Ashita no Joe Vol.1 - Actualité manga
Ashita no Joe Vol.1 - Manga

Ashita no Joe Vol.1 : Critiques

Ashita no Joe

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 28 Mai 2015

Critique 1


Quand on lit du manga, notamment des titres de combat ou de sport, difficile de ne pas connaître Ashita no Joe, au moins de nom. Œuvre culte et pionnière de Tetsuya Chiba et Asao Takamori datant de la fin des années 60, Joe a marqué tout un art, mais aussi une génération. Il faut néanmoins aller au-delà de ce qui est sorti en France pour s’en rendre compte tant nous avons mal été servis : L’adaptation animée n’est arrivée chez nous qu’avec sa seconde série, la première demeurant inédite, et il fallut attendre janvier 2010 pour que le manga paraisse chez nous sous la forme de 13 volumes compilant les 20 tomes tankôbon japonais. Parce qu’au pays du Soleil Levant, l’histoire de Joe est tout autre et fait figure de symbole révolutionnaire pour la société nippone, au point qu’on puisse le considérer comme un équivalent de notre Mai 68 chez eux.


En marge des métropoles japonaises existent certains bidonvilles, dont le quartier des Doya, repère d’enfants turbulents et de braves gens qui tente de gagner leur vie comme ils peuvent. C’est dans ce quartier qu’arrive Joe Yabuki, adolescent turbulent au punch ravageur qui tape dans l’œil de Danpei Tange, un ancien boxeur reconverti en coach sportif bien qu’il ait fini sur la touche. Joe se montre de plus en plus influent sur la jeunesse locale et va de méfait en méfait au point d’être envoyé en maison de correction. Mais pour Danpei, Joe doit être boxeur et justement, comme pour évacuer sa colère, Joe commence à suivre les premiers conseils de son mentor…


Plus qu’un pitch de départ, c’est un personnage qui forge tout l’intérêt de ce premier volume puisque tout tourne autour de Joe. Sauf que le Joe en question n’est pas un héros, mais bien un antihéros, un adolescent désagréable, imbu de lui-même, malhonnête et violent par-dessus le marché. Autant dire alors que le personnage phare présenté en ce début de série n’a rien pour attirer notre sympathie au point qu’il en soit agréable de le voir recevoir quelques coups en guise de correction. Le personnage montre néanmoins en profondeur quand on sait qu’il est voué à évoluer tout le long de la série. Aussi, le Joe de ce tome 1 ne sera certainement pas celui du tome 5 ou du tome 10, et cette évolution commence en douceur avec l’immersion progressive du héros dans le milieu de la boxe. La dimension sportive n’est pourtant pas bien présente dans ce premier volet, la pratique n’est plutôt qu’un prétexte pour que Joe se défoule, mais surtout qu’il trouve un intérêt dans sa vie. Cette introduction ne fixe pas vraiment d’enjeux dans l’histoire jusqu’à ses dernières pages, marquées par un événement majeur dans l’existence du futur boxeur et qui fait passer notre curiosité pour l’œuvre à l’état d’impatience de découvrir la suite.


Le contexte de la série est réellement rafraîchissant quand on est habitués aux titres qui s’ancrent dans une société actuelle ou dans un univers fantastique. Le manga de Tetsuya Chiba et Asao Takamori dépeint un Japon qui a pensé ses blessures de la Seconde Guerre mondiale, mais que la société divise clairement entre deux castes de citoyens. Joe choisit de suivre les plus démunis par le biais du quartier des Doya, lieu où cohabitent honnêtes travailleurs, petits délinquants, marginaux et pègre locale, un endroit qui ne manque pas de déboussoler et qui ne contraste jamais avec la personnalité de Joe Yabuki ou des autres personnages présentés. On pense ainsi à Danpei Tange, présenté d’abord comme un ivrogne notoire avant d’être le centre d’un développement et de partir vers une évolution qui le fait déjà passer à l’état de coach attachant.


Le dessin de Tetsuya Chiba peut s’avérer déboussolant tant il représente le style dominant dans les années 60, aussi largement représenté par Osamu Tezuka. Le trait des personnages est souvent arrondi et beaucoup sont dépeints de manière caricaturée, voire grotesque, donnant à l’œuvre un certain cachet qu’on ne retrouve plus aujourd’hui. Un travail tout particulier a été fait par l’un des deux mangaka afin de dépeindre les lieux peu réjouissants du centre de correction et du bidonville des Doya : les cases sont pour la plupart très travaillées en termes de décors et ne donnent jamais une impression de vide. Et, cerise sur le gâteau, la qualité graphique est aussi représentée par un grand dynamisme des actions qui donne à chaque échange de coups une grande violence et peu nombreux seront les lecteurs à vouloir recevoir les punchs de Joe.


L’édition de Glénat oscille entre le format poche traditionnel et le deluxe du fait qu’elle appartienne à la collection vintage de l’éditeur. Le volume, épais de plus de 360 pages, bénéficie d’une traduction correcte qui reprend habilement le ton d’époque, mais aussi quelques pages supplémentaires d’explication afin de mieux comprendre le contexte de la série. Ajoutons à cela la couverture en papier mat avec un effet de verni sélectif, et un comprend le prix pratique par l’éditeur, bien que le papier utilisé ait tendance à facilement jaunir.


Œuvre sociale par excellence, Ashita no Joe fait partie de ces titres qui ont grandement apporté au Shônen et au genre du manga sportif. Cette introduction se veut ainsi lente tant elle insiste sur le protagoniste en le menant doucement vers le chemin de la boxe et en mettant l’accent sur un contexte d’époque difficile. On se montre néanmoins captivés par l’œuvre et ce qu’elle représente, par ses personnages qui ne demandent qu’à évoluer et par les messages d’espoir qu’elle commence à véhiculer, le tout servi par un dessin très personnel qui ne manque pas d’attraits. Ce premier tome nous le confirme : Ashita no Joe est une référence que tout curieux doit lire.


Critique 2


Voici qu’arrive dans la collection vintage de Glenat un des mangas les plus référencés dans les ouvrages du monde entier parlant de bande dessinée en général et de manga en particulier.
Ce « Joe de demain » est un axe important dans la carrière de Tetsuya Chiba. Le dessinateur qui a commencé sa carrière très tôt dans des magazines pour filles va voir sa notoriété grandir avec les mangas sportifs. Il faut dire que son graphisme dynamique et l’abondance de sonorisation des scènes de combats en font le dessinateur phare du genre.
L’histoire est assez connue et je ne vais pas spolier votre plaisir de lecture.
Joe Yabuki est un adolescent frondeur et bagarreur qui vit misérablement en vagabondant sans but. Il est remarqué par Danpei Tange, un ancien boxeur devenu alcoolique qui lui trouve un talent certain pour le noble art et promet à un Joe septique une ascension vertigineuse vers les plus hautes compétitions en un rien de temps. Dès lors, Chiba va nous narrer le parcours parsemé de rencontres cruciales qui vont changer son existence jusqu’au combat du plus haut niveau qui lui offrirait la consécration.
Les premières choses qu’on remarque à la lecture de ce premier tome d’Ashita no joe, c’est un graphisme très clair et d’une grande profondeur de champ ainsi que la grande diversité des physionomies. D’abord, la profondeur de champ, c’est un terme de cinéma qui est lié à l’illusion de la troisième dimension. Elle est très présente ici dans des décors parfaitement rendus par des perspectives profondes et une disposition d’éléments sur plusieurs plans. Là où la plupart des dessinateurs ont du mal à faire ressortir le dessin de la platitude de la page, Chiba se montre tout à fait maître de l’espace qu’il crée et cadre de manière peu académique. La diversité des personnages et leur physionomie, ensuite. Loin d’habiller tous ses personnages sur le même modèle, il croque ici tout une population qui bien que pauvre et marginale n’en reste pas moi très humaine. Pour un œil averti, les caricatures rappellent les Pieds-Nickelés de Forton ou les premiers travaux de Franquin sur Spirou. On sent un réel plaisir à inventer des faciès patibulaires ou des bonnes bouilles de garnements. C’est toute une tranche sociale démunie d’ouvriers journaliers, de mendiants aux chaussures trouées et de va-nu-pieds combinards qui forme la figuration très vivante des premières scènes.
Les bagarres donnent l’impression de vraies corrections par l’extrême ponctuation de chaque coup en onomatopées. Chiba n’a pas recours à la pleine visualisation arrêtée des impacts comme le fait Morikawa dans la série Ippo, mais plutôt à l’image dynamique du poing dans le visage ou de l’adversaire déporté par le coup. Le personnage de Joe Yabuki n’est pas monolithique et infaillible non plus. Il ne faut pas attendre bien longtemps avant de le voir perdre un combat. L’ascension du jeune boxeur va être très difficile et semée d’embûches, de douleur, de doutes et même de dépression.
Vous l’aurez compris par ces deux allusions, Ashita no joe prend un chemin fort différent de celui de la série ippo. On est dans un drama, une comédie dramatique pleine de suspense. Si c’est bien un manga sur la boxe, ce n’est pas que ça. Il a une raison sociale aussi. Si Joe a des aspects de parasites et profite un temps de la naïveté de Danpei Tange, il n’en est pas moins généreux et devient rapidement un héros sympathique par son mépris des autorités (et son immaturité), captant avec lui dans ses mauvais coups les enfants du quartier qu’il distrait de leur misère. La maison de redressement sera une étape et le lieu de ses premiers exploits. Il en devient au fil des chapitres et de ses victoires l’idole de toute une couche sociale défavorisée prenant sa revanche sur le destin. Les différentes rencontres voient évoluer Joe, mais Chiba n’en oublie pas de faire vivre et rendre authentique les personnages secondaires. Au fil de l’histoire vont surgir tous les obstacles que l’on peut imaginer vers le chemin du professionnalisme, milieu sportif pas foncièrement honnête. La victoire et même la survie sont remises en doute à chaque combat.
C’est un monument de la bd mondiale qui vous arrachera des rires et des larmes comme il l’a fait pour les fans japonais dans les années 70. Lecture totalement indispensable, cela va sans dire…


néun11septembre


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
neun11septembre

19 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs