Area 51 Vol.1 - Actualité manga
Area 51 Vol.1 - Manga

Area 51 Vol.1 : Critiques

Area 51

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 03 Avril 2015

Critique 1


Elle, c'est Tokuko Magoi, mais par ici, 'faut plutôt l'appeler McCoy. Dans ce bled au fin fond des States, elle gagne sa croûte en bossant comme détective privé. Un objet, une personne à retrouver ? C'est à elle qu'il faut s'adresser, mais j'vous préviens, c'est pas donné. Ah, et on peut pas dire que la discrétion soit son fort : là où elle passe, y a toujours du dégât ! Mais bon, pour survivre ici, mieux vaut savoir se battre, surtout pour une humaine comme elle...


Comment ? Ah, j'vous ai pas dit : ici, il n'y a que des monstres, et pas au sens figuré ! Dragons, yétis, vampires, dieux, cyclopes et autres bêtes bizarres, tout le monde est parqué ici, y a même des petits gris ! Soi-disant, c'est pour protéger le reste des humains qu'on nous a tous mis là. Bon, c'est vrai qu'on est plutôt du genre minorité visible, mais en nous tassant tous ici, faut s'attendre à ce que ça pète. Comment, c'est où ici ? Ah ben, peu importe, c'est comme vous voulez. Vous autres humains appelez ce lieu « Area 51 » dans vos délires, alors on va partir là-dessus !


Il y a quelques mois, le nom de Masato Hisa était inconnu en France, mais il aura fallu 2015 pour découvrir cet atypique mangaka en France. Après Jabberwocky lancé en janvier chez Glénat, c'est au tour de Casterman de nous présenter cet auteur avec Area 51, un titre entamé en 2007 et toujours en cours au Japon à l'heure actuelle. On quitte ici l'Angleterre Victorienne pour traverser l'Atlantique et pour découvrir cette fameuse zone, source de légendes plus farfelues les unes que les autres depuis la seconde moitié du 20ème siècle. Masato Hisa en délivre sa vision : celle d'un état fantôme où sont réunies toutes les créatures légendaires, ainsi que quelques humains n'ayant plus de place dans le vrai monde.


Avec un tel pitch de départ, Area 51 pourrait rapidement sombrer dans la série Z, mais l'auteur nous prend à contrepied en instillant une ambiance de polar noir. Avec son architecture urbaine et ses grands aplats de noir, la zone nous apparaît comme une copie sombre de New York, à la manière d'un Gotham City. Bien que l'histoire se situe en 2011, le contexte technologique semble plus proche des années 50, ce qui nous ramène instantanément à l'imaginaire des grands récits mafieux. Dans cet univers, McCoy incarne un personnage lui aussi très classique : celui du privé qui n'en fait qu'à sa tête, et qui cherche à fuir son passé. Elle est assistée par Kishirô, un kappa qui joue le rôle de garde-fou. Ensemble, ils résolvent des enquêtes qui pourraient s'avérer très classiques, si elles ne faisaient pas intervenir autant d'éléments surnaturels.


Masato Hisa réussit donc le pari de réunir deux univers essorés jusqu'à la moelle, pour en sortir quelque chose d'assez inattendu. Les créatures mythologiques se retrouvent avec des personnalités très fortes, ce qui nous permet de nous intéresser à leurs histoires au-delà de leur simple aspect monstrueux, mais ce dernier finira par avoir son importance pour le récit. On passe ainsi du monstre du Loch Ness à la résurrection du roi Arthur, de vampires mafieux au désamorçage d'une mandragore, en découvrant aussi au passage d'autres monstres plus méconnus, comme les Penanggalan. Et l'on navigue de l'un à l'autre sans trop d'hésitation, tant les histoires sont prenantes. Petit à petit, l'univers gagne en cohérence, sans compter que le récit distille des informations sur le passé de son héroïne. Pour l'instant, McCoy s'inscrit dans une figure assez convenue, mais la suite de ses aventures pourrait bien nous révéler quelques surprises.


Mais là où le mangaka surprend davantage, c'est par son style graphique, à contre-courant de la production actuelle. Son dessin est en effet particulièrement épuré, jouant sur le minimalisme des traits et les contrastes monochromes. Si son travail paraît simpliste de prime abord, on comprend rapidement que chaque coup de crayon à son importance, que chaque effet, chaque zoom à un sens. De plus, ce que l'auteur perd en détail, il le gagne en dynamisme par un découpage de cases audacieux, remettant au goût du jour un sens du mouvement que trop de mangakas délaissent au profit de l'esthétisme. On a souvent l'impression que les planches prennent vie, à la manière d'un motion-comics.


Remercions d'ailleurs Casterman pour son édition de qualité, qui renforce ce dynamisme par la traduction complète des onomatopées, mais aussi l'immersion avec un niveau de langage très argotique. Le volume bénéficie aussi d'une couverture au fond doré du plus bel effet et de deux pages couleur.


Alors que son synopsis pourrait laisser présager d'un nanar de plus dans nos libraires, Area 51 est la bonne petite surprise du printemps. Masato Hisa réussit le mariage entre deux univers que tout semble opposer, en puisant dans la grande tradition du polar noir et du comics. L'influence d'Alan Moore ou de Frank Miller est palpable à chaque page. A l'heure où les scénarios se veulent de plus en plus complexes, l'auteur joue la carte de la (fausse?) modestie sur son intrigue, pour remettre en avant le dynamisme et le mouvement. N'ayez pas peur de franchir le pas : la zone 51 n'a pas fini de vous surprendre !


Critique 2


Sous ce titre faisant référence à une zone militaire du Nevada où les légendes urbaines racontent que se dissimilent de nombreux secrets d’État notamment liés aux extra terrestres se cache une nouvelle série prometteuse d'un jeune mangaka bardé de talent qui n'en est pas à son coup d'essai !


Hisa Masato a en effet déjà reçu un prix récompensant les jeunes talents au Japon pour son titre Grateful Dead. Il est également le créateur de Jabberwocky récemment publié chez Glénat.


Mais c'est Casterman qui nous propose de découvrir Area 51, sa nouvelle série qui comme son nom l'indique recèle bien des mystères !


Dieux, monstres, légendes, démons...et s'ils existaient vraiment ? Il existe en ce monde une zone rassemblant toutes les créatures de légendes cachées aux yeux de la civilisation, un lieu loin des regards des humains où les créatures issues de toutes les cultures vivent une vie pas si différente de celle des hommes ! Mais cette zone abrite également des humains, qui se cachent du monde normal ou veulent simplement s'en éloigner pour diverses raisons. C'est le cas de Tokuko, détective très spéciale qui traque démons et créatures folkloriques uniquement pour honorer des contrats.


Cette série annonce d'emblée de belles promesses en piochant dans le folklore de toutes les cultures sans la moindre distinction, dans toutes les époques pour aller chercher toutes sortes de créatures et légendes. Un vivier quasiment illimité tant les possibilités sont nombreuses : en vrac et dans le désordre rien que dans ce premier tome on trouve un kappa, le monstre du Loch Ness, un bigfoot, une salamandre, un vampire, des divinités Grecques telles que Hermes, Pan, une divinité Japonaise en la personne de Amaterasu et même le roi Arthur...cela donne un aperçu de l'ampleur de la chose. L'auteur allant jusqu'à chercher des créatures du folklore malaisien moins connu en Occident… Tout amateur de fantastique ne peut être que comblé !


Hisa Masato n'hésitant pas à se griller des cartouches dés le départ avec la disparition définitive d'un monstre de légende dés le premier chapitre...c'est dire à quel point les possibilités semblent inépuisables.


Réunir toutes ces créatures est une chose, mais il faut malgré tout une base solide pour donner de la cohérence à l'ensemble. La Zone 51 apparaît alors comme une évidence, mais cela ne suffisait pas. L'auteur va bien entendu intégrer un humain au milieu de tout ça et lui donner un background suffisamment intéressant pour qu'il puisse porter tout ceci sur ses épaules.


On se retrouve donc avec une belle jeune femme grande gueule et tête brûlée dont on ignore pour le moment l'essentiel, mis à part qu'elle remplit toutes sortes de contrats accompagnée d'un kappa et que se mesurer à toutes ces créatures ne l’effraie pas.


A ce stade on ne sait pas encore grand-chose de la fameuse zone 51, si ce n'est que c'est un lieu où toutes les créatures peuvent vivre en paix ou se cacher. On ne sait pas qui gère ça, ni même comment c'est géré, mais il semblerait que cela n'ait pas une grande importance. Car une fois le décor planté, ce qui importe à l'auteur ce sont ses personnages. Et à ce niveau, on se passionne très rapidement pour l'histoire de Tokuko, un personnage fort qui semble cacher une grande fragilité, l'auteur nous dévoilant au compte-gouttes des éléments de son passé qui demeure encore obscur.


Au niveau du récit, pour le moment nous n'assistons qu'à des histoires courtes sans grandes conséquences sur Tokuko elle-même, c'est avant tout une façon de planter habilement le décor et les personnages. Ainsi on apprend au détour d'une sombre histoire de meurtre que les différentes mafias humaines sont implantées dans la zone 51, on rencontre différents monstres et divinités et on découvre leurs nouvelles vies, comment ils se sont adaptés à cette dernière loin des hommes, on apprend comment sont traités les enfants humains nés dans cette zone qui par définition n'est pas pour eux...tout cela au détour d'histoires passant de la comédie au tragique. Des histoires rappelant les polars noirs avec des monstres au milieu.


Clairement la vraie bonne idée, et on pouvait s'en douter dés le départ, c'est le concept de base , de mélanger toutes les créatures issues de tous les folklores, mélangeant ainsi les ambiances occidentales et orientales, rétro et contemporaine...mais encore fallait il lier tout cela correctement est il semblerait que la mission soit accomplie pour cet auteur qui ne manque décidément pas de talent.


Le dessin contribue grandement à renforcer l'ambiance type films noirs. Il est clairement reconnaissable et s'appuie en grande partie sur des jeux de clair-obscur, avec une importance des ombres capitales. A première vue on pourrait penser que cela manque de détail, mais quand on se penche réellement dessus on s’aperçoit que la maîtrise de l'auteur est impressionnante et que ce style si particulier est un atout considérable pour ce titre. C'est joli, soigné, léché, un style original (ce qui se fait de plus en plus rare) qui a tout de séduisant.


Nous avons donc là un premier tome surprenant, empli de qualités, qui laisse présager de très belles choses pour la suite, même si à ce stade l'intrigue n'est pas encore très développée et qu'il faudra attendre un peu pour se faire un avis plus définitif...et ça tombe bien puisque le second tome sort en même temps que le premier !


Vous savez désormais ce qu'il vous reste à faire !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs