dépressif se plaignant à satiété, en proie à des pulsions animales et esclave d’une  sexualité qui le ronge, allant jusqu’à souhaiter le malheur des autres : un presque déchet de la pensée humaine : anti-héros dans toute sa splendeur ; et, pourtant, il s’agit bien là du protagoniste principal.

L’auteur revient sur deux personnages régulièrement abordés dans le cadre de cette épopée sociale : des amis d’enfance de Punpun : Masumi et Shimizu. Deux jeunes hommes que nous savions liés depuis les débuts, mais pour une raison assez floue : elle sera ici développée. Une relation amicale sous le regard atypique de la figure du prophète susdit : un protagoniste assez conceptuel en son genre, lequel canalise nombre d’aspects humains mais, également, de spécificité, voire des tares, de la société nippone, à commencer par les sectes et un malaise politique qui s’exprime, notamment, dans les rues, à la manière de la forme ici mise en exergue par l’auteur, mégaphone à la main.

Ainsi, si certains personnages se rapprochent, à commencer par Shimizu et Toshiki, d’autres s’éloignent les uns des autres, et tel est le cas de Punpun et Nanjô. Cependant, eu égard à la construction de l’ouvrage sur un relatif parallélisme  des formes, celui-ci semble se clôturer sur un événement que le lectorat n’attendait plus.

L’auteur, en adepte des règles romanesques, ne manque pas ici de créer un creux dans son récit, tout en étoffant l’environnement du protagoniste principal, afin de renforcer les évènements qui suivront et s’annoncent d’ores-et-déjà davantage conséquents. Sans jamais manquer à enfoncer plus encore Punpun dans l’abîme, par un effondrement des repères et l’apparition de faux espoirs : une subreptice spirale déliquescente pour un anti-héros contemporain. Un ouvrage pour lequel il serait assez difficile d’être aussi sophistiqué et empreint de beauté que le précédent, mais qui n’en demeure pas moins maîtrisé et habilement intégré dans cette fresque sociale.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs