Anguilles démoniaques Vol.2 - Actualité manga

Anguilles démoniaques Vol.2 : Critiques

Unagi Oni

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 03 Juin 2016

Pour préserver son épouse Tomoko, Masaru Kurami a accepté de travailler au sein de Chiwaki Enterprise, en tant que recouvreur de dettes et chauffeur pour les filles du club Maharo tenu par Tomita. Sous l'égide du boss Kôichi Chiwaki qui peut se montrer aussi généreux qu'intransigeant et inquiétant, il affiche désormais un nouveau look, avec sourcils rasés, crâne chauve et épaisses lunettes noires qui lui valent d'en imposer et de gagner un certain respect, notamment auprès de Tomita dont il devient plus proche. Petit à petit, il s'habitue aux différentes facettes de son travail, bien que cela le plonge toujours plus dans un univers aussi sombre qu'inquiétant. Et entre les dettes, les menaces, les manipulations, la prostitution ou la misère, les bas-fonds de la société n'ont pas fini de se montrer face à ce colosse renfermant sa sensibilité au fond de lui. Les choses basculent plus que jamais dans l'inquiétude après que le boss leur a demandé, à lui et Tomita, d'aller livrer une mystérieuse caisse pour la société Maruyoshi, dont l'activité d'élevage d'anguilles pourrait avoir quelque chose d'effrayant tant ces petites bêtes peuvent avoir une réputation terrible...

Dans ce deuxième volume, l'énigme angoissante autour de ce qui se déroule réellement à Maruyoshi paraîtrait presque au second plan, si elle n'était pas régulièrement évoquée dans l'esprit de Masaru forcé de s'interroger, et d'un Tomita qui perd pied. Pouvant compter sur le roman original de Yû Takada, Yusuke Ochiai réussit pourtant constamment à entretenir le parfum de mystère et d'angoisse lié à ce lieu où personne n'a l'air très net. Et ce, que ce soit en faisant de ce lieu le déclencheur des pires angoisses de Tomita, en exploitant toujours aussi efficacement sa narration très focalisée sur les pensées de Masaru, ou en invitant ce dernier à découvrir plus en profondeur les possibles horreurs des environs de Maruyoshi, lieu poisseux renfermant des parfums de misère profonde, de mort ou de prostitution infantile.

Faussement en retrait, l'intrigue autour de Maruyoshi et des anguilles laisse donc la place à deux autres événements d'envergure.
Tout d'abord, la chute de Tomita, qui prend peur en pensant avoir compris ce que cachent réellement ces anguilles et ces caisses livrées à Maruyoshi. Le jeune homme ne supporte plus cette situation, si bien qu'il décide de tout plaquer, de disparaître de la circulation, même s'il sait ce qu'il peut en compter de laisser tomber un homme comme Chiwaki sans avoir remboursé toutes ses dettes... En cela, se dessine également plus précisément la possible "face cachée" d'un boss qui, semble-t-il, n'hésiterait pas à exploiter ses hommes jusqu'à la moelle, et toute leur vie s'il le faut...
Ensuite, l'arrivée au sein des filles de Maharo d'une petite nouvelle. Elle s'appelle Miki, apparaît naturelle, fraîche et gentille, montre un fort intérêt pour Masaru, et est si belle qu'elle rappelle à notre héros son épouse. Mais Miki est-elle vraiment comme elle le laisse paraître ? Le lecteur peut deviner facilement ce qu'il en est réellement, mais il reste que l'auteur expose à merveille le personnage et son impact sur Masaru. Entre événements bizarres et ragots, la vraie Miki semble se dévoiler peu à peu sitôt que le vrai est démêlé du faux, et cela permet également d'offrir en Masaru un homme lui-même loin d'être parfait, risquant à quelques reprises de ternir sa relation avec Tomoko via quelques mensonges et via son attirance contenue envers Miki.

Dans ces bas-fonds miséreux qui semblent décidément moisis jusqu'à la moelle, une chose ressort parfaitement de la lecture, peut-être encore plus que le reste : l'impossibilité de démêler totalement le vrai du faux, encore plus quand les mensonges ou vérités comme ceux de Miki, des autres filles du club et Masaru, viennent s'en mêler. Les ragots et suppositions vont bon train, au point qu'il en devient nébuleux de cerner certaines choses. Se cache-t-il réellement quelque chose d'aussi terrible que le pense Tomita derrière cet élevage d'anguilles ? Quel type de nourriture Masaru mange-t-il donc réellement dans ce bistrot où personne d'autre ne touche à son assiette et où il trouve ce qui ressemble à une dent ? Que faut-il réellement penser de ces employés inquiétants de Maruyoshi ? Avec des scènes marquantes, comme celle où les regards noirs du bistrot se braquent sur Masaru, ou celle où notre héros observe par le fenêtre l'inquiétant Hide et la fillette, Ochiai alterne régulièrement entre inquiétude et espoir, entre horreurs qui pourraient se vérifier et angoisses peut-être infondées. Une chose est pourtant sûre : l'auteur, avec sont rait marqué, sa bonne utilisation du noir, ou ses visages burinés, nous balade à merveille dans cet univers sale.

Masaru, lui, balade sa silhouette dans les affres d'une société qui, peu à peu, lui révèle ce qu'elle peut avoir de pire, de plus poisseux, de plus malsain. Et le résultat est là : alors que beaucoup de choses restent encore nébuleuses, ce deuxième tome captive encore plus que le premier, et Ochiai a tout en main pour offrir à l'oeuvre un final dantesque dans le prochain volume. Pourvu que ce soit le cas !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs